L'idée que l'opinion publique se fait des médias n'est pas positive. On parle alors du « pouvoir des médias », ce dernier ayant les moyens d'influencer les esprits, d'être arbitre de par sa large diffusion et son emprise dans notre quotidien. Les critiques dirigées vers les médias sont nombreuses : la préférence du sensationnel à l'information, de l'anecdote à l'analyse ; ceux-ci seraient même responsables d'une démobilisation civique.
Pourtant, il est fondamental de s'éloigner des approximations et des caricatures afin de saisir les dimensions exactes du phénomène. Cela va donc pousser l'auteur à se questionner sur l'origine du pouvoir des médias. Celui que certains considèrent comme un quatrième pouvoir affranchi de tout contrôle et tirant sa légitimité du droit fondamental de la démocratie, la liberté d'expression. Dès lors, il convient de délimiter les contours du pouvoir des médias, plusieurs difficultés se posent : le niveau d'analyse (quel pouvoir sur quel groupe) ; l'extrême diversité des registres d'analyses possibles (attitudes, opinions, valeurs) ; le contenu des messages et enfin délimiter les supports ainsi que les types de producteur et de diffuseur. Le terme est donc sujet à une forte polysémie et une importante extension.
Le pouvoir des médias a commencé à être incriminé après la Seconde Guerre mondiale avec notamment le pouvoir de propagande en termes d'effets limités puis une interprétation en termes d'effets puissants dès les années 80. Deux visions antagonistes de l'influence des médias s'opposent : soit un média favorisant la discussion, la circulation de l'information et des idées participant de facto à la démocratie, soit un média qui encourage les tentatives de manipulation et constitue des supports efficaces d'uniformisation des consciences.
Bien sûr, chaque interprétation des médias que l'on peut avoir dépend de la conjoncture politique, idéologique, économique et sociale. Les contours de la notion précisée, il faut envisager les médias comme outils de communication producteurs d'effets particuliers sur les individus qui les utilisent. Autrement dit, il s'agit de poser la question du « pouvoir des médias » en essayant de repérer des effets imputables à la seule action des médias sur un certain nombre de phénomènes sociaux (vie politique, vie culturelle) ou sur une masse d'individus (comportements de violence, pratiques de vote).
Pour ce faire, il faut d'une part « recontextualiser » le phénomène - mettre en rapport avec le monde économique, social et culturel mais aussi la configuration médiatique - et d'autre part le « complexifier » - l'information diffusée doit être appréhendée comme la manifestation d'une procédure évolutive et changeante, qui s'inscrit dans la durée et qui s'étend de la production à la diffusion du message d'où l'intervention des Sciences de l'information et de la communication.
Il apparaît comme impossible de prendre en compte la totalité de la configuration médiatique, il faut donc se restreindre à n'analyser que les médias traditionnels (presse, radio, télévision) tout en prenant des chemins de traverse vers d'autres instruments et privilégier deux directions d'analyses : les médias et le politique et les médias et la culture. Selon l'auteur, le problème du « pouvoir des médias » est indécidable car il est impossible de disposer de véritables certitudes en la matière. Voilà pourquoi, l'ouvrage s'appuiera sur des exemples concrets et sur des études précises.
[...] Deux phénomènes majeurs doivent être mis en avant: d'abord, l'intensification de l'internationalisation des activités de communication qui varie selon les branches ; ensuite le développement d'un environnement marchand et industrialisé. Tous deux participent à l'accélération et à l'augmentation des volumes d'information échangés à travers le monde Entre le global et le local Quelles sont les conséquences de l'univers mondialisé de l'information et de la communication ? Assiste-t-on à une uniformisation ou à une variété de contenus ? Une homogénéisation des comportements ou une fragmentation des audiences ? [...]
[...] Dès lors, la promotion du livre passe par les talk- shows (Tout le monde en parle, On n'est pas couché) qui attirent les éditeurs par la dimension de coup médiatique et de l'éventuelle création d'une polémique. Ici, l'auteur n'est plus un écrivain ou un expert mais une célébrité. La médiation entre le texte et le public se fait alors par le biais du spectacle. Nous assistons alors à l'éclosion de bons clients dont la prestation orale fait mouche et dont Jean d'Ormesson en est un excellent exemple, il résume d'ailleurs lucidement le problème : Hier, on écrivait un livre pour connaître le succès et devenir célèbre, aujourd'hui une des conditions pour obtenir un succès dit littéraire est d'abord d'être célèbre. [...]
[...] La télévision devient alors un vecteur d'une parole critique, voire militante. Du fait de la décrédibilisation des classes politiques et des institutions autrefois respectée comme l'église, la télévision prend le rôle de transmetteur de messages privés. Toutefois, cette prise de parole est inégalement distribuée, en effet, la radio et la télévision sont forcées de sélectionner les intervenants sur certains critères comme l'aisance orale. Car la radio donne aussi, depuis quelques années, la parole à ses auditeurs dans une politique de proximité avec la France d'en bas Toutefois, un beau contre-exemple figure dans une étude sur la portée des messages des profanes à la radio dans les années 70 qui montre que l'expression à l'antenne de souffrance ne provoque pas nécessairement l'apathie des auditeurs. [...]
[...] Les plus gros consommateurs sont les individus peu diplômés, les retraités et les femmes. Les cadres, quant à eux, restent à l'écart de cette tendance tandis que les lycéens-étudiants sont à mi-chemin entre le comportement des classes populaires et des cadres. L'écoute de la télévision reste majoritairement une pratique familiale mais permet aussi une individualisation, particulièrement marquée chez les jeunes, grâce à l'autonomie individuelle dont ils font preuve et la désynchronisation des horaires. Toutefois, l'expansion des pratiques médiatiques a-t-elle eu une incidence sur les pratiques culturelles contemporaines ? [...]
[...] Le monde des idées et le monde artistique sont eux aussi sensibles au tourbillon médiatique. Si autrefois le champ universitaire disposait d'une autonomie, d'une légitimité face aux journalistes qui jouaient un second rôle ; cela n'est plus le cas aujourd'hui. Depuis la médiatisation de certains spécialistes et auteurs, notamment dès 1975 avec l'émission Apostrophes, s'est installé un nouveau rapport de force entre journalistes et universitaires, les premiers étaient devenus des acteurs à part entière dans l'attribution de la notoriété des seconds. [...]
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