Dans cet essai publié en 1996, Philippe Van Parijs revient, un an après la parution de Sauver la solidarité, sur l'un de ses thèmes favoris : la solidarité dans les sociétés occidentales. Après des études en philosophie, droit, économie politique, sociologie et linguistique dans les universités de Saint-Louis (Bruxelles), Louvain, Oxford, Bielefeld et Berkeley, le philosophe et économiste belge P. Van Parijs, né en 1951, a en effet écrit de nombreux ouvrages sur la liberté, l'écologie, mais aussi et surtout la justice sociale et les différents modes de redistribution possibles, et partant de là, la solidarité. Directeur de la Chaire d'Ethique économique et sociale de l'Université catholique de Louvain depuis 1991, il est aussi professeur honoraire dans de très nombreuses universités du monde entier, au premier rang desquelles le Department of Philosophy d'Harvard. P. Van Parijs est un auteur très prolifique, et un intellectuel actif et engagé : célèbre promoteur de l'allocation universelle, il a notamment co-fondé l'actuel Basic Income Earth Network, est membre de l'Institut international de Philosophie ainsi que de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts, en Belgique.
Cet essai, comme le précédent de P. Van Parijs, s'inscrit dans une réflexion sur les fondements éthiques de l'Etat-providence au niveau européen. Il est surtout porteur d'une revendication croissante : celle « de donner à chaque membre de la société un revenu complètement inconditionnel », et qui fait écho à la vision de Walter ou encore Atkinson.
C'est en introduction que l'auteur explique, en quelques lignes, le but de son ouvrage : il s'agit de « refonder » la solidarité afin de la « sauver » des dangers que lui fait courir la mondialisation, notamment économique, de lui permettre de traverser les frontières et de restaurer à la fois la « confiance » et la « marge de manœuvre » de tous. Autrement dit, de formuler de nouveaux principes sur lesquels baser les « institutions qui mettent la solidarité en œuvre », mais aussi de donner un nouveau socle à la solidarité.
[...] Mais il importe de fonder un système fondé sur la solidarité forte et non uniquement sur l'assurance, car si les revenus attendus sont inégaux les couvertures vont l'être aussi. La limite à poser à cette solidarité forte est celle du maximin : elle doit s'arrêter si elle devient contreproductive autrement dit si les personnes dont le revenu est supérieur au minimum utilisent leur surplus de revenus pour améliorer leur propre prise en charge (opérations ou assurances complémentaires, par exemple), ce qui aurait pour effet de tirer le système de santé vers le haut, de le dualiser tant et si bien que cela réduirait à terme la solidarité forte. [...]
[...] "Refonder la solidarité", Philippe Van Parijs (1996) Dans cet essai publié en 1996, Philippe Van Parijs revient, un an après la parution de Sauver la solidarité, sur l'un de ses thèmes favoris : la solidarité dans les sociétés occidentales. Après des études en philosophie, droit, économie politique, sociologie et linguistique dans les universités de Saint-Louis (Bruxelles), Louvain, Oxford, Bielefeld et Berkeley, le philosophe et économiste belge P. Van Parijs, né en 1951, a en effet écrit de nombreux ouvrages sur la liberté, l'écologie, mais aussi et surtout la justice sociale et les différents modes de redistribution possibles, et partant de là, la solidarité. [...]
[...] Néanmoins, on peut craindre que les fondements éthiques de l'État providence tel que l'envisage P. Van Parijs ne restaureraient pas la solidarité dans la mesure où les individus, et notamment les plus riches, seraient obligés de verser à l'État une part de leurs revenus et héritages, part qui serait redistribuée aux membres de la société universellement et inconditionnellement, et permettrait donc désormais à certains d'entre eux de mener les vies qu'ils désirent tout en cessant s'ils le souhaitent de travailler. [...]
[...] Mais peut-on pour autant parler de rentes d'emploi liées à la rareté de l'emploi, comme le fait l'auteur ? Les emplois ne sont-ils pas tout de même, dans une certaine mesure, distribués selon des diplômes ou compétences que beaucoup pourrait atteindre en s'en donnant personnellement les moyens ? Et ainsi, cette allocation universelle ne serait-elle pas un frein à la croissance, en n'encourageant plus la population au travail ? On peut le penser. Après les libéraux, les résistances se situeraient sans doute à un tout autre niveau : celui des syndicats. [...]
[...] L'auteur montre qu'au contraire, l'impératif de l'équité dans une société que l'on souhaite juste veut que l'on distribue aux membres de la société un revenu uniforme équivalent à la rente des ressources initiales. Pour contrer la logique inéquitable de l'héritage, Van Parijs préconise aussi la taxation de l'héritage et la redistribution du produit de cette taxe, au taux qui maximise le rendement de l'allocation universelle. L'auteur avance aussi l'idée d'attribuer à tous des droits de polluer négociables, pour réduire la pollution et augmenter le montant de l'allocation. Du fait de la rareté des emplois (devenus privilèges il propose l'imposition des revenus marchands et la redistribution du produit de cette taxe. [...]
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