Nous proposons ici de faire l'étude de l'ouvrage de Yohann Aucante et Alexandre Dézé : Les systèmes de partis dans les démocraties occidentales. Le modèle du parti-cartel en question. Cet ouvrage a été publié aux Presses de Sciences Po en avril 2008.
Le livre présenté ici est un ouvrage collectif. Ainsi, une vingtaine de contributeurs, venant des plus grandes universités européennes, s'est lancé le défi de réaliser un ouvrage osé, ambitieux – de créer une véritable étape obligée dans la science politique française. L'ouvrage donc tente de faire le point sur le concept phare de la science politique contemporaine : le parti-cartel.
Les diverses contributions, malgré leur diversité, ont l'ambition de mettre à plat le modèle, avec pour principal atout de lui faire subir l'épreuve de l'empirisme. Les lecteurs ne doivent pas s'attendre à trouver ici un ouvrage défendant le modèle, ou au contraire s'attachant à démontrer son invalidité. Le travail collectif permet au contraire ici de dresser un tableau large, diversifié, fourni du parti-cartel, en proposant des applications, pour que le lecteur saisisse lui-même les finesses du concept. Sans a priori particuliers, les approches sont donc diverses. Les objectifs de l'ouvrage sont ainsi multiples : en rassemblant quelques-uns des meilleurs spécialistes du phénomène partisan, Yohann Aucante, Alexandre Dézé ont voulu décloisonner les recherches de la science politique française dans le domaine des partis. Ils ont voulu mettre au centre du débat ce modèle, pour le discuter et le débattre. La grande partie de l'analyse proposée ici, fondée sur un intense travail empirique, démontre la volonté d'évaluer la validité du modèle, en le testant sur plusieurs types de systèmes politiques : plusieurs régimes et partis politiques sont ainsi testés. L'ouvrage contribue ainsi à une analyse plus globale des systèmes de partis contemporains.
Les systèmes de partis dans les démocraties européennes, l'ouvrage de synthèse tant attendue de la science politique française ?
[...] D'après Katz et Mair eux-mêmes, le modèle du parti-cartel n'est pas le seul pertinent, et il ne s'applique pas à tous les partis. La notion de parti-cartel, si elle rend compte de certains processus actuels, est donc à utiliser avec précaution au cas par cas. Si l'un de l'intérêt de l'ouvrage présenté ici réside dans le fait qu'il étudie plusieurs types de systèmes politiques. Mais cela en fait aussi sa faiblesse : comment comparer des systèmes dans les lesquels les partis ont des histoires complètement différentes ? [...]
[...] Ainsi, l'interpénétration des partis et de l'État par le biais d'une coopération entre les partis est réelle en Allemagne. Les trois dimensions du modèle sont ensuite observées à la loupe, pour voir si le cas allemand répond aux exigences : les structures organisationnelles changées, dans lesquelles les élus ont une importance primordiale, et l'organisation interne est très hiérarchisée, les militants n'ayant qu'un rôle amoindri. Le rôle politique du parti est aussi à étudier : avec le parti-cartel, nous sommes en présence d'un parti éloigné de la société et de ses préoccupations, en symbiose avec l'État. [...]
[...] Il ne permet pas de prendre en compte la spécificité de l'ancrage social et électoral du PS Enfin, quelques critiques pourraient être apportées à cet ouvrage, sans en remettre en cause les richesses incontestables. L'un des apports de l'article de 1995 fut de montrer que les partis ne connaissent pas le déclin que l'on avait tendance à décrire de façon simplifiée. Ils connaissent des changements, mais les interprétations que l'on peut y prêter sont fort diverses. Les partis n'apparaissent pas de nulle part, ils sont le fruit des évolutions économiques, sociales et institutionnelles, dans un contexte particulier. [...]
[...] En ce qui concerne le financement public, le cas américain est célèbre pour le taux exceptionnel de la part de l'apport privé. Les couts des campagnes atteignent des valeurs considérables, et les financements publics ne sont absolument pas à la hauteur de ces dépenses faramineuses. La dépendance vis-à-vis de l'État, de par ses financements (qui correspond à un des critères importants de la thèse du parti-cartel), est ici sans fondements. Par contre, la thèse fonctionne quant à l'organisation du parti, et l'importance donnée aux sondages, enquêtes, expertises, en laissant de coté les militants traditionnels. [...]
[...] La dernière partie tente de cerner les apports et les limites du modèle du parti-cartel, par rapport à quatre des grands partis français : le parti communiste ; les liens entre l'Union pour la démocratie française (UDF) et le Rassemblement pour la république et les changements théoriques engendrés par la formation de l'Union pour un mouvement populaire (UMP). Le Front national et le Parti socialiste sont enfin étudiés. Le parti-cartel se présente comme le concept novateur de ces quinze dernières années. [...]
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