Dans un monde de plus en plus complexe, les décideurs politiques n'ont pas vraiment le temps de réfléchir sur le long terme aux problèmes politiques alors que les échéances électorales se succèdent rapidement. La solution apportée par les think tanks est de rassembler des têtes pensantes d'horizons différents afin de proposer des idées originales et réfléchies dans la durée qui visent à influencer les politiques. Cependant, le think tanks n'est pas une tradition en France où il n'émerge que depuis une vingtaine d'années, alors qu'il existe depuis la fin du XIXè - début XXè siècle dans les pays anglo-saxons. Les think tanks sont des acteurs majeurs dans cet enjeu de taille qu'est la diplomatie intellectuelle aujourd'hui.
Après avoir analysé l'origine anglo-saxonne (Chap.1), la nature (Chap.2), et la mission (Chap.3) des think tanks, l'auteur s'interroge sur leur poids en Europe qui semble bien mal armée face aux Etats-Unis dans cette guerre des idées (Chap.4), ainsi que sur leur apparition tardive en France (Chap.5) où se sont développées des alternatives à ces réservoirs de pensée. Cependant, l'avenir de ces nouveaux acteurs politiques paraît incertain dans la mesure où seule la garantie d'une grande autonomie intellectuelle peut leur permettre d'enrichir le débat politique qu'ils risquent sinon de pervertir (Chap.6).
[...] De plus, ces organismes semblent plus tournés vers les problèmes nationaux, tandis que les 25 pays membres de l'UE n'ont pas conscience de former un tout qu'il faudrait penser en commun. Le champ est ainsi laissé libre aux réseaux d'influence américains en Europe telle que la Commission trilatérale fondée en 1973 par D.Rockefeller afin de réunir les dirigeants de multinationales, les gouvernants américains et tous les partisans du libéralisme économique pour imposer leur vision du monde à l'ère de la détente La Commission de Bruxelles sait-elle définir l'intérêt commun de l'Europe ? [...]
[...] Les think tanks traduisent une volonté d'influencer le processus politique sur les questions d'intérêt public en s'appuyant sur la recherche de solutions applicables qu'il s'agit alors de diffuser. Ils se différencient des partis politiques, syndicats, des ONG et des lobbies dans la mesure où ils réunissent neuf critères distinctifs : ce sont des organismes permanents(1), qui se spécialisent dans la production de solutions de politique publique grâce à un personnel propre dédié à la recherche ; leur réflexion originale a vocation à être communiquée aux décideurs politiques et à l'opinion publique ; ils sont intellectuellement autonomes d'intérêts spécifiques et indépendants de missions gouvernementales ; ils ne sont pas chargés de former ni accorder de diplômes ; enfin, contrairement aux organismes à but lucratif ils œuvrent pour une conception du bien commun Un think tank est différent d'une mission d'étude, commission ou université d'été car celles-ci ne sont pas organisées dans la durée mais plutôt ponctuellement ; d'une simple plateforme où circulent les idées par le biais de conférences, de débats, de publications, car le think tank a son personnel propre dédié à la recherche ; d'un simple centre d'études plus tourné vers la recherche que vers l'implication dans un débat politique ; d'un organisme qui travaille sur commande tel l'organisme de recherche d'un ministère ; d'une société de conseil qui a un but lucratif. [...]
[...] Les think tanks libéraux, plus tardifs, s'organisent néanmoins pour mettre des idées sur la table : les deux plus écoutés sont le Progressive Policy Institute de 1999 et le Center for American Progress de 2003. De plus, une réunion de 70 millionnaires de sensibilité libérale en 2005 vise à contrer l'influence néo-conservatrice en politique autour de trois objectifs : soutenir les think tanks libéraux, les centres de formation des jeunes leaders démocrates et les médias favorables pour contenir la fondation Heritage. [...]
[...] Ces fondations consacrent 20% de leur activité à la recherche, plus tournées vers la promotion de la démocratie à l'étranger. Des fondations plus ou moins importantes sont d'autre part créées par de grandes entreprises allemandes. On dénombre aussi quelques think tanks spécialisés sur les questions européennes aux Pays-Bas, en Belgique ou au Luxembourg, ainsi que dans les pays scandinaves membres. En Europe de l'Est, de nombreuses institutions ont des liens transatlantiques et diffusent les idées américaines très influentes de libre marché et de démocratie. [...]
[...] La plupart des think tanks qui comptent à Bruxelles sont anglo-saxons Peu de think tanks à Bruxelles se consacrent vraiment à la recherche. Le think tank anglo-saxon, Centre for European Policy Studies est influent à Bruxelles depuis 1983 et a proposé dès 1988 les grandes lignes de l'Union économique et monétaire ainsi que la meilleure façon de construire la Banque centrale européenne. On trouve quelque think tanks d'autres nationalités, comme l'Institut royal des relations internationales, belge, qui étudie l'intégration européenne, ou comme le European Union Institute for Security Studies qui a son siège à Paris et se consacre aux questions de sécurité. [...]
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