En 2006, après cinquante années de « construction européenne », le philosophe politique Pierre Manent publia un ouvrage intitulé "La raison des nations". D'emblée, en couverture, l'auteur annonce qu'il y entend développer des réflexions sur la démocratie en Europe.
Alors, quelles sont ces réflexions? En d'autres termes, quelles sont les différentes thèses défendues par Pierre Manent dans cet ouvrage Quels enseignements peut-on tirer de ces réflexions?
Afin de répondre à ces interrogations, nous présenterons cet ouvrage en trois temps. Après avoir situé l'auteur et son projet d'écriture, nous détaillerons les thèses qu'il y défend. Enfin, adoptant une démarche plus critique, nous discuterons la portée et la pertinence des enseignements qu'il est loisible de tirer de cet ouvrage.
[...] Ainsi, de par le phénomène qu'il étudie, P. Manent rejoint les écrits d'autres philosophes politiques, comme Jürgen Habermas, théoricien de la constellation post-nationale (Voir Après l'Etat-nation, 1998), voire de protagonistes de la scène politique française, comme Jean-Pierre Chevênement, qui s'appuiera d'ailleurs, dans La faute de M. Monnet (2006), à maintes reprises sur les analyses de P. Manent développées dans cet ouvrage. Alors, quelle est cette analyse ; quelles sont les thèses défendues par P. Manent dans La raison des nations ? [...]
[...] Depuis lors, se réclamant d'une légitimité supérieure, l'Union Européenne réduit clairement la souveraineté des Etats-nations européens. Le second édifice participant de la fin de la continuité de l'histoire nationale européenne est l'Etat- providence. Selon P. Manent, celui-ci attente au second artifice garantissant la continuité de la nation : le gouvernement représentatif. En effet, la représentation se doit d'avoir pour modèle un peuple, pris dans la diversité de ses couches sociales Toutefois, avec l'Etat- providence, la représentation ne veut plus voir cette diversité du peuple qu'elle est censée représenter ; elle l'ignore. [...]
[...] La Raison des nations, réflexions sur la démocratie en Europe, Pierre Manent En 2006, après cinquante années de construction européenne le philosophe politique Pierre Manent publia un ouvrage intitulé La raison des nations. D'emblée, en couverture, l'auteur annonce qu'il y entend développer des réflexions sur la démocratie en Europe. Alors, quelles sont ces réflexions ? En d'autres termes, quelles sont les différentes thèses défendues par Pierre Manent dans cet ouvrage ? Quels enseignements peut-on tirer de ces réflexions ? Afin de répondre à ces interrogations, nous présenterons cet ouvrage en trois temps. [...]
[...] Détaillons l'argumentation de laquelle procède cette thèse. L'auteur part du constat qu'il existe, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, une passion de ressemblance, qui amène chacun à s'obliger de ne pas voir les différences qui le séparent d'autrui. Ainsi, l'on condamne unanimement celui qui oserait affirmer qu'une différence fondamentale nous sépare des autres peuples. Ceci a pour conséquence le sentiment illusoire que l'humanité va vers son unification nécessaire, puisque tous les hommes sont semblables. Cette illusion, si elle est partagée de part et d'autre de l'Atlantique, prend toutefois des formes différentes. [...]
[...] Il semble donc que ce ne soit pas la communication qui crée la communauté, mais l'inverse. Soulignons en outre que le dernier chapitre, La religion, sera également l'occasion d'invalider cette illusion d'universalité et de ressemblance (voir plus bas). Ainsi, dans cette introduction, l'auteur soutient une première thèse selon laquelle une illusion d'une unification nécessaire de l'humanité prévaut en Europe, et qu'elle a pour conséquence une dilution de la nation. Il nous faudra garder ce point en mémoire durant ce qui suit, car cette thèse sous-tend véritablement à maintes reprises les autres analyses développées. [...]
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