Officiellement, la guerre en Tchétchénie qui a débuté en 1994, est composée de deux périodes, 1994-1996 et 1999-2000. Depuis 2000 et la victoire des troupes Russes, un processus de normalisation est en cours, afin de stabiliser la zone. Cependant, il apparaît clairement que la guerre ne s'est pas finie avec la chute de Grozny, la capitale Tchétchène, et qu'elle se prolonge encore de nos jours.
Laurent Vinatier, professeur à Sciences Po Paris, étudie cette guerre depuis son origine et s'est spécialisée sur la question. Sa dernière analyse, intitulée Russie : l'impasse Tchétchène, publiée en mars 2007, cherche à comprendre les tenants et les aboutissants d'un conflit, qui bien que connu par beaucoup, demeure obscur. Pourquoi un tel acharnement de la part des autorités Russes ? Pourquoi à tout prix vouloir conserver un si petit territoire qui ne semble présenter que des intérêts dérisoires pour la puissance Russe ?
Pour ce faire, Laurent Vinatier analyse les causes immédiates du conflit, qui reposent grandement sur des concours de circonstance. Puis il montre le glissement qui s'opère avec la débâcle Tchétchène de 2000, débâcle en faveur de la Russie. Finalement, il révèle en quoi la paix ne peut se jouer qu'à Moscou, et non sur le terrain Tchétchène.
En cherchant à répondre aux questions suivantes : pourquoi la paix en Tchétchénie est-elle bloquée à Moscou ? Pourquoi peut-on parler d'une impasse Tchétchène ? Le livre se présente ainsi de la façon suivante :
I Ruptures structurelles. Les guerres contingentes (1994-1999)
II Des Tchétchènes dépossédés de la guerre (2000-2005)
III La paix en Tchétchénie bloquée à Moscou
Le thème du livre est donc la dépossession de la guerre des Tchétchènes au profit des Russes, c'est selon Laurent Vinatier, un conflit tchétchène régional à caractère national qui s'est peu a peu russifié.
[...] Ici se trouve le cœur de l'analyse de Vinatier, qui est de fait sa thèse. Selon lui en effet, la guerre de Tchétchénie ne se joue pas sur le terrain, c'est-à-dire la Tchétchénie, mais au Kremlin. Ce sont les dirigeants russes, et en particulier les différents lobbies et proches du président Poutine, qui décident de la conduite de la politique en Tchétchénie. Poutine est bien conscient qu'il doit en partie suivre les lobbies et choisir parmi ceux-ci, car ce sont eux qui l'ont amené au pouvoir. [...]
[...] Y prédomine un conflit certes de basse intensité, mais il n'en demeure pas moins que ce conflit bloque toute perspective d'avenir pour le peuple tchétchène. Quant aux Russes, la lassitude d'un conflit qui dure depuis plus de 13 ans quasi ininterrompu, ils n'envisagent pas non plus un arrêt des combats à court terme. Plus que cela, Laurent Vinatier affirme que l'avenir de la Russie se joue en ce moment même en Tchétchénie, et que le statu quo actuel ne fait que repousser l'échéance de la question identitaire russe. [...]
[...] Ne pourrait-on au contraire dire que la normalisation voulue par le Kremlin serait un aveu d'échec de sa politique en Tchétchénie ? En effet, la guerre d'usure que mènent les Tchétchènes depuis 2000 est peut-être en train de porter ses fruits, ce dont semble douter Laurent Vinatier. Il ne faut néanmoins pas exclure cette hypothèse. Dans ce cas, la Tchétchénisation du conflit peut être considérée comme un pis-aller afin de se désengager tout en essayant de garder un œil sur l'évolution de la guerre. Laurent Vinatier dresse un constat plus que pessimiste de la situation actuelle de la Tchétchénie. [...]
[...] La Douma, la chambre basse du Parlement est devenue quasi fantoche. Elle ne remplit plus son rôle d'organe de débat et de contestation du pouvoir en place, car les élus sont pour la grande majorité des proches de Poutine qui font preuve d'une grande loyauté envers lui. Dans la lignée de cette mise au pas du Parlement, Poutine entend rétablir l'unité de l'État, et il crée donc en 2000 sept districts fédéraux, avec des représentants plénipotentiaires, qui sont en fait des relais du pouvoir. [...]
[...] Russie : l'impasse Tchétchène, Laurent Vinatier Officiellement, la guerre en Tchétchénie qui a débuté en 1994 est composée de deux périodes, 1994-1996 et 1999-2000. Depuis 2000 et la victoire des troupes russes, un processus de normalisation est en cours, afin de stabiliser la zone. Cependant, il apparaît clairement que la guerre ne s'est pas finie avec la chute de Grozny, la capitale tchétchène, et qu'elle se prolonge encore de nos jours. Laurent Vinatier, professeur à Sciences Po Paris, étudie cette guerre depuis son origine et s'est spécialisé sur la question. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture