La Raison des nations, « Réflexions sur la démocratie en Europe », P. Manent, 2006, effacement de l’Etat-nation européen
Normalien et agrégé de philosophie, Pierre Manent (1949) est professeur de philosophie politique, et directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), au Centre d'Études politiques Raymond Aron. Ses travaux ont porté sur la question des formes politiques. Ses thèmes de prédilections sont donc ceux de la Cité, de la Nation et de la République. Dans La Raison des nations, Manent livre ses réflexions sur la construction européenne et l'avenir de la nation. Manent part d'un constat, celui du « démantèlement, de la forme politique, qui depuis tant de siècles, a abrité les progrès de l'homme européen, à savoir la nation ». Il précise, en avant-propos que la religion occupe une grande place dans cet essai. Selon lui, « Le politique et le religieux ne sont jamais entièrement séparés ni séparables. On ne peut donc comprendre l'un et l'autre que si on ne les sépare pas ».
[...] Le gouvernement représentatif ne doit-il pas faire place à la gouvernance démocratique ? B. Seule la généralité est légitime En effet, toute action collective ou individuelle n'a plus pour nous de légitimité, et même, finalement, d'intelligibilité que si elle peut être subsumée sous une règle universelle de droit ou sous un principe “éthique” universel Ce principe justifie la paresse politique. Mais, nous nous consolons en considérant qu'en tant que parties de l'Union européenne nous formons la première association ( ) de l'humanité réunie Manent, remarque que ce trait rapproche notre radicalisme éthique de ce qui semble d'abord son ennemi par excellence ( ) le “fondamentalisme” religieux. [...]
[...] La Raison des nations Réflexions sur la démocratie en Europe - P. Manent FICHE DE LECTURE La Raison des nations, Réflexions sur la démocratie en Europe P. Manent Normalien et agrégé de philosophie, Pierre Manent (1949) est professeur de philosophie politique, et directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), au Centre d'Études politiques Raymond Aron. Ses travaux ont porté sur la question des formes politiques. Ses thèmes de prédilections sont donc ceux de la Cité, de la Nation et de la République. [...]
[...] La nation n'est plus la communauté de référence Pour nous Européens (et Américains), Ce que nous sommes réellement est inscrit dans notre régime politique, dont le pivot est l'État ou “laïque” ( Mais notre “État neutre et agnostique” suffit-il à nous définir ? L'instauration d'un État neutre et laïque suppose la formation préalable d'une nouvelle communauté sacrée, la nation ( ) “Communauté par excellence”, succédant ainsi à l'Église À partir du moment où on oublie cela, alors l'État laïque ne peut plus tenir. [...]
[...] La vérité échappe souvent sous la forme d'un lapsus, dans le cas présent le voici : l'Europe n'est pas un club chrétien Originellement l'Europe est un club et on veut dire que l'Europe n'est pas chrétienne, mais on ne peut pas le dire, car, selon Manent La seule chose qui empêche de dire que l'Europe n'est pas chrétienne, c'est qu'elle l'est En élargissant l'UE, nous avons essayé de sortir de notre condition européenne, mais c'est en vain. Mais, la vacuité spirituelle de l'Europe indéfiniment élargie est telle que la question revient avec une urgence accrue. Qui peut vivre dans un monde humain dépourvu de toute forme ? L'UE, et aussi l'État providence, dans une mesure bien moindre, apparaissent comme l'une des causes et des formes principales de l'affaissement des nations européennes. De plus, l'universalisme ambiant aujourd'hui sape la démocratie. Enfin, Manent attaque également la laïcité. [...]
[...] Et la désacralisation de la nation, quelle qu'en soit la raison, transforme l'État en simple échelon technique de gouvernement. En conséquence, les communautés jusque-là subordonnées à la nation s'en détachent et aspirent à se suffire à elles-mêmes. Le principe unificateur=la nation a perdu sa force liante Pr trouver du sens, on se réfugie dans les définitions du passé dans les régions et dans les religions Or, selon Manent, la nation est le cadre au sein duquel l'individu, citoyen, acquiert sa pleine humanité. [...]
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