Née en 1934 à Paris, Dominique SCHNAPPER est diplômée de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris en 1957, et elle obtient son Doctorat de Sociologie à la Sorbonne en 1967. Elle est Directrice d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales depuis 1980. Elle a également présidé la Société française de Sociologie de 1995 à 1999. En 2001, elle est nommée au Conseil Constitutionnel par le Président du Sénat. Ses réflexions sur la Nation l'ont amenée à participer à la Commission de la nationalité présidée par Marceau LONG (Vice-président du Conseil d'Etat). Parmi ses principaux ouvrages, on peut citer : Sociologie de l'Italie (1974), L'épreuve du chômage (1981), La France de l'intégration. Sociologie de la Nation en 1990 (1991), Qu'est-ce que la citoyenneté (2000). Nombre de ses travaux traitent de la sociologie de la nation ou de la citoyenneté. Elle s'est également beaucoup interrogée sur les questions d'intégration dans la société française. Dans cette optique là, l'ouvrage étudié ici, La Communauté des citoyens. Sur l'idée moderne de Nation (1994), a une grande importance. Partant du constat de l'affaiblissement du civisme et des liens politiques, ainsi que de l'émergence d'une société de plus en plus mondialisée, l'auteur s'interroge sur l'avenir du concept de Nation, lui-même souvent décrié en tant que cause des pires atrocités du 20ème siècle (thèse défendue par Mario VARGAS LLOSA). Cependant, l'auteur rappelle que « le national, en tant que tel, n'est pas responsable des conflits ». A travers ce livre, Dominique SCHNAPPER se propose donc de revisiter le concept de Nation au travers d'une vision sociologique éloignée des débats idéologiques. Cependant, comme l'admet l'auteur elle-même, « une définition de la nation est déjà en tant que telle une théorie implicite de la nation », et au-delà de son entreprise de définition purement sociologique, Dominique SCHNAPPER tente dans cet ouvrage de réhabiliter le concept de Nation dans la société contemporaine.
[...] La création d'une communauté des citoyens par la transcendance des particularismes 1 Naissance et essence de la communauté des citoyens Pour appréhender l'idée de communauté des citoyens l'auteur propose d'étudier l'apport de l'histoire antique. La polis grecque montre que la source de la légitimité est bien l'assemblée des citoyens, ce qui permet de faire une distinction importante entre la sphère privée (où chacun fait ce qu'il veut), et la sphère publique (dans laquelle s'exprime la citoyenneté). Cependant, cette citoyenneté grecque reste limitée à une vision ethnique. [...]
[...] La nation et tout d'abord distincte du groupe ethnique, que l'on peut qualifier de groupe d'hommes héritiers d'une communauté historique et culturelle, et ayant la volonté de maintenir ces spécificités. L'appartenance à l'ethnie est vécue comme naturelle (même si la réalité historique démontre que c'est aussi une construction historique). La thèse de la nation primordialiste n'a donc pas de sens, puis que définir la nation comme unité naturelle revient à parler d'ethnie. Par ailleurs, la nation n'est pas l'Etat. L'Etat n'est que la manifestation et l'outil de la nation. [...]
[...] Pour constituer cette communauté, il faut dépasser les ethnies, et pour cela, il faut s'appuyer sur un certain nombre d'outils et de concepts. Parmi les plus importants, on pet citer tout d'abord la laïcité, qui permet de transférer le support du lien social du religieux vers le politique. Par ailleurs, l'auteur insiste sur le rôle de l'Ecole comme moyen de préparer les citoyens à participer à la vie commune, mais aussi sur le rôle des Historiens comme créateurs du sentiment national à travers une histoire commune (on constate d'ailleurs que les pays dans lesquels l'histoire commune n'est plus enseignée, le communautarisme est très fort). [...]
[...] Le second facteur d'affaiblissement de la nation est le dépérissement de caractère politique du projet au profit des aspects économiques et sociaux Et c'est là un facteur interne à la construction nationale elle-même. L'action étatique permet une diminution des inégalités et un accroissement du bien-être, et donc, de plus en plus, la légitimité de la communauté des citoyens n'est plus le civisme, mais la satisfaction matérielle. Désormais, les individus sont incités à se consacrer à la sphère économique au détriment de la sphère politique. Il y a donc dislocation du lien national, et inversement une multiplication des revendications communautaires, ethniques. [...]
[...] L'essence même de cette communauté des citoyens, constitutive de la nation, est l'universalisme. Le multiculturalisme doit être protégé (par le droit d'association, d'expression mais les spécificités ne doivent pas fonder des identités politiques au sein de l'espace public, car sinon, il y a dissolution de l'indenté nationale. Ainsi, si des particularismes existent nécessairement, dans la sphère publique, ils doivent être transcendés pour laisser la place au citoyen. Cependant, cette transcendance peut prendre des formes multiples : le pluralisme au Royaume- Uni, où l'appartenance à une communauté est plutôt bien vue, alors qu'en France, les corps intermédiaires sont considérés comme des freins à la liberté des citoyens. [...]
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