La loi instaurant l'isoloir pour les élections en France est adoptée le 29 juillet 1913 devant l'Assemblée Nationale. Elle sera quelque peu révisée et complétée durant l'année pour obtenir son visage définitif le 31 mars 1914. Cette dernière fixant le nouveau code électoral contient quatre types de dispositions. Elle instaure de manière obligatoire l'enveloppe uniforme, l'unicité d'inscription sur les listes électorales, une représentation des candidats parmi les scrutateurs et bien évidement la mise en place de l'isoloir. La loi du 29 juillet 1913 ou plus couramment appelée la loi Defontaine a pour objet d'assurer le secret et la liberté du vote. Malgré un débat virulent entre partisans et ennemis de cette réforme, la presse passe pratiquement sous silence l'inauguration de la nouvelle procédure électorale. Alain Garrigou analyste politique, se fait écho de cette réforme et en analyse les enjeux, les débats et les questions qu'elles suscitent. Montrons, à travers son analyse, comment l'instauration de l'isoloir s'inscrit-elle dans un renouvellement de la procédure électorale et du jeu politique ? Avant de montrer que la mise en place de l'isoloir tend à moraliser le suffrage universel (III), nous aurons vu que le débat sur les pressions électorales est au centre des discutions parlementaires (I) et que la question notablière reste en toile de fond (II).
[...] Pour ainsi dire, l'isoloir place l'électeur devant ses propres responsabilités. Les partisans de la réforme électorale qualifient cet acte comme une œuvre de moralisation du suffrage universel Derrière l'instauration de l'isoloir se cache un message fort, celui indirectement exprimé d'interdire les influences, les pressions et les fraudes électorales. Même si dans les faits, on sait que ce vœu ne peut être pleinement réalisé, il marque une tendance forte pour une transparence plus importante. La naissance du véritable citoyen politique ? [...]
[...] Si l'isoloir s'installe comme pratique courante lors des élections locales, les notables perdraient toute légitimité face aux nouveaux entrepreneurs politiques. Vers une redistribution du jeu politique ? Outre la question même de l'isoloir, le débat est plus large et porte sur le rôle du représentant politique dans le jeu politique lui-même. En effet, selon les progressistes, l'isoloir doit servir à redéfinir les contours de la politique grâce à une démocratisation du champ politique. Par conséquent, l'argument de l'isoloir est pour une partie des républicains un moyen se s'emparer des bastions conservateurs. [...]
[...] La réforme du code électoral constituerait une contrainte supplémentaire pour l'électeur. Elle compliquerait également le mécanisme du vote lui-même à travers la lenteur des opérations électorales et les embouteillages devant l'isoloir. Le principal danger évoqué par ses adversaires est le risque d'un désordre électoral ou plus encore d'un désordre politique. Selon eux, L'isoloir ressuscite la peur qu'avait pu susciter le suffrage universel avant qu'il paraisse domestiqué, civilisé, ritualisé. Pour dire les choses autrement, on peut affirmer que le refus de l'aristocratie de l'isoloir repose sur une argumentation à la fois technique mais aussi et surtout d'ordre éthique. [...]
[...] La mise en place de l'isoloir en 1913 tend à autonomiser l'activité politique. Il doit en théorie dégager l'électeur des multiples liens sociaux qui le définissent. Par conséquent, l'isoloir redéfinit la conception de l'électeur. Il n'est plus assimilé à la réalité de son groupe social mais il répond à une fonction politique, celle qui l'unit avec les représentants politiques qui proposent leurs biens sur le marché politique. Après cette analyse, nous sommes en mesure d'affirmer qu'il existe bien un renouvellement du principe électoral. [...]
[...] Le secret de l'isoloir d'Alain Garrigou La loi instaurant l'isoloir pour les élections en France est adoptée le 29 juillet 1913 devant l'Assemblée Nationale. Elle sera quelque peu révisée et complétée durant l'année pour obtenir son visage définitif le 31 mars 1914. Cette dernière fixant le nouveau code électoral contient quatre types de dispositions. Elle instaure de manière obligatoire l'enveloppe uniforme, l'unicité d'inscription sur les listes électorales, une représentation des candidats parmi les scrutateurs et bien évidement la mise en place de l'isoloir. [...]
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