Les problèmes d'immigration et d'identité nationale se posent non seulement en France, mais plus généralement dans l'Europe tout entière. Contrairement à ce que prétend l'actuel président français, l'on traite de ce problème depuis plus de deux décennies. Face à cette idée reçue, cet ouvrage se propose de dénoncer la récupération politique de l'identité nationale visant à stigmatiser les immigrés, présentés comme les "autres".
Employée dans le vocabulaire politique depuis le début des années 1970, l'expression « identité nationale » mobilise deux critères selon le philosophe Paul Ricoeur : la mêmeté (similarité) et l'ipséité (conscience de soi, affirmée par un récit). Historiquement, les nations sont apparues dès le XVIIIe siècle dans un contexte de concurrence, chaque national revendiquant la supériorité de sa propre nation.
En France, les révolutionnaires ont défini la nation en tant que « tiers état » (SIEYES). Mais en Allemagne, les révolutionnaires sont allés plus loin : le concept d'identité nationale y est forgé selon la mêmeté (langue) et l'ipséité (mémoire collective). L'histoire est posée comme la discipline qui permet de faire le récit de la nation.
[...] L'identité nationale n'est pas une réponse à une menace. Conclusion Cet ouvrage montre donc combien sont ancrées la conception et la notion d'identité nationale au sein du vocabulaire politique depuis ces dernières décennies. Non seulement elle n'est pas politiquement neutre, mais encore elle porte en elle les germes de divergences idéologiques fortes. L'identité nationale, originellement objet d'études sociologiques, s'est converti en éventail politique que les partis agitent afin d'amener à eux certaines voix lors des élections. Il convient donc de faire de cet objet d'études, une notion qui revient aux chercheurs, avant de la laisser manipulée aux mains de professionnels quêtant des votes. [...]
[...] Il définit l'identité nationale de la France en dénonçant son contraire eux et nous ce contre quoi l'écrivain Amin Maalouf s'oppose. Le Pen désigne les musulmans explicitement comme menace pour l'identité nationale alors que Sarkozy procède par allusions. Il dit que les religions juive, protestante et catholique sont des composantes légitimes de l'identité française. Et l'Islam? Wellou! Dès lors qu'il a prouvé que l'identité nationale est menacée par les clandestins, il a carte blanche pour créer son ministère. La langue tient une place importante dans les critères d'immigration, ainsi que les valeurs républicaines. [...]
[...] La campagne du candidat UMP a été marquée par l'importance de l'identité nationale et de l'immigration. Ma France, c'est une nation qui revendique son identité, qui assume son histoire L'immigration a été un thème majeur de sa campagne car il était jugé l'homme le plus crédible sur ce point et d'autre part, il voulait attirer l'électorat lepéniste. M. Sarkozy affirme que personne avant lui n'a osé parler de l'identité nationale et qu'il était le premier à s'engager sur un sujet jugé tabou. [...]
[...] Cela a permis de réactiver le clivage droite/gauche car depuis un siècle, la droite a privilégié le national et la gauche le social Chez Royal, ce n'est plus la classe ouvrière qui constitue la résistance mais la femme. Le féminisme, dans le discours de Royal joue le même rôle que les valeurs républicaines dans celui de Sarkozy. Selon la candidate socialiste, l'identité nationale a le visage d'une femme et son principe de continuité s'inscrit dans les combats que les femmes ont menés. Enfin, elle affirme que la crise de l'identité nationale est due à l'aggravation des inégalités sociales. Elle ne voit pas l'immigration comme une menace bien qu'elle lutte contre l'immigration clandestine. [...]
[...] Le patriotisme de gauche s'oppose au nationalisme barrésien. Une donnée historique est à retenir pour comprendre la conception de l'identité nationale. Au lendemain de la Grande Guerre, les antagonismes en Europe sont aiguisés. C'est dans ce contexte que le gouvernement français opte pour une immigration choisie (Pologne, Italie), de sorte qu'elle réponde uniquement aux besoins économiques du pays. Malgré ce choix, le climat se dégrade en raison de la violence de la crise économique et des secousses coloniales. On observe la montée des fascismes en Europe: dès 38, Daladier est pris dans l'engrenage d'une politique nationale sécuritaire, le lit de Vichy est modelé. [...]
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