Le titre de la collection « Le tour du sujet » des éditions Universalis propose d'analyser un sujet d'actualité en offrant de grands articles rappelant les arrières plans historiques, politiques et culturels du sujet.
L'ouvrage propose dans sa première partie un « forum » constitué d'une dizaine de contributions qui étudient différents cas de populisme en Europe , du cas français au cas biélorusse en passant par l'Autriche, L'Italie ou la Pologne.
Le populisme est aussi abordé dans sa relation avec la démocratie et le nationalisme dans les derniers chapitres.
Le deuxième partie de l'ouvrage est composée d'un « dossier », d'un glossaire, d'une bibliographie sélective et de « compléments Internet » qui mentionnent des articles de l'Encyclopédie Universalis.
Dans ce livre les auteurs tentent d'identifier la mécanique qui incite la percée du populisme et qui rend ainsi possible son existence.
Dans un chapitre introductif Pierre-André Taguieff donne les raisons qui expliquent que depuis une vingtaine d'années dans de nombreux pays d'Europe, de nouveaux partis caractérisés comme populistes, nationaux – populistes ou populistes de droite radicale s'imposent sur le scène politique. Ces formations sont portées par la crise de confiance à l'égard des institutions, des élites gouvernantes dans les démocraties pluralistes et à l'égard du monde politique en général.. Cela se traduit par un abstentionnisme croissant touchant de nombreux pays d'Europe. Ces nouveaux types de partis sont tous fortement personnalisés ainsi Pierre-André Taguieff retrace l'historique de l'émergence des principales figures du nouveau populisme en Europe depuis le début des années 80.
Ils traduisent dans leur discours démagogique : l'antiélitisme, le rejet de l'immigration, le sentiment d'insécurité, l'hostilité à l'Europe et à la globalisation.
Le succès de ces nouvelles formations sur un axe espace/temps conduit les politologues à s'interroger de plus en plus sur ce phénomène et sur ses raisons profondes.
Ces mobilisations constituent une menace et un défi pour les démocraties libérales. L'appel au peuple va de pair avec la défense de l'identité nationale supposée menacée. De quoi s'agit –il ? D'une résurgence de l'extrême droite ? D'un retour à la démagogie nationaliste ? D'une nouvelle droite extrême et radicale ? Ou bien d'une nouvelle forme de contestation de la démocratie représentative ? Pour P-A Taguieff qui a coordonné l'ouvrage la vrai question est celle de l'interprétation de ce nouveau populisme en Europe qui persiste et qui selon lui ne peut être vu « comme une simple résurgence de l'extrême droite », puisqu'il touche aussi la nouvelle Extrême Gauche (un chapitre y est d'ailleurs consacré).
Beaucoup de questions restent en suspend concernant ce nouveau phénomène.
Ainsi les multiples contributions de cet ouvrage fournissent des éléments de réponses à ces interrogations. Interrogations qu'il s'agissait de poser avec clarté et rigueur sur la base d'une étude de cas concrets et surtout d'analyse comparative, ce que l'ouvrage fait d'ailleurs très bien.
Dans un premier chapitre P-A Taguieff analyse le populisme en tant que style politique. Le populisme désigne alors une dimension de l'action ou du discours politique. Il est abordé comme un style politique susceptible de mettre en forme divers matériaux symboliques et de se fixer en de multiples lieux idéologiques, prenant la coloration politique du lieu d'accueil. Il se présente aussi et inséparablement, comme un ensemble d'opérations rhétoriques mises en oeuvre par l'exploitation symbolique de certaines représentations sociales.
Pour l'auteur le premier trait du populisme correspond surtout à « un appel au peuple et un refus de médiation ».
La seconde interrogation de P-A Taguieff se porte sur la question et la définition du mot peuple ; question qu'il nous dit être toujours en débat aujourd'hui puisque le mot recouvre une grande diversité de sens. Selon lui une première approche du populisme contemporain, peut se fonder sur la distinction entre deux pôles du discours populiste selon que le peuple est considéré comme « démos » ou « ethnos ». L'un protestataire, l'autre identitaire ou identitaire-national qui définit le noyau dur du national populisme au sens strict.
La nouvelle vague du populisme témoigne aussi selon lui « de la réinvention du nationalisme » (traduction des inquiétudes identitaires)
Pour finir P-A Taguieff s'interroge sur les caractéristiques de la construction d'un type idéal de National-Populisme en s'appuyant sur le cas français.
[...] Dans les deux derniers chapitres le populisme est abordé dans sa relation à la démocratie et au nationalisme. Ces passages permettent ici, de combler le manque d'informations qui pourraient faire défaut à des lecteurs néophytes. Yves Surel, pose d'abord la question de la définition de ces deux termes. S'il y a complexité à les définir, leur relation l'est tout autant. Il rappelle les différentes définitions qui peuvent être données de la démocratie pour conclure qu'il n'y a pas de type parfait de démocratie qui corresponde à la définition qu'en donnait Lincoln. [...]
[...] De nouveau en 2001, elle fera partie de la nouvelle coalition Maison des libertés qui regroupe en plus de la Ligue du Nord, l'AN (l'Alliance National) autour du mouvement de Silvio Berlusconi. Concernant Forza Italia et son leader Silvio Berlusconi, qui a su s'engouffrer dans l'espace libéré au centre droit après l'effondrement du système de parti et singulièrement de la DC en 1994, I. Diamanti se focalise surtout sur le succès du parti de S. Berlusconi qui a su en faire un parti médiatique (p.54). [...]
[...] Il procède à un état des lieux de ces populismes et montre que les dernières élections en Europe ont montré une dynamique des partis populistes nationalistes que ce soit en Autriche, en Italie, aux Pays-Bas ou en France. P. Perrineau rappelle que ces formations sont extrêmement diverses. La preuve en est qu'au Parlement Européen hormis durant les deux mandatures entre 1984 et 1994, J-M Le Pen n'a jamais réussi à constituer un groupe rassemblant tout ou partie de ces formations nationalistes ou populistes. [...]
[...] Ils traduisent dans leur discours démagogique : l'antiélitisme, le rejet de l'immigration, le sentiment d'insécurité, l'hostilité à l'Europe et à la globalisation. Le succès de ces nouvelles formations sur un axe espace/temps conduit les politologues à s'interroger de plus en plus sur ce phénomène et sur ses raisons profondes. Ces mobilisations constituent une menace et un défi pour les démocraties libérales. L'appel au peuple va de pair avec la défense de l'identité nationale supposée menacée. De quoi s'agit ? D'une résurgence de l'extrême droite ? D'un retour à la démagogie nationaliste ? D'une nouvelle droite extrême et radicale ? [...]
[...] La définition présidentielle de la démocratie s'appuie sur l'idée d'un gouvernement du peuple par lui-même, s'inscrit en opposition à la démocratie représentative et se traduit par une dépréciation du rôle du Parlement au profit de celui des organes exécutifs. Les principes de démocratie directe sont valorisés pour prouver la volonté d'impliquer la population dans la prise de décision politique et entretenir l'illusion de pratiques démocratiques. Le référendum est présenté comme un instrument au service des citoyens. Le régime Biélorusse s'apparente selon A. Goujon au sultanisme, dans sa définition wéberienne, correspond à une domination patrimoniale qui se meut principalement dans la sphère d'un arbitraire» (p.80). [...]
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