Dans Théorie de la Justice, dont est issu ce passage, Rawls veut résoudre le problème de la justice distributive (selon la définition d'Aristote : « justice qui s'exerce dans la distribution des honneurs ou des richesses ou des autres avantages qui peuvent être répartis entre les membre d'une communauté politique ») par l'utilitarisme et donc le Contrat Social. La théorie en résultant est celle de la justice comme équité, d'après laquelle il tire ses deux principes de base de la justice : le principe de liberté et le principe de différence.
[...] L'improbabilité d'une ‘rationalité totale' Dans le paragraphe 64 de Théorie de la justice intitulé La délibération rationnelle, Rawls s'interroge sur l'existence d'une rationalité ou non dans nos prises de décision. Il va pour cela essayer de définir quelles sont les procédures explicites de décision dans le choix de poursuivre un projet plutôt qu'un autre. Rawls entend par projet tous ceux qui sont compatibles avec les principes de calculs et les autres principes du choix rationnel». Dans un premier temps, Rawls explique que les calculs sont insuffisants à prendre une décision rationnelle pour trois raisons : - les calculs ne sont pas applicables car les projets ne sont pas toujours complets - les moyens ne sont pas neutres - les calculs ne sélectionnent qu'une classe maximale de projets Il existe donc, en dehors des calculs, d'autres critères rationnels qui peuvent entrer en compte dans la délibération rationnelle. [...]
[...] ( Comme Rawls l'a définit lui même, la rationalité qu'il théorise relève de la subjectivité. Ainsi, il apparaît peu probable qu'une telle conception puisse s'appliquer au politique d'autant plus qu'elle est difficilement réalisable et ne prend pas en compte la multiplicité des critères qui s'offrent à l'individu se trouvant face à une prise de décision. En effet, Rawls décrit ici un individu stratège qui parvient à se poser la question du meilleur choix possible. Or, dans certaines circonstances, l'individu est incapable de mener à bien un tel raisonnement. [...]
[...] En effet, aucune situation ne donne l'occasion de mesurer les situations : la prévisibilité du futur et l'anticipation par l'imagination ne sont effectivement jamais de mise. Seule le facteur ‘chance' peut permettre de choisir ce qu'il est le mieux. ( L'individu doit donc se contenter de faire en sorte qu'il n'est jamais de regret. En cela, le bien rejoint la notion de justice. La justice non plus ne doit pas conduire à se faire des reproches si les pires possibilités se réalisent. [...]
[...] Rawls va alors reprendre la théorie de Sidgwick. Selon lui, la délibération rationnelle se fait en vue du bien futur de l'individu dont il donne la définition suivante : ce qu'il désirerait et rechercherait maintenant s'il pouvait voir dans ce même maintenant, de manière précise, et se représenter d'avance, correctement en imagination les conséquences de toutes conduites entre lesquelles il a à choisir. En fixant cette définition, Sidgwick induit qu'il y a plusieurs conditions à la rationalité de l'acteur : - l'agent doit être capable de passer en revue les conséquences de chacun des projets s'ils étaient choisis pour finalement n'en retenir qu'un seul. [...]
[...] L'étude de la genèse des désirs donne une réponse à ce phénomène : les désirs peuvent résulter d'une généralisation excessive ou d'association d'idées plus ou moins contingentes ou encore de souhaits excessifs liés à une période d'anxiété, de privation. Toutefois, même si ces désirs peuvent nous pousser à préférer un projet qui n'est pas forcément le meilleur, ce sera quand même celui qui correspond au mieux à l'atteinte de ce désir. Ainsi, là encore on peut dire que l'acteur reste rationnel, même si cette rationalité résulte d'un processus de réflexion subjectif. Le temps joue également un rôle dans la prise de décision. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture