Six principles of political realism, Hans J. Morgenthau

Résumé du document

Le premier principe avancé par Hans Morgenthau est que la politique répond à des lois objectives, à l'image de la société. Dés lors, c'est la raison, et non les préjugés, qui doit primer. L'ambition affichée de la théorie réaliste est de construire un cadre d'analyse rationnel sur la base de ces lois. Ces lois, parce qu'elles trouvent leur racine dans la nature humaine, sont immuables. Il ne s'agit donc pas de comprendre les relations internationales contemporaines, mais de mettre en lumière les principes fondamentaux qui ont toujours régi les rapports entre pays. Il ne faut pas juger désuètes les lois qu'avaient définies les philosophes classiques chinoise, indienne ou encore grecque, pour la simple raison qu'elles sont anciennes. Le réaliste, s'il reconnaît que les circonstances affectent la politique des Etats, a la conviction que celle-ci reste orientée par un principe directeur, qui comme la nature humaine, résiste aux changements du temps.

Extraits

[...] Ces considérations valent également au sein des États aux yeux de Morgenthau. L'action politique devrait être jugée en fonction du concept d'intérêt, c'est-à-dire en se demandant dans quelle mesure elle a servi les intérêts du peuple. Cependant, le lien entre les intérêts et l'État-Nation, qui apparaît d'ailleurs dans les quatorze points du Président Wilson, est le produit de l'histoire. En d'autres termes, les hommes étant guidés par l'intérêt, les États Nations n'ont de sens que tant que les hommes se reconnaissent des intérêts communs. [...]

[...] Elle tient à une vision simpliste et a priori du monde, influencée par l'idéologie, au refus de réviser cette vision erronée du monde malgré l'expérience, à la persistance dans une politique inspirée de cette mauvaise compréhension du monde, à l'égoïsme des dirigeants et enfin la volonté de donner l'illusion de la maîtrise de la réalité. Ainsi, on pourrait définir les principes d'une contre théorie irrationnelle des relations internationales. Mais alors, la conception réaliste n'est-elle pas déconnectée de la réalité ? De fait, tous les hommes politiques ne sont pas seulement guidés par l'intérêt national. Pour que son analyse soit pertinente, le théoricien ne doit pas connaître les motivations d'un dirigeant, mais bien plus savoir s'il est capable de comprendre les ressorts essentiels de la politique internationale, déterminer ses qualités intellectuelles. [...]

[...] Une théorie qui serait fondée sur les motivations morales ou idéologiques tomberait donc dans une impasse. Dès lors, l'analyse réaliste ne peut que rejeter les interprétations idéologiques ou morales des relations internationales. Outre que les raisons idéologiques ou morales sont comme on l'a dit insaisissables, les bonnes intentions d'un homme politique ne sont en rien garantes du succès de sa politique. Ainsi, Morgenthau n'hésite pas à citer l'exemple de Neville Chamberlain dont la volonté d'apaisement à la veille de 1939 a contribué selon lui à rendre la Seconde Guerre mondiale inévitable. [...]

[...] Il préserve les États des excès moraux et de la folie politique. La poursuite des intérêts nationaux dans le respect de la souveraineté des États conduit les États à ne pas se juger sur des critères moraux ou religieux, source de conflit, mais nécessairement à se respecter mutuellement pour pouvoir précisément poursuivre leurs propres intérêts. En d'autres termes, la condition indispensable de la recherche de l'intérêt en termes de puissance est pour chaque État, le respect par les autres de ses intérêts et inversement. [...]

[...] La nature d'une politique étrangère ne s'analyse que dans les faits et les conséquences qu'elle engendre. Cela ne suffit pas cependant. Les faits en eux-mêmes ne permettent pas de comprendre pleinement le sens d'une politique étrangère. Il faut théoriser rationnellement la réalité politique pour percevoir les différentes interprétations d'une politique. Ainsi, le réaliste peut voir les alternatives qui s'offrent à un homme politique et celle qu'il va choisir dans des circonstances précises et c'est là la raison d'être de la théorie réaliste. [...]