Standardising through concepts: the power of scientific experts in international standard-setting - David Demortain (2008)

Thèmes abordés

David Demortain, promotion HACCP, scientifiques, action publique, système d'analyse des dangers, sécurité agro-alimentaire, secteur de l'hygiène, normes agroalimentaires

Résumé du document

L'auteur de cet article, David Demortain, est chargé de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Sociologue et politiste, il s'intéresse au rapport entre sciences, expertise et action publique. Dans cet article publié en 2008 dans la revue Science and Public Policy, il illustre l'influence des experts et scientifiques dans la construction et le maintien dans le temps de l'idée de l'universalité d'une norme d'hygiène telle que la méthode HACCP ou système d'analyse des dangers et points critiques pour leur maîtrise, qui s'est progressivement imposée auprès des institutions nationales et internationales pour établir une référence normative commune dans le secteur de l'hygiène et de la sécurité agro-alimentaire. Le HACCP est une méthode de contrôle des processus déclinée en sept principes : l'analyse des risques, l'identification des points de contrôle critiques, l'établissement de limites critiques, des procédures de suivi, des mesures correctives, la tenue de registres et des procédures de vérification. Ce concept local, destiné à contrôler le secteur de production de nourritures de la NASA, s'est progressivement étendu jusqu'à son internationalisation à partir de 1972, quand l'OMS a affirmé que ce système était la « meilleure méthode » pour garantir l'hygiène alimentaire.

Extraits

[...] Standardising through concepts: the power of scientific experts in international standard-setting - David Demortain (2008) L'auteur de cet article, David Demortain, est chargé de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA). Sociologue et politiste, il s'intéresse au rapport entre sciences, expertise et action publique. Dans cet article publié en 2008 dans la revue Science and Public Policy, il illustre l'influence des experts et scientifiques dans la construction et le maintien dans le temps de l'idée de l'universalité d'une norme d'hygiène telle que la méthode HACCP ou système d'analyse des dangers et points critiques pour leur maîtrise, qui s'est progressivement imposée auprès des institutions nationales et internationales pour établir une référence normative commune dans le secteur de l'hygiène et de la sécurité agro-alimentaire. [...]

[...] Dans cet article, l'auteur montre que les scientifiques ont été très influents dans la promotion HACCP de par leur investissements dans de multiples domaines de détermination des lignes directrices du système de l'HACCP, qui leur a ensuite ouvert la possibilité de s'impliquer dans la création d'une ligne directrice du Codex, un recueil de normes agroalimentaires produit par une commission intergouvernementale regroupant plus de 180 membres et relevant d'un programme mixte entre l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La capacité des scientifiques à servir de médiateurs entre les utilisateurs potentiels de ces systèmes normatifs procéduraux et les éventuels organismes de normalisation peuvent s'expliquer, selon David Demortain, par différents facteurs. Les scientifiques sont polyvalents, ils sont par exemple influents dans différents secteurs comme la science mais ils sont parfois, et pas si rarement, à la fois praticiens dans des grandes entreprises de l'agroalimentaire. [...]

[...] Mais selon David Demortain, ces mêmes scientifiques ont en partie échoué dans la mesure où ils n'ont pas permis d'ancrer le système normatif de l'HACCP dans certains segments de l'industrie alimentaire parce que les grandes lignes directrices définies par ce système doivent nécessairement être appliquées dans différents contextes, dont certains n'ont pas été pris en compte dans l'établissement de ces normes, c'est le cas notamment des plus petites entreprises de l'agroalimentaire, pour lesquels ces systèmes normatifs n'ont pas été pensés. Alors, l'échec de ces scientifiques réside selon l'auteur dans le fait que dans ces secteurs, ces experts ont en partie été remplacés par des consultants privés ou encore des gouvernements nationaux qui ont pris le relais pour jouer ce rôle de médiateur entre les acteurs et les normes. [...]

[...] Selon l'auteur, ce sont alors les gouvernements qui ont permis de s'en écarter pour montrer qu'ils conservent une forme d'autorité en ce qui concerne l'élaboration des règles locales. Le cas de l'HACCP démontre alors que derrière la prétendue domination des entreprises ou des Etats, se cache un jeu de collaboration et d'influence complexe entre les acteurs pour co-réglementer les marchés. Pour l'auteur, étudier le cas de l'HACCP et le rôle des scientifiques dans l'imposition progressive de ce système normatif à l'échelle internationale à travers son application universalisée, tout en étudiant la réaction locale des pouvoirs nationaux permet de démontrer que finalement, le pouvoir des experts et scientifiques réside dans leur capacité à favoriser, à influencer ou non tout cet écosystème mêlant ces différents acteurs dans ce jeu de collaboration et d'influence, pour lui faire prendre la direction la plus proche de leur volonté. [...]

[...] Pour l'auteur, ces facteurs peuvent expliquer pourquoi les scientifiques ont inclus si efficacement les acteurs économiques et les normalisateurs dans un contexte cognitif commun de normalisation, et comment leur processus conceptuel produit à été mis à l'ordre du jour du Codex. L'auteur montre dans cet article qu'une norme est efficace dans la mesure où il y a une certaine forme de superposition entre les pratiques locales et les concepts généraux utilisés pour les décrire. J'ai expliqué ce pouvoir par des phénomènes de collégialité, la polyvalence et la délégation sociales. [...]