Les théoriciens socialistes de la fin du XIX° siècle ont été tourmentés par la question de savoir pourquoi seuls permis les sociétés industrielles, les Etats-Unis n'avaient pas de mouvements socialistes ou de partis travaillistes importants.
De même que Werner Sombart, de nombreux intellectuels s'efforcèrent de se pencher sur la question, tel Friedrich Engels ou encore H.G. Wells qui se posa lui aussi la question dans « The future in America ».
Par ailleurs, Lénine et Trotsky étaient généralement tous deux très préoccupés par ce phénomène car il remettait en question la logique interne du matérialisme historique marxiste, tel que Marx l'avait formulé lui-même dans Das Kapital, où il affirmait que « le pays le plus développé (économiquement) montre l'image de leur avenir aux moins développés ». Or, les Etats-Unis étaient ce pays depuis le dernier quart du XIX° siècle.
Werner Sombart, quant à lui, se posera la judicieuse question de savoir pourquoi le socialisme n'existe pas aux Etats-Unis, entendant socialisme dans un sens plus proche du marxisme que de la sociale démocratie.
En effet, pourquoi une société capitaliste si développée n'est-elle pas ouverte aux mouvements socialistes ?
Comment se fait-il qu'un développement capitaliste poussé à l'extrême n'ait pas conduit à l'émergence du socialisme et de mouvements ouvriers politiques de masse ?...
[...] On ne peut dès lors s'empêcher de remarquer que l'organisation capitaliste de la vie économique se trouve être à l'origine de toutes les particularités de l'esprit américain. Et si la classe ouvrière se sent étrangère à tout esprit socialiste, notamment les ouvriers qualifiés, les raisons sont multiples et pour le moins convaincantes. Tout d'abord, l'ouvrier américain est, en règle commune, comblé par sa situation et ne trouve rien à y redire, n'éprouvant aucun sentiment ni d'hostilité, d'envie ou d'amertume vis-à-vis des plus privilégiés. [...]
[...] Pourquoi le socialisme n'existe-t-il pas aux Etats-Unis ? Werner Sombart BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR Né à Ermsleben en Allemagne, en 1863, et par la suite professeur aux universités de Breslau et Berlin, Werner Sombart fut un éminent sociologue et un économiste allemand réputé, instigateur de nombreuses réformes sociales en faveur de la classe ouvrière allemande. Appartenant à la jeune école historique allemande, il étudia dans son œuvre principale Le capitalisme moderne, dont les trois volumes furent publiés de 1902 à 1928, l'origine et le développement du capitalisme dans l'optique de l'historicisme. [...]
[...] Pour comprendre ensuite ce caractère typique aux ouvriers américains, Werner Sombart va étudier les conditions historiques, politiques, économiques et également sociales dans lesquelles évoluent chaque jour ces ouvriers américains que le capitalisme enthousiasme et rallie à sa cause. LA POSITION POLITIQUE DE L'OUVRIER D'où vient la faiblesse, voire l'absence des mouvements ouvriers américains dans la première puissance capitaliste du monde, où la classe ouvrière est la plus grande de la planète et où il n'y a que deux grands partis dont aucun influencé par une tendance socialiste ? De plus, comment se fait-il que les millions d'émigrés en provenance de pays socialistes, ne sont plus socialistes aux Etats-Unis? [...]
[...] Il faut tout d'abord savoir que la machine électorale américaine est très compliquée et que l'argent est une condition sine qua non pour former un parti. D'où la difficulté de se créer pour de nouveaux partis, face à ce monopôle qui dispose des moyens financiers nécessaires pour faire fonctionner la machine électorale si complexe de ce pays fédéré. Les deux partis, en position de force, savent par ailleurs obtenir de la population populaire son estime et son soutien, en mettant en place des mesures d'assistance pour ceux qui sont dans le besoin. [...]
[...] Mais l'aversion du prolétariat au socialisme tient aussi des caractéristiques de sa position dans l'État et la politique. En effet, l'existence du suffrage universel dans cette démocratie plus avancée qu'en Europe, permet également à chaque ouvrier de se sentir citoyen actif, évitant ainsi l'émergence de mouvements extrémistes puissants. Élevé dans l'opinion que la constitution repose sur la souveraineté du peuple, même le plus pauvre ouvrier se sent actif et important dans l'état et un sentiment de sacré lui est inculqué dès sa plus tendre enfance, ce qui contribue à susciter de l'admiration pour cette constitution si divine. [...]
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