L'ouvrage "De Sarajevo à Sarajevo : l'échec yougoslave " de Jacques Rupnik est paru en France dans le contexte de la chute du communisme en Europe centrale et orientale. Suite à l'action du syndicat Solidarnosc en Pologne et à la Perestroïka menée par Mikhaïl Gorbatchev en Union Soviétique, le Mur de Berlin tombe en novembre 1989, symbolisant ainsi la fin de la Guerre froide et la chute du Rideau de Fer.
La Fédération de Yougoslavie, dont l'union était déjà très fragilisée depuis la mort de Tito en 1980, ne peut faire face aux mouvements nationalistes internes qui se font de plus en plus pressants.
Finalement, à partir de 1991, cet État sera « en voie de dissolution », donnant naissance à plusieurs nouveaux pays plus ou moins multiethniques. Au terme d'élections libres qui, partout sauf en Serbie et au Monténégro, voit la victoire des partis nationalistes, quatre républiques proclament leur indépendance en 1991-1992.
Si Belgrade renonce vite à imposer sa loi en Slovénie et en Macédoine, ce n'est pas le cas en Croatie et en Bosnie-Herzégovine où vivent d'importantes minorités serbes…
Cet ouvrage nous invite à réfléchir sur les causes de l'éclatement de la Yougoslavie en 1991. Ainsi, il s'efforce de nous faire comprendre les raisons qui sont à l'origine de « cette mort », tout en essayant d'éviter tout cliché et tout contre-sens.
Jacques Rupnik et son équipe font ainsi une analyse minutieuse de l'évolution de l'idée du panslavisme dans les Etats slaves du sud de l'Europe, des relations entre Serbes, Croates, Slovènes et Bosniaques ainsi que des conditions de la création de la Yougoslavie. De plus, ils se penchent sur l'héritage titiste du pays, ainsi que sur les rapports entre nationalisme et transition démocratique dans cet État multinational.
[...] La répétition des cessez-le-feu apparaît ainsi comme un signe de bonne volonté, aux yeux de la communauté internationale. Le 3 octobre 1991 est décrété l'Etat de Guerre. Comme la guerre au Liban, on aura à partir de 1991 plus une guerre de positions qu'une guerre de mouvement. L'exemple le plus tristement célèbre reste le siège de Sarajevo en mars-avril 1992. De ce fait, on peut considérer qu'il s'agit d'un conflit entre peuples dont le seul dessein est d'occuper durablement un territoire, et non d'une guerre entre deux Etats se reconnaissant mutuellement. [...]
[...] La gestion internationale du conflit yougoslave Si l'origine de la crise yougoslave était d'origine interne, il apparaissait déjà clairement en 1992 que son issue dépendait de sa gestion par la communauté internationale. Beaucoup se demandait pourquoi une sorte de tempête des Balkans n'avait pas été mené, sur le modèle de la fameuse tempête du désert contre les troupes du dictateur irakien Saddam Hussein une année plus tôt. Différents facteurs sont à l'origine de cette attitude de la part de la communauté internationale. [...]
[...] Sa proclamation de souveraineté d'octobre 1991 par une majorité parlementaire croato-musulmane est rejetée par les Serbes. Ces derniers boycottent le référendum sur la souveraineté organisé quelques mois plus tard, qui marquera le début de l'intervention des milices serbes, appuyés par l'armée fédérale. En fait, cette situation était prévisible, du fait de la grande importance que revêt l'Etat bosniaque pour les Serbes, qui refusent d'y être une minorité. De plus, il apparaissait clairement que, suite au départ des Croates, les Musulmans refuseraient de constituer un bloc commun avec les Serbes. [...]
[...] "De Sarajevo à Sarajevo : l'échec yougoslave Jacques Rupnik dir. (1992) Les peuples des Balkans sont chargés de plus d'histoire qu'ils ne peuvent porter (Winston Churchill) AUTEURS : L'ouvrage choisi a été rédigé par une équipe de spécialistes des questions relatives à la région des Balkans, sous la direction de Jacques Rupnik. Diplômé d'histoire à la Sorbonne et de sciences politiques à l'IEP de Paris, titulaire d'un master en études soviétiques à l'université d'Harvard, ce dernier fut directeur exécutif de la Commission Internationale pour les Balkans à la Carnagie Endowment For International Peace en 1995-1996. [...]
[...] D'où une certaine légitimité originelle de ce pouvoir. Pour le consolider, les communistes misaient sur l'équilibre entre les nationalités, en encourageant les groupes périphériques afin d'affaiblir le noyau des Serbes et des Croates. Le schisme de 1948 fut l'événement décisif : il divisa pour Pavlowitch le Parti de Yougoslavie en staliniens réalistes (les titistes) et staliniens idéalistes (les cominformistes). Dès lors, les premiers, partisans de Josip Broz Tito, persécutèrent les seconds, restés fidèles au Cominform. Néanmoins, dans les vingt ans qui suivront, le fédéralisme s'ancrera solidement, finissant même par prendre des couleurs de confédéralisme. [...]
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