La devise des Etats-Unis, E pluribus unum (One out of many, De plusieurs un seul), pose tout d'abord le constat d'une diversité consubstantielle à l'existence de la nation américaine. Si celle-ci est un fait de nature, les différentes voies d'atteindre l'idéal de faire de « l'un » avec du « pluriel » relèvent quant à eux de l'idéologie. Au fameux « melting pot » qui vise à la création d'un homme nouveau transcendant les différences dont il s'est nourri, on peut opposer le concept plus récent de « salad bowl ». Les individus pourraient alors garder les spécificités qui fondent leur identité, et coexister et interagir au sein d'une société où les différents groupes d'intérêts s'affronteraient à égalité pour influencer la politique nationale, avec pour résultat compromis et modération. Il s'agit du pluralisme, que la diversité de fait ne suffit pas à établir. Le problème américain est alors comment préserver la complexité de l'individu tout en préservant le lien social et une certaine identité nationale nécessaire à la cohésion nationale, qui est précisément le lieu où l'unification s'effectue.
A travers un ouvrage dont les chapitres sont rédigés par des auteurs différents mais placé sous la direction unificatrice de Denis Lacorne, la question de la diversité et du pluralisme au Etats-Unis peut être envisagée, entres autres, à travers les perspectives de l'immigration, des structures de gouvernement et de la religion.
[...] C'est sur cette base qu'a pu se développer le courant de la pensée juridique progressiste, qui définit la Constitution comme un simple instrument de gouvernement et de répartition des compétences, qui peut servir à étayer les revendications sociales des différentes époques. Cependant, cette souplesse même, à laquelle contribue la répartition des fonctions entre états fédérés et État fédéral, est à l'origine des limites de son application. Ainsi, les 14e et 15e amendements sont contournés dans les états du Sud par l'arrêt de la Cour Suprême Plessy v. [...]
[...] Le changement imposé par le bas les mouvements informels pour une meilleure prise en compte des différences Les groupes ethniques comme médiation entre l'échelle de l'individu et celle de l'État Dans le cadre de l'émergence d'une société post-nationale, avec des communautés supranationales, où les différences sont exacerbées contre l'idée de creuset qui les estomperait, Denis Lacorne, s'appuyant sur le constat du changement des modes de vie, propose la notion de société ethnocivique dans laquelle le groupe ethnique serait redevenu un facteur d'assimilation, comme ce fut le cas aux tout premiers débuts de l'immigration aux États-Unis au XIXe siècle. Les associations communautaires Les groupes informels ont acquis leur pleine importance lors du tournant identitaire. Au sein de la New Left étaient ainsi rassemblés les mouvements étudiants comme Students for a Democratic Society féministes, et antiracistes comme CORE. Cependant, les divergences apparaissent vite entre les étudiants majoritairement blancs pacifistes, et défendant par conséquent un intérêt, et militants noirs luttant pour faire reconnaître leur identité niée. [...]
[...] Ce fait est renforcé par le fonctionnement des différentes institutions religieuses comme point d'ancrage pour les immigrants, qui y retrouvent leurs compatriotes et créent des réseaux d'entraide. Le pluralisme en question La croisade protestante (Ray Billington, in A Study of the Origins of American Nativism) Dans les années 1950, on assiste à la montée en puissance de groupes protestants conservateurs convaincus d'être porteurs de l'identité culturelle américaine, qui se traduit par une série d'actes d'intolérance à l'égard des autres communautés religieuses. On peut ainsi convoquer l'exemple des incendies de couvents en Nouvelle-Angleterre, et des lynchages de Mormons. [...]
[...] Les restrictions qualitatives Les premières réglementations sont qualitatives, et se basent sur des critères de sélection ethniques ou sociaux. Les premiers à faire l'objet de refus d'admission sur le sol américain le sont pour des raisons morales, c'est-à-dire les aliénés mentaux, et pour des raisons sanitaires, donc par crainte de maladies contagieuses. Les mesures touchent ensuite les Chinois, avec le Chinese Exclusion Act de 1882, renouvelé tous les 10 ans. Les dernières mesures adoptées au XIXe siècle visent indirectement les nouveaux immigrants notamment par l'instauration de test d'alphabétisation, et qui exclut par conséquent les ressortissants de pays agricoles au système scolaire encore peu développé. [...]
[...] Cette hiérarchisation est justifiée pseudo scientifiquement par le darwinisme social. Avec la diversification des flux d'immigration, de nouveaux paramètres sont pris en compte dès la fin du XIXe siècle, comme l'introduction, parallèlement au critère racial, de l'origine nationale et de la langue. Pourtant, on ne peut que constater la prééminence exclusive de l'idée de race, la nationalité étant considérée comme s'estompant à la troisième génération, alors que la race serait indélébile. On a ainsi abusé de ce principe à propos de la race japonaise dont certains membres ont été envoyés dans des camps au lendemain de l'attaque de Pearl Harbor, alors qu'il était né sur le sol américain. [...]
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