Le syndicalisme américain s'inscrit dans une culture gestionnaire et conservatrice, plus proche des élites politiques et des dirigeants d'entreprise que des militants. Les syndicats n'opposent aucune force sociale au développement capitaliste néolibéral. Les causes sont multiples, mais la plus imposante est l'offensive patronale durant les décennies d'après Guerre ; les syndicats ont été domestiqués (parfois avec leur consentement) dans le but de promouvoir le capitalisme dans le monde entier et d'asseoir l'impérialisme américain.
Cependant un vent nouveau semble souffler sur le syndicalisme américain ; la contestation sociale émerge avec des manifestations qui regroupent des individus de milieux différents ( « routiers et écologistes, enfin réunis !! » est le premier propos de l'ouvrage). Les syndicats élaborent de nouvelles stratégies pour libérer les forces sociales en mesure de rééquilibrer le rapport social. Toutefois, même si Los Angeles et Las Vegas sont des succès (symboliques) pour le renouveau syndical, la transition du syndicalisme gestionnaire vers un syndicalisme contestataire reste un espoir et non une victoire...
[...] Le taux de syndicalisation du secteur privé (beaucoup plus important aux Etats-Unis qu'en Europe) est toujours inférieur à Los Angeles et Las Vegas ne sont que 2 exceptions, même si le symbole est puissant. Le lobbying des firmes américaines est toujours plus imposant, comparativement l'influence des syndicats est nulle et ne semble pas augmenter, le point fort est principalement l'adhésion des femmes et des immigrés aux organisations syndicales. Les campagnes syndicales ont certes été prolifiques dans les deux villes californiennes citées, mais les échecs ont été au moins aussi nombreux que les succès. [...]
[...] [p92, les auteurs énumèrent 6 caractéristiques descriptives des syndicats d'après Guerre : partenariat social bureaucratisé, structure hiérarchique décourageant la base, réseaux de communication fermés et réservés aux hautes instances, pratiques autoritaires, aucune initiative (uniquement des réactions aux événements), anti-radicalisme agressif et opposition au militantisme]. Un autre moment historique important dans le déclin syndicaliste est la politique reaganienne des années 1980 qui accorde pleinement son soutien aux entreprises. Face à la crise économique et sociale des années 1970- 1980, les directions syndicales se sont rangées du côté du patronat : Les travailleurs doivent faire des concessions pour juguler le déclin industriel. [...]
[...] Le patronat s'est donc attaché à restreindre les droits syndicaux, à étouffer les mouvements de contestation, à domestiquer travailleurs et syndicats pour disposer d'une main d'œuvre docile, indispensable à l'expansion du capitalisme américain. Mais le défaut de résistance syndicale a également favorisé l'émancipation du modèle économique néolibéral. Le syndicalisme américain ne s'est jamais imposé, ni face au patronat, ni pour fédérer les travailleurs, il n'a jamais réussi à développer et à imposer une force sociale qui puisse s'ériger en contre-pouvoir face aux patrons. [...]
[...] Les pratiques syndicales se sont transformées pour s'orienter vers un mode de fonctionnement plus contestataire. Ce bouleversement se distingue par 5 stratégies majeures : transformer les organisations en instrument de solidarité (résolution collective des problèmes), campagne de déstabilisation des firmes pour rééquilibrer le rapport de force, recherche d'une nouvelle reconnaissance par les employeurs, lutte contre l'économie néolibérale pour développer une citoyenneté sociale, innover, expérimenter, créer de nouvelles expériences, méthodes, pratiques pour éviter d'être prévisible (ainsi le patronat ne peut pas anticiper le comportement syndical). [...]
[...] Le patronat en a alors profité pour vider le contrat social de ses avantages syndicaux ou des droits aux salariés, et le détruire. Les grèves sauvages sont devenues hors la loi (elles doivent être officialisées par le syndicat, qui n'est pas favorable à la contestation). Le nombre d'étapes pour résoudre les litiges a été augmenté dans le but de les éloigner toujours plus du contexte conflictuel d'origine. Cette attaque massive du patronat vise également à ruiner le syndicalisme lui-même : les patrons ont suscité (volontairement) des grèves en refusant tout compromis lors de négociations ; ils ont alors le droit d'embaucher des travailleurs remplaçants, qui deviennent permanents (des briseurs de grève ; ceux- ci peuvent alors réclamer une élection pour le maintien (ou plutôt l'éviction) du syndicat dans l'entreprise. [...]
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