L'ouvrage Exporter la liberté. Echec d'un mythe, de Luciano Canfora, paraît en janvier 2008. Son auteur, professeur de philologie grecque et latine à l'université italienne de Bari et directeur de la revue « Quaderni di Storia » (les cahiers de l'Histoire), est à l'origine de nombreuses autres publications, dont La véritable histoire de la bibliothèque d'Alexandrie (1986), Jules César, le dictateur démocrate (2000), ou La démocratie, histoire d'une idéologie (2004).
Dans Exporter la liberté. Echec d'un mythe, il dresse un tableau des politiques « libératrices » qui ont été menées depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, avec comme exemple le plus récent l'intervention étasunienne en Irak. Plutôt que de faire une analyse thématique, Luciano Canfora propose une série d'exemples pris dans leur individualité, à travers lesquels il met en relief les véritables motivations qui poussent certains Etats à intervenir au nom de la liberté.
[...] On s'est alors concentré sur une nécessité pressante d'apporter la liberté et la démocratie au peuple irakien. C'est alors que Luciano Canfora interroge l'ironie de cette excuse, qui présente l'apport de la démocratie comme quelque chose d'urgent. Pourquoi s'agit-il ici d'une nécessité imminente et non pas pour d'autres pays tels que la Libye, la Birmanie ou le Pakistan ? Le problème majeur dans cette affaire est cependant l'éclatement d'un conflit civil d'une virulence extrême. Les factions anglo-américaines s'étant prononcées en faveur du groupe chiite, la violence a éclaté en Irak, plongeant le pays dans une guerre fratricide. [...]
[...] De cette façon, lors de l'intervention soviétique au Cambodge des Khmers rouges soutenus par la Chine pour ce que Luciano Canfora considère une urgence humanitaire, les Occidentaux l'auraient qualifiée de politique régionale d'intervention. Par ailleurs, et c'est là le point central de l'analyse de Luciano Canfora, l'exportation de la liberté ne poursuit en aucun cas l'apport de la liberté à des peuples opprimés. En effet, c'est en réalité pour des raisons stratégiques et politiques que ce genre de campagnes est mené, sous couvert d'une mission beaucoup plus noble et plus susceptible d'être acceptée. [...]
[...] La deuxième situation dans laquelle peuvent être les peuples dits libérés est dans celle d'une nouvelle alliance avec leur libérateur Ainsi, le siège de Stalingrad a permis à Staline d'acquérir un grand capital de prestige pour avoir apporté la paix en Europe ce qui se traduira ensuite par la création d'une aire d'influence. Pour terminer l'exposition des arguments principaux de Luciano Canfora, il est indispensable de s'attarder sur le fait que ce grand cynisme qui caractérise les tentatives d'exporter la liberté peut parfois se solder par une tragédie, un bain de sang. [...]
[...] Il s'agit des dérives sanglantes de l'exportation de la liberté. L'exemple le plus récent et qui n'est toujours pas clos, raison pour laquelle il est intéressant de se concentrer sur celui-là, est le cas de la guerre d'Irak. Il semble réunir toutes les caractéristiques de l'échec de la libération. En effet, lorsqu'en mai 2003, les États-Unis, épaulés par la Grande-Bretagne, envahissent l'Irak, ils revendiquent comme justification leur possession d'armes de destruction massive. Or, cette excuse s'étant vite avérée infondée et fausse, il a fallu trouver un autre motif de cette invasion. [...]
[...] En ce qui concerne le fond, cet ouvrage permet avant tout un survol historique des tentatives et des échecs de l'exportation de la liberté à travers les époques, étant donné le fait que ce genre de thèses a fait l'objet de nombreuses discussions, notamment lors d'évènements d'ordre médiatique, comme ce fut le cas de la guerre en Irak. Néanmoins, et si on peut regretter la brevetée de l'œuvre, et donc le manque forcé de précision, Luciano Canfora propose un véritable éclairage sur certains points peu connus. [...]
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