René Otayek, spécialiste de l'Afrique est chercheur au CNRS, au Centre d'étude d'Afrique noire. Son champ d'études se situe ici dans ce qu'on appelle actuellement « la troisième vague de démocratisation », datée à partir de 1974 par S.HUNTINGTON. Cette vague se caractérise par la voie de « démocratisation » entreprise par plusieurs pays en voie de développement, notamment des pays africains. Ce champ d'études florissant fait l'objet de plusieurs essais, à tel point qu'on parle d'une « growth industry », et cela constitue donc une aubaine pour R. OTAYEK. En s'appuyant sur les analyses existantes des « situations africaines », il montre la complexité des concepts de démocratie, de culture politique, et la complexité des sociétés plurales. Par ailleurs, on peut considérer que l'auteur nous offre une critique afin de prévenir le lecteur du danger de certaines approches. Il nous montre également que la question de la démocratisation en Afrique est complexe.
[...] Nous avons déjà souligné la prédominance de l'approche stratégique et l'analyse de la culture politique sur l'opposition entre élites et masses. Quel problème cela cause-t-il ? Otayek reproche la prédominance de l'approche binaire qui peut constituer une analyse erronée. Pour Otayek, la culture des élites ne s'oppose pas automatiquement à la culture populaire dans la voie de démocratisation, mais il s'agit plutôt de prendre en compte la culture générale d'une société. Il existe ainsi, un ensemble de représentations, de symboles et d'images à l'échelle nationale du fait qu'elles sont incluses dans la pratique commune et cela constitue par la suite la culture politique du pays créant une relation particulière avec le pouvoir qui n'est pas de l'ordre de l'opposition entre les élites et les masses. [...]
[...] Otayek n'excuse pas cet oubli dans la mesure où certains chercheurs ont montré que la conscience religieuse pouvait être un marqueur de l'identité ethnique Or nous savons que les sociétés africaines sont des sociétés plurales où le facteur ethnique et le facteur religieux jouent un rôle essentiel dans la vie politique et sur les formes que prend la société. De la démocratisation en Afrique : quel constat ? L'auteur ne fait pas un état des lieux de la démocratie en Afrique, mais met plutôt en lumière la complexité du processus en pointant là où la démocratisation risque de rencontrer des obstacles sans pour autant conclure à une impossibilité. [...]
[...] Mais on peut tout de même souligner une dérive possible si l'on suit les recommandations fournies par Otayek. Certes on ne peut nier que la démocratie ne s'importe pas en un bloc d'un pays à l'autre, mais on peut se demander si le fait de s'adapter aux particularités sociopolitiques de chaque pays ne risque pas de vider de sa substance la démocratie. Il est vrai qu'il existe différents modèles de démocratie, mais ceux-ci sont en adéquation avec un certain nombre de valeurs communes et le fait d'accepter l'altérité de chaque pays peut à un moment donné poser problème. [...]
[...] Otayek finit néanmoins sur une note dubitative, il reste à élaborer le moyen de mettre en mettre place un modèle consociationnel. Le second défi est la religion et son articulation avec la politique. Ce qui se révèle dans les différents récits est l'hypothèse que la sécularisation ou la laïcisation sont les deux voies d'accès à la modernité politique. Mais il faut souligner que l'articulation entre religion et démocratie peut avoir des conséquences positives. En effet selon l'auteur, la religion est une structure de signification et c'est dans la mesure où elle est source de croyance, de normes, de mode de penser qu'elle joue un rôle incontestable dans la culture politique de chaque pays. [...]
[...] Selon l'auteur, une vision occidentale héritée de Hobbes, Locke et les lumières qui considèrent la démocratie comme l'individualisation et l'autonomisation du politique par rapport au religieux serait pas compatible avec l'instauration de la démocratie dans les sociétés précédemment décrites. Certes, il est indéniable que dans différentes sociétés africaines, il existe une primauté du statut particulier de chaque individu par rapport au statut national c'est-à-dire sa qualité de citoyen, mais est-ce pour autant un obstacle ? Cette question dans les sociétés africaines s'apparente à la problématique de l'ethnicité. [...]
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