Sept thèses erronées sur l'Amérique Latine ou Comment décoloniser les sciences humaines, Rodolfo Stavenhagen, colonisation, sciences sociales appliquées
L'ouvrage de R. Stavenhagen est constitué du regroupement de cinq textes critiques, publiés entre 1966 et 1971 par l'auteur, remettant en cause certaines idées amplement diffusées et véhiculées à l'égard de l'Amérique Latine, et plus précisément, concernant les causes du « sous développement » du continent latino américain.
Réunies dans cet ouvrage, ces études critiques sont formulées sur la base de «sept thèses erronées sur l'Amérique Latine», que l'auteur s'apprêtera à démentir dans le premier chapitre, en expliquant que ces thèses masquent d'autres réalités sociales de l'Amérique Latine. L'auteur dénonce le fait que les sciences humaines produites en Amérique Latine aient été, pendant longtemps et dans une certaine mesure encore aujourd'hui, subordonnées aux sciences humaines de l'Occident, de la société dominante, imposant dés lors des idées biaisées sur l'Amérique Latine, et pourtant véhiculées au sein même du continent latino-américain, par les sciences humaines latino-américaines elles mêmes. Stavenhagen parle ainsi de « dépendance intellectuelle et culturelle ». La colonisation a véhiculé une certaine vision des colonisés, et a induit en eux une auto-perception de leur être en tant que colonisé, devant nécessairement se développer en calquant l'exemple des sociétés « jadis » colonisatrices.
[...] III.Marginalité, participation et structure agraire en Amérique Latine Le processus de développement est perçu comme devant faire intervenir toutes les sphères de la société, néanmoins, c'est sur le secteur économique que se sont concentrés les gouvernements. Or, le développement économique semble plus avoir creusé que pallié aux inégalités sociales. Face à cela, différents mouvements sociaux, revendiquant une participation sociale mais aussi une transformation de la structure sociale ont émergé. L'auteur s'intéresse ensuite à la notion de marginalité, celle qui est régulièrement attachée aux populations habitant dans les bidonvilles. [...]
[...] Cette disparité de mouvements a pu faire sa force par son nombre, mais est aussi à l'origine de sa fragilité et de ses faiblesses. Les mouvements relatifs à la terre, c'est-à-dire dans une large mesure au secteur agraire, peuvent être bien illustrés par le cas du Mexique pendant la période révolutionnaire. IV. Le Mexique : l' Ejido et le paysan individuel On ne peut parler de l'histoire du Mexique sans parler de la réforme agraire, et de la révolution de 1910 qui s'est faite au nom de ces terres revendiquées. [...]
[...] L'un des aspects les plus marquants en Amérique Latine est notamment celui des fortes inégalités au sein de la structure économique et sociale. On assiste ainsi à une sorte de colonialisme interne, [ ] où le développement des uns a pour conséquence le sous développement des autres. En quête de développement et plongés dans un certain désespoir, de nombreux peuples latinoaméricains ont finit par faire appel à des régimes par la suite appelés populistes Néanmoins, ces régimes n'ont pour la plupart pas su mettre un terme à la pauvreté et aux diverses inégalités sociales, ne serait ce que parce qu'il n'existait pas de stabilité politique. [...]
[...] Les agriculteurs, manquant d'eau et n'ayant pas assez accès aux crédits, sont devenus dépendants du bon vouloir des banques, alors même que la structure des prix était globalement défavorable aux agriculteurs. On observe par ailleurs une certaine disparité au sein de la population paysanne, qui est, malgré la réforme, restée désavantagée par les contraintes économiques et politiques, créant toujours une opposition de classes. V. Comment décoloniser les sciences sociales appliquées Stavenhagen, dans sa recherche en vue de la décolonisation des sciences sociales, a clairement établit un lien entre anthropologie et colonialisme. [...]
[...] La focalisation de l'économie sur le secteur agricole pose grandement problème car il induit une dépendance accrue vis-àvis de la demande extérieure, demande qui s'amenuise au fur et à mesure que certains pays deviennent auto suffisants ou que le niveau de leur économie leur fait importer moins. Cette pauvreté s'illustre aussi par l'augmentation des bidonvilles qui viennent prolonger les grands centres urbains et révèlent une extrême pauvreté. Il y a certes une urbanisation progressante, mais elle ne s'accompagne pas d'une industrialisation suffisante. Les populations peu à peu intégrées au système économique urbain ne le sont généralement que de manière précaire. [...]
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