L'autorité et l'individu reprend une série de six conférences (The Reith lectures) diffusées par la BBC en 1948. Bertrand Russell (1872-1970) est un militant de gauche, mais anticommuniste depuis son voyage en URSS en 1920, avec des convictions proches de l'anarchisme. Engagé en faveur de l'humanisme et de la libre pensée, il se dit philosophiquement agnostique et athée en pratique. Pour lui, on ne peut pas prouver l'existence de Dieu ou des dieux, mais il est fortement convaincu de leur inexistence. La question centrale de l'ouvrage, formulée d'entrée de jeu par B. Russell, pose le problème de l'équilibre délicat à instaurer pour combiner un degré d'initiative individuelle, nécessaire au progrès, avec le degré de cohésion sociale nécessaire à la survie (p 1).
Du système d'organisation tribal au système national voire mondial, l'homme s'est trouvé de plus puissantes forces de cohésion sociale au fil de l'histoire. De géographique (le territoire), la loyauté envers le groupe est devenue ethnique (fusion de peuples entre eux suite aux conquêtes successives) puis religieuse et enfin psychologique (à travers les « propositions » de mode de vie à tendance universaliste que sont le communisme ou « l'American way of life »). De fait, deux logiques de comportements en ont résulté : une logique de coopération envers ses amis et de compétition envers ses ennemis selon qu'ils adhèrent ou non au même type de valeurs. La ligne directrice de tous ces développements tient pourtant à un seul ressort : la peur inspirée par l'ennemi commun. Le présupposé de cette affirmation réside dans la nécessité d'une confrontation entre les hommes. Sans ce piment capable d'activer et de raffiner l'existence humaine, la vie serait terne, grisâtre et sans raison apparente, pour l'homme, de se dépasser pour obtenir un titre de gloire. La compétition joue donc un certain rôle dans notre bonheur, parce que nous avons besoin de nous illustrer pour nous identifier aux yeux des autres comme de nous-même (quête du divertissement). Ce facteur de structuration sert à expliquer les difficultés inhérentes à une unification mondiale, aboutissement logique du phénomène d'association observé dans l'histoire. Comment assurer une coopération à l'échelle mondiale, c'est-à-dire en agrégeant tous les peuples de la planète, sans pouvoir désigner d'ennemis communs à craindre ?
[...] Ils lui ont confié la mission de sensibiliser les Européens à l'histoire et aux valeurs qu'ils partagent tout en respectant les particularités culturelles locales et régionales. Mais la référence à une culture mondiale commune doit-elle alors être comprise comme une homogénéisation de la culture ou, au contraire, comme une balkanisation harmonieuse ? Compte tenu de la différence irréductible de l'ensemble des cultures du globe la première solution paraît irréaliste et non souhaitable. Ce qui revient alors à nous interroger sur la possibilité ou non d'un multiculturalisme mondial. Ce concept doit alors faire l'objet d'une analyse. [...]
[...] Théoriquement, le travailleur a besoin d'être revalorisé comme individu à part entière, ce que le travail à la chaîne avait entamé dans sa chaire en les transformant en esclaves. Plus concrètement, c'est dans un système de démocratie locale à petite échelle où chaque participant tient un rôle effectif et partant attractif que s'éteint la lutte stérile entre intérêts privés et publics. Il faut mettre en place ce que l'on peut qualifier de système de déconcentration, c'est à dire un fractionnement des pouvoirs par un fractionnement des problèmes. [...]
[...] Sans ce piment capable d'activer et de raffiner l'existence humaine, la vie serait terne, grisâtre et sans raison apparente, pour l'homme, de se dépasser pour obtenir un titre de gloire. La compétition joue donc un certain rôle dans notre bonheur, parce que nous avons besoin de nous illustrer pour nous identifier aux yeux des autres comme de nous-même (quête du divertissement). Ce facteur de structuration sert à expliquer les difficultés inhérentes à une unification mondiale, aboutissement logique du phénomène d'association observé dans l'histoire. Comment assurer une coopération à l'échelle mondiale, c'est à dire en agrégeant tous les peuples de la planète, sans pouvoir désigner d'ennemis communs à craindre ? [...]
[...] Cette critique d'une marche débridée à la civilisation n'est alors pas sans rapport avec ce que F. Engels analyse dans L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat (1884) : le stade de la production marchande avec lequel commence la civilisation est caractérisé ( ) par la monnaie ( ) la propriété privée foncière ( ) et le travail des esclaves comme forme dominante de la production Dénonçant le passage d'une maîtrise des producteurs sur le processus de production et sur le produit, à son dessaisissement. [...]
[...] Ses fonctions de garant de la sécurité et du bonheur de chacun ont conduit à étouffer progressivement l'esprit d'initiative. Le respect à l'endroit de son autorité a intensifié ses prérogatives tout en atrophiant les libertés de l'individu : L'art est devenu conventionnel et la science s'est paralysée ; ce qui rentre en contradiction avec l'activité même de création. Non seulement le progrès, dans ce domaine, appelle à isoler des individus exceptionnels qui porteront leur génie au fait des progrès de la société à laquelle ils appartiennent mais ces derniers ne pourront y contribuer que s'ils se sentent libres de pouvoir l'exercer. [...]
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