Sociologie du journalisme - Erik Neveu - publié le 20/06/2014

Thèmes abordés

Sociologie du journalisme, Erik Neveu, genèse de la profession, écriture journalistique, questions de légitimité

Résumé du document

J'avais donc à lire, et à présenter, Sociologie du journalisme, d'Erik NEVEU, publié à La Découverte dans la collection « Repères » en 2009 pour sa première édition. Je me suis procuré la quatrième édition, parue en 2013 (preuve, plus que de la légitimité scientifique de l'ouvrage, de son avènement comme référence en matière de travaux sur la profession journalistique).

Extraits

[...] (AXES, IDEES) Au niveau des axes développés, autour desquels cette Sociologie du journalisme s'articule, six chapitres sont à dénombrer. En premier lieu, Erik NEVEU revient sur la genèse de la profession, dans son ambivalence originelle entre un modèle pionnier anglo-saxon, qui serait plutôt focalisé sur l'objectivité et une restitution des faits ainsi que liée à une logique utilitaire, et une tradition française plébiscitant à l'inverse un style littéraire, et entretenant des liens étroits avec la politique. Par là, l'auteur dresse ainsi un portrait socio-historique de la profession. [...]

[...] Exposé : Sociologie du journalisme, Erik NEVEU J'avais donc à lire, et à présenter, Sociologie du journalisme, d'Erik NEVEU, publié à La Découverte dans la collection Repères en 2009 pour sa première édition. Je me suis procuré la quatrième édition, parue en 2013 (preuve, plus que de la légitimité scientifique de l'ouvrage, de son avènement comme référence en matière de travaux sur la profession journalistique). (AUTEUR, CHERCHEUR) Tout d'abord, un petit point sur l'auteur. Erik NEVEU est né le 28 août 1952. [...]

[...] Or, déjà souvent réactualisée, la Sociologie du journalisme d'Erik NEVEU offre d'autant plus de pistes de réflexion sur cette question brûlante qu'elle est dans une nuanciation constante, s'interdisant de céder à la facilité d'une diabolisation pure et simple, et refusant de statuer sur une mort annoncée du journalisme. Par exemple, en ce qui concerne la question des sites journalistiques communautaires, et la percée manifeste de certains blogs, le chercheur ne simplifie pas la question en un duel entre journalisme légitime et amateurisme, mais l'élargit au-delà de cette question de crédibilité des sources internet à celle d'une confrontation entre blogueurs parfois extrêmement talentueux et journalistes aux conditions de travail si détériorées qu'il leur est difficilement possible de réaliser un travail convenable. [...]

[...] C'est donc d'un point de vue sociologique, distancié, analytique tant d'un point de vue général que concret, qu'Erik NEVEU aborde la question de la profession de journaliste via plusieurs axes. (DEMARCHE ET FORME DE L'OUVRAGE) Ceci constitue d'ailleurs une démarche revendiquée par le chercheur, promouvant une analyse du champ journalistique nécessairement objective, gommant au maximum les conflits d'intérêt, qui ne repose donc pas sur les (nombreux) discours des journalistes eux-mêmes, dans un souci de scientificité. A partir de cela, Erik NEVEU construit son ouvrage, sorte de manuel dense, compact, avec une réelle portée didactique, autour de nombreuses recherches universitaires, mêlant divers champs théoriques, telles que l'histoire et évidemment la sociologie, et outils épistémologiques, avec des travaux ethnographiques (études de terrain) enrichissant la théorie. [...]

[...] Se posent ainsi les questions de légitimité, de déontologie, face à une rentabilité devenue mot d'ordre, impliquant une recherche d'audience à tout prix, avec une pression temporelle accrue dans la recherche à la primeur de l'information, tout ce processus entravant considérablement un travail idéal ou simplement correct du journaliste. Conformisme, plagiat, intérêts non éthiques (résultant d'une frontière amenuisée entre le journalisme et son réseau), et vérification seulement partielle sont ainsi à déplorer dans les fléaux du journalisme actuel. Et c'est ce débat sur les crises actuelles du journalisme qui est latent, en filigrane, tout au fil de l'ouvrage. [...]