Souvenirs, Alexis de Tocqueville, société française de 1848, fin de la monarchie de Juillet, séisme révolutionnaire
Alexis de Tocqueville, né en 1805 et mort en 1859 est un intellectuel (philosophe politique, historien, écrivain et précurseur de la pensée sociologique), mais aussi un homme politique français issu de la grande aristocratie normande. Juriste de formation, il est juge auditeur avant de partir aux États-Unis où il est envoyé en 1831 par le nouveau régime pour mener une étude du système pénitentiaire américain. Cependant c'est un autre ouvrage accouché de ce voyage, De la démocratie en Amérique, qui le fera connaître, reconnaître et marquera la postérité. Cette œuvre, plus que célèbre, fonde sa pensée politique à travers une étude institutionnelle et sociologique des jeunes États-Unis d'Amérique. Après sa parution, il connaît un certain succès, entre aux Académies françaises et des Sciences morales et politiques puis se lance en politique. Élu député de la Manche en 1839, il occupe ce poste jusqu'en 1851. Même s'il rejette le Prince-Président Louis Napoléon Bonaparte, il accepte de faire partie du deuxième gouvernement Barrot, car il est profondément animé du désir de sauver la République, mais plus encore d'œuvrer pour le salut de la France. Au lendemain du 2 décembre 1851 il s'oppose vivement au nouveau coup d'État napoléonien en votant avec d'autres parlementaires, dans la mairie du Xème arrondissement, la destitution du Président de la République. Incarcéré un temps par le nouveau régime impérial, il quitte la politique pour se consacrer à son second grand ouvrage L'Ancien Régime et la Révolution. Malade, il décède avant que sa rédaction ne soit achevée.
[...] Le terme de salut (de la France) revient à plusieurs reprises dans les Souvenirs, et c'est une thématique et même un dessein qui semble tenir éminemment à coeur à Tocqueville, et ce davantage que la défense partisane d'une idéologie. Au lendemain de la révolution il dit se" jeter à corps perdu dans l'arêne" en se présentant aux élections legislatives pour "se dévouer à la défense, non pas de tel gouvernement, mais des lois qui constituent la société même." Encore une fois à la manière d'un De Gaulle un siècle plus tard dans ses Mémoires de guerre (je me permets l'anachronisme car la similitude est frappante), il semble vouloir prendre de la hauteur par rapport à la politique politicienne et partisane, "au milieu de ces petits partis dynastiques, si peu différents par la fin qu'ils se proposaient, si semblables par les mauvais moyens qu'ils mettaient en pratique". [...]
[...] Somme toute, Tocqueville dans son récit semble déçu de cette expérience constituante, on sent l'homme politique désabusé et plein de désillusions au moment où il écrit ces lignes. Toutefois c'est là l'occasion pour lui de formuler les thèses institutionnelles qui garantirait selon lui une base solide pour le salut de la France : plus que les détenteurs du pouvoir ce qui importe est le contrôle, la limitation la décentralisation et l'équilibre de celui-ci. Ces thématiques ne sont pas sans rappeler le modèle américain, qui, comme nous l'avons vu, marque profondément la pensée de Tocqueville. [...]
[...] Problématiques posées par l'ouvrage Qu'est-ce qui entraine la révolution de 1848 et sa réplique lors des journées de juin ? Dans quelle état est la société française à cette époque ? Que nécessite le salut de la France alors que celle-ci est ébranlée depuis plus d'un demi-siècle par un séisme révolutionnaire aux nombreuses répliques ? Peut elle y parvenir ? Comment procède l'auteur pour y répondre ; projet, procédés, récit Avec un projet mémorialiste, Alexis de Tocqueville livre ses souvenirs essentiellement politiques depuis la fin de la monarchie de Juillet jusque . [...]
[...] Dans les deux cas, les libertés individuelles en seraient gravement atteintes selon lui. Il met dès lors en oeuvre, dans le cadre du gouvernement, des lois repressives et préventives et emploie à ce sujet une formule forte : "le seul moyen qui restât pour préserver la liberté était de la restreindre". Avis personnel Une lecture agréable et enrichissante, du fait d'une plume efficace et d'approfondissements historiques intéressants dans le cadre du programme de cette année. Concernant le contenu en lui même et les thèses exposées, je trouve Tocqueville souvent très juste et clairvoyant dans ses jugements qui sont animés de principes nobles. [...]
[...] Cependant, la commission adopte un article prévoyant la chambre unique redoutée par Tocqueville. Concernant le pouvoir exécutif et le sommet de l'Etat il approuve le fait qu'il soit aux mains d'un seul homme, en revanche il récuse son élection direct à la majorité relative par le peuple couplée à de très larges prérogatives comme le propose Cormenin. En effet, c'est même d'après lui un danger, une telle "institution ne pouvait convenir qu'à ceux qui voulaient s'en servir pour aider la transformation du pouvoir présidentiel en royauté". [...]
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