Le texte proposé est extrait de l'ouvrage de Tocqueville De la démocratie en Amérique. Tocqueville s'attache ici à ce qui menace le « grand », le « paisible » et le « durable ». En effet, la nature humaine est telle que ces trois notions sont menacées par la multiplicité des intérêts privés. Or, le « grand », le « paisible » et le « durable » sont conditions d'une existence politique. Comment alors fonder cette existence politique ?
Il semble qu'il faille dompter la nature humaine pour qu'elle aille comme naturellement vers le paisible et le durable. Par quel moyen ? Les religions peuvent être ce moyen en cela qu'elles forment une communauté et qu'elles veulent le bonheur de cette communauté. Les religions peuvent-elles alors être le fondement d'une existence politique ?
A ce problème, Tocqueville répond en distinguant deux périodes, les « siècles de foi » et les « siècles d'incrédulité ». Cette distinction lui permet de conclure au côté politique des religions et à la menace que représente le désespoir pour le paisible et le durable. Pour ce faire, il démontre, dans un premier temps, que dans les siècles de foi, la préoccupation de l'avenir implique des buts et des desseins arrêtés. Puis, il constate que l'évolution des siècles de foi (espérance) aux siècles d'incrédulité (désespoir) menace la stabilité et le durable.
[...] Or, pour qu'il y ait apprentissage, il faut parler à la raison de l'homme. Par ailleurs, lorsque les mêmes hommes veulent s'occuper des choses de la terre, ces habitudes se retrouvent Tocqueville constate une répercussion du comportement des hommes face à la religion sur leur comportement vis-à-vis du monde dans lequel ils vivent. En quelques sorte, accoutumés par la religion, fixent volontiers à leurs actions d'ici bas un but général et certain et ils ont des desseins arrêtés qu'ils ne se lassent point de poursuivre On voit alors que, dans les siècles de foi, les religions, en plaçant le but final de la vie après la vie inculquent à l'homme à se comporter en vue de l'avenir et donc à anticiper, utiliser sa raison. [...]
[...] Il y a eu accoutumance, la crainte et l'espoir ont disparu. Or, dans les siècles de foi, crainte et espoir s'adressaient à la raison et favorisaient l'anticipation. Ainsi, avec l'absence de tourment, il n'y a plus d'éducation de la nature humaine. L'homme se place alors dans l'immédiat et donc dans le hasard : il semble que du moment où ils désespèrent de vivre une éternité, ils sont disposés à agir comme s'ils ne devaient exister qu'un seul jour Dès lors, les intérêts individuels dominent, les hommes ne répriment plus leurs désirs, mais les assouvissent. [...]
[...] Tocqueville, De la démocratie en Amérique, II, Seconde Partie, chapitre XVII. Chapitre XVII. Comment dans les temps d'égalité et de doute il importe de reculer l'objet des actions humaines Dans les siècles de foi, on place le but final de la vie après la vie. Les hommes de ces temps-là s'accoutument donc naturellement, et pour ainsi dire sans le vouloir, à considérer pendant une longue suite d'années un objet immobile vers lequel ils marchent sans cesse, et ils apprennent, par des progrès insensibles, à réprimer mille petits désirs passagers, pour mieux arriver à satisfaire ce grand et permanent désir qui les tourmente. [...]
[...] Les religions donnent l'habitude générale de se comporter en vue de l'avenir. En ceci elles ne sont pas moins utiles au bonheur de cette vie qu'à la félicité de l'autre. C'est un de leurs plus grands côtés politiques. Mais, à mesure que les lumières de la foi s'obscurcissent, la vue des hommes se resserre, et l'on dirait que chaque jour l'objet des actions humaines leur paraît plus proche. Quand ils se sont une fois accoutumés à ne plus s'occuper de ce qui doit arriver après leur vie, on les voit retomber aisément dans cette indifférence complète et brutale de l'avenir qui n'est que trop conforme à certains instincts de l'espèce humaine. [...]
[...] Dès lors, le comportement des hommes est déterminé par leur réflexion puisque le tourment les pousse à choisir leur manière d'agir. Certes, dans ce cas, ce désir qui les tourmente (inquiétude) s'adresse plus à leur instinct, leur passion, leur sentiment (crainte et espoir) et non pas à leur raison. Or, leur raison n'est pas exclue. Au contraire, puisque le but final d'une communauté religieuse est une espérance à long terme, les hommes doivent anticiper, c'est-à-dire utiliser leur raison pour déterminer leur choix. [...]
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