François Héran est directeur de l'Institut National d'Etudes Démographiques. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages relatifs à l'immigration, dans lesquels il s'attache à évaluer précisément l'ampleur et le rôle des migrations, dans leurs dimensions démographiques et économiques.
L'INED est un institut public, dont le principal mandat est l'étude de la conjoncture démographique nationale et internationale et de ses évolutions dans une démarche disciplinaire. Outre sa mission de recherche scientifique, l'INED a pour responsabilité d'assurer la collecte et la diffusion de l'information, tant française qu'internationale, relevant de son champ d'activité. Il doit également contribuer à la formation « à la recherche et par la recherche ».
C'est à travers le prisme de la démographie que François Héran entend aborder l' « obsession française » qu'est l'immigration. Cette discipline peut jouer selon lui la fonction d' « instrument libérateur » permettant une approche plus lucide et moins passionnée de la question.
Avec 63 millions d'habitants, la France représente 1% de la population mondiale. Les 5 millions d'immigrés qui résident sur son territoire (soit 8% de la population française) comptent pour 2% du nombre d'immigrés dans le monde : la France apparaît, comme nombre de pays développés, un pays d'immigration.
[...] Sur le plan quantitatif, les résultats obtenus ont été inverses à ceux recherchés : de 14% en 1980, la proportion d'étrangers est passée à 20% en 2005. En 2003, la percée du parti ultraconservateur a contraint le gouvernement à restreindre plus encore sa politique d'immigration, alors même que le pays va se trouver très prochainement confronté au problème du vieillissement de sa population et aux pénuries de main d'œuvre. Dans ces différents pays, la logique des droits (demandes d'asile, regroupement familial) a fini par supplanter la logique de régulation de l'immigration par le marché économique. [...]
[...] Or les leçons dégagées par les tentatives canadienne, italienne et espagnole et helvétique conduisent à minorer sensiblement l'efficacité des pratiques de contingentement et de sélection : le contrôle qualitatif de l'immigration sur le double registre de la sécurité et de l'utilitarisme économique [n'a nulle part été] synonyme d'une réduction quantitative Au contraire. Au Canada, le système de permis à points indépendant des besoins économiques et locaux, ne porte que sur une part limitée des flux migratoires des immigrants auxquels il faut rajouter 30% d'accompagnants). [...]
[...] A cet égard, la France se situe au bas du tableau européen en termes d'immigration. - En France, l'immigration ne prend pas la forme d'une intrusion massive mais celle d'une infusion durable : les flux annuels sont modérés mais leur durabilité a contribué à modifier profondément la composition de la population française. L'auteur insiste sur la nécessité d'une approche de long terme pour appréhender les phénomènes migratoires, au lieu du temps court du politique - F. Héran souhaite analyser la loi du 24 juillet 2006 relative à l'immigration et à l'intégration selon une perspective démographique. [...]
[...] Cette politique de maîtrise qualitative (sélection d'immigrés en fonction de besoins économiques) se présente à la fois comme nativiste (voulant accroître la part des naissances nationales par rapport à celles des naissances d'enfants immigrés) et souverainiste (destinée à restaurer la souveraineté du pays sur son peuplement). Or le démographe entend montrer que ces objectifs ne sont pas démo- compatibles Plutôt que de s'agripper à des réflexes souverainistes ignorants de la réalité démographique française, il appelle à une réflexion sur les conditions de l'accueil et de l'intégration des immigrés. Contenu de l'ouvrage En avant-propos, F. [...]
[...] Les données sur le solde migratoire[1] établies par l'INSEE sont fragiles mais même en corrigeant leur sous-estimation, on estime à 30% sa part dans la croissance démographique annuelle ( personnes sur 365000). Ces chiffres sont très inférieurs à ceux d'autres pays, le solde migratoire comptant pour 80% de la croissance démographique des pays de l'UE15 et 85% de celle de l'UE25. Mais selon des prévisions démographiques de l'INSEE, le solde naturel[2] diminuera jusqu'à disparaître vers 2040-2050, les décès frappant les générations du baby- boom. Sans immigration, la France ne pourra donc pas continuer de croître. [...]
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