« Il n'y a point de suffisante contradiction qu'entre égaux ; un Monarque qui travaille seul avec un vizir peut-il espérer de nouvelles lumières par la voie de la contradiction ? Je sais bien que le feu roi tenait quelquefois des Conseils, mais les conseillers n'étaient pas entièrement libres ; ils dépendaient trop des principaux ministres, et par conséquent ils n'avaient pas liberté entière de les contredire ». Cette phrase de l'Abbé de Saint Pierre illustre l'impuissance d'un gouvernement par ministre qui réduirait l'action des Conseils.
Dans, l'extrait de « 1715. Réflexions sur le gouvernement actuel et sur celui à établir », Louis de Rouvroy, duc de Saint Simon met en exergue sa vision du gouvernement à Conseil. La volonté de ce pair écrivain se justifie par le contexte. En effet, fin XVIIème d »but XVIIIème, le règne absolu et centralisateur de Louis XIV se heurte à l'aristocratie qui craint un affaiblissement de la noblesse dû à cette montée en puissance. Face à ce phénomène, divers aristocrates tel que Boulainvilliers ou Fénélon vont remettre en cause le système d'organisation étatique. Cette contestation intervient quelques années après l'Edit d'Union (13 mai 1648) et la Fronde (1648-1652) et relance l'« opposition parlementaire » qui s'était éteinte avec la restriction du droit de remontrance lors de la Déclaration de Louis XIV le 24 février 1673. Avec la mort de Louis XIV en 1715, un Conseil de régence est fixé avec à sa tête le Duc d'Orléans ce qui a pour conséquence une ouverture en direction des Cours souveraines. Dans cette logique, le parlement de Paris est restauré en septembre 1715 et le testament de Louis XIV est cassé, ce qui permet au Duc d'Orléans d'obtenir l'intégralité de la régence. Le gouvernement quitte Versailles et s'installe à Paris. On peut voir en cette désertion de Versailles le geste symbolique des nobles s'évadant de leur cage dorée dans laquelle le Roi Soleil les avaient confinés pour réduire leur influence. Proche du régent, Saint Simon réussi à imposer ses théories politiques visant à limiter l'absolutisme en faveur d'un Gouvernement à Conseil. Il aspire à une noblesse hiérarchisée disposant un rôle politique majeur et considère les Pairs de France comme ayant un rôle prédisposé à conseiller le roi. Découlant de ses théories, la polysynodie s'installe au détriment des ministres, secrétaire d'Etat et Conseiller général des finances. Contrairement au système précédent ou les décisions étaient prises par une personne, en l'occurrence le secrétaire d'Etat ou le ministre, désormais, c'est un des sept Conseils d'Etat qui délibère sur le sujet. Cette organisation pouvant paraître « démocratique » reflète en réalité la volonté de la noblesse de concentrer les différents pouvoirs. Les arguments avancés par certains théoriciens de la polysynodie parle d'une meilleure défense de l'intérêt général à travers les Conseils étant donné que les secrétaires d'Etat ou ministres pouvaient prendre des décisions ou influencer le roi en faisant un amalgame entre leur intérêt et celui de la nation. Cependant, si l'on observe la forme du Gouvernement mis en place, on constate que seul un ordre est représenté, par conséquent, l'intérêt personnel n'influencera plus la politique du royaume, mais qu'en est-il de l'intérêt des ordres ?
Il est à propos de voir dans la critique de Saint Simon à l'égard des « cinq rois », une remise en question de leur système de nomination, basé semble-il plus sur la flatterie que sur les compétences et le rang de la personne et restauré le pouvoir que la noblesse a perdu en se faisant cloisonner à Versailles par Louis XIV. Il est intéressant d'observer que la polysynodie a été un moyen utile de redonner de l'influence à la noblesse à travers le Gouvernement à Conseil et les parlements qu'ils contrôlent.
[...] Réflexions sur le gouvernement actuel et sur celui à établir Louis de Rouvroy, duc de Saint Simon met en exergue sa vision du gouvernement à Conseil. La volonté de ce pair écrivain se justifie par le contexte. En effet, fin XVIIème début XVIIIème, le règne absolu et centralisateur de Louis XIV se heurte à l'aristocratie qui craint un affaiblissement de la noblesse dû à cette montée en puissance. Face à ce phénomène, divers aristocrates tel que Boulainvilliers ou Fénélon vont remettre en cause le système d'organisation étatique. [...]
[...] La vision de Saint Simon est conditionnée par son appartenance aux pairs de France, cela l'amène à suivre une dynamique allant dans le sens des révoltes nobiliaires passées. Il s'oppose donc aux secrétaires d'Etat et au contrôleur général des finances qu'il considère globalement comme un monstre En effet, dans un contexte de soulèvement de la noblesse via les parlements, Louis XIV et par la suite Mazarin avaient pris soin que les secrétaires d'Etat et le Contrôleur général des finances, nommés et révoqués arbitrairement par le roi, soient issus d'un ordre moindre afin de mieux l'asservir. [...]
[...] Cependant il faut observer que le roi était le seul dépositaire de la puissance souveraine et cette critique ferme du système ne vise en réalité qu'à légitimer la remise au pouvoir d'une noblesse déchue. Cette contestation de ces cinq rois n'est pas réellement fondée. Elle repose sur une volonté de revanche de Saint Simon. Certes le pouvoir s'exerçait par le biais de quelques personnes. Cela pouvait posé le problème de la défense des intérêts publics. En effet, une fois proche du pouvoir, la décision d'un de ces cinq membres pouvait avoir de forte répercussion. [...]
[...] Ils étaient nommés et révoqués arbitrairement par le roi ce qui les contraignait à une certaine soumission. Leur origine et leur statut étant relativement instables, ils étaient soumis à la toute puissance du monarque. La théorie de Louis de Rouvray vise donc à évincer les roturiers de l'administration royale pour que peu à peu cette roture perdit toutes les administrations au profit des pairs. Cette critique s'explique aussi par l'influence de ces conseillers qui pouvaient sur le roi. En employant le terme roture Saint Simon met en exergue des individus qu'il considère piètrement. [...]
[...] Considérant cet ordre comme le plus légitime pour occuper les postes de l'administration royale, Saint Simon s'attaque aux membres du Tiers Etat au pouvoir en vu de restaurer l'aristocratie. a. La restauration légitime d'une noblesse déchue au sein de l'administration royale Depuis plusieurs siècles, la noblesse c'est opposé au monarque à travers les parlements. La noblesse tire ses origines de l'époque franque. L'appellation nobiles viri hommes illustres) met en exergue l'importance qu'ils revêtaient à l'époque. A l'époque féodale, la noblesse est l'ordre chargé de défendre le peuple. Au cours des siècles la noblesse d'épée fusionne avec l'aristocratie pour former la noblesse de robe. [...]
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