Cet ouvrage offre une vision globale et pluridisciplinaire de l'interaction entre mondialisation et souveraineté nationale. En effet, il est important de souligner que son auteur a une double carrière de chercheur et d'enseignant accompagnée d'une double formation, en sciences politiques et en économie. Né en 1950 au Maroc, Elie Cohen est diplômé de l'IEP Paris, Docteur en Gestion et Docteur en Science Politique. Cette polyvalence lui a permis d'écrire sur le thème complexe du rôle de l'Etat dans l'économie et d'avoir des fonctions non académiques. Ainsi, à la fois auteur de nombreux ouvrages tels que Qui gouverne les groupes industriels paru dès 1981, L'Etat brancardier : Les politiques du déclin industriel paru en 1989, Le Nouvel âge du Capitalisme de 2005, Elie Cohen occupe aussi les fonctions de Membre du Conseil National des Services, Vice Président du Haut Conseil du Secteur Public Financier. Le professeur à l'IEP, ENA, et Harvard a reçu le prix de l'essai en Sciences Humaines de l'Académie Française grâce a l'ouvrage que nous allons étudier : La Tentation hexagonale, la souveraineté à l'épreuve de la mondialisation. Bien qu'il soit paru en 1996, nous verrons que les propos tenus par l'auteur sont toujours d'actualité.
Comme le titre l'indique de manière explicite, l'ouvrage traite de l'évolution de la souveraineté nationale face à ce phénomène d'ouverture économique, de libéralisation des échanges appelé communément la mondialisation. Ors, le fait que l'internationalisation des échanges soit porteuse d'idéologies fortes rend le débat plus difficile.
La souveraineté est l'autorité suprême sur un territoire. Il parait donc évident de répondre à la question de la perte de la souveraineté nationale face à la mondialisation positivement.
Ceci est particulièrement visible en France où le scepticisme face à la mondialisation revient de façon récurrente. Ainsi, les négociations tendues lors du cycle de l'Uruguay dans le cadre du GATT, l'image des Firmes Multi-Nationales, des délocalisations, et l'ambiguïté de la question européenne dans l'opinion publique montrent qu'il est d'abord nécessaire de définir et d'objectiver le débat.
C'est ce que s'efforce de faire Elie Cohen à travers les cinq objectifs qu'il se fixe dès l'introduction. L'ouvrage vise donc à progresser dans la connaissance des faits, mettre à l'épreuve des faits les thèses évoquées, montrer que l'idée reçue de l'impuissance politique face à la « tyrannie » économique est fausse, étudier les politiques publiques à l'heure de l'interdépendance économique et d'un renouveau des institutions juridico-politiques à l'échelle européenne, et enfin, discuter trois thèses communément admises : la mondialisation prive les Etats de leurs prérogatives politiques, à cause de l'intégration européenne les Etats sont forcés d'abandonner leurs instruments d'intervention économique et enfin, les Etats renoncent à l'exercice de leur souveraineté dès la mise en place de la monnaie unique.
Dès lors, nous nous demanderons dans quelle mesure nous pouvons nuancer l'idée reçue jusqu'à affirmer que ce sont des inquiétudes exagérées voire infondées étant donné le contexte international contemporain.
Afin de répondre à cette question, nous définirons de manière détaillée le phénomène de mondialisation et la question de souveraineté. Nous verrons ensuite que les Etats ont une réelle indépendance macroéconomique. Enfin, nous analyserons le caractère contractuel de la construction européenne et les moyens qu'elle offre aux Etats.
[...] Par ces concentrations, le capital reste national. la politique de défense Comme la politique économique, la politique de défense fait partir du noyau dur de la citoyenneté car elle a à voir avec la sécurité nationale et le rôle de l'Etat sur la scène internationale. a. la stratégie française A partir de 1945, on assiste à plusieurs ruptures quant à la stratégie de défense nationale, révélateur de plusieurs conceptions de la notion de souveraineté. En effet, de 1945 à 1962, on peut parler de souveraineté limitée. [...]
[...] Ainsi, grâce à des lois sociales le pays souffrait moins du chômage. La question de l'emploi est en effet récurrente dans ce débat et la presse nourrit l'opinion publique d'idéologie. On peut souvent y lire que l'Etat n'a plus le contrôle de l'emploi alors que cela reste un enjeu électoral important et donc national. De même, il est admis que les délocalisations détruisent l'emploi (cela sert même d'instrument électoral pour certains partis comme l'extrême droite), et que la libéralisation des secteurs auparavant protégés tels que les secteurs de l'aéronautique, de l'énergie et des télécoms favorisent l'insécurité de l'emploi. [...]
[...] Ainsi, tout cadre de décisions supranationales comme les organisations transnationales implique un déficit démocratique. Le citoyen a moins d'influence sur la prise de décision. C'est pour cela que Valéry Giscard d'Estain voulait absolument que les députés européens soient élus au suffrage universel direct. La souveraineté est un concept politique qui a une définition juridique dans la Constitution. Cette idée provient de la philosophie des Lumières avec Rousseau et Locke par exemple. La souveraineté a trois dimensions. Tout d'abord, elle est nationale car elle s'impose sur un territoire délimité. [...]
[...] La première rupture s'opère en 1962, à la fin de la guerre d'Algérie. C'est en effet l'occasion pour le général de Gaulle de reformuler les stratégies de la France. Il remet en cause l'alliance atlantique et quitte l'OTAN. L'auteur appelle cette stratégie le mercantilisme militech car elle favorise l'autosuffisance. La deuxième rupture est évidente, elle survient à la suite de l'effondrement du bloc soviétique. En effet, le cadre bipolaire se complexifie et on constate une montée en puissance des idées de protectionnisme de la défense. [...]
[...] En effet, le Mark était devenu trop fort et la théorie du triangle d'incompatibilité de Mundell montre que dans le cadre du SME, un seul pays peut déterminer sa politique monétaire. Il s'agissait de l'Allemagne et non de la France. D'autre part, la France gagne en influence en renonçant à une stratégie d'affirmation de soi. Elle devient plus forte en faisant partie d'un système intégré qu'en gardant le monopole de sa monnaie. Ainsi, l'intégration monétaire n'est pas le fait de Bruxelles mais encore une fois le fait des élites politiques européennes qui voient en cette délégation un gain d'influence. [...]
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