Il est certain qu'Emile Ollivier n'a pas laissé un souvenir impérissable dans la mémoire collective, son nom est inconnu à de nombreux français, son action encore plus. Pourtant il a été un homme politique, républicain, de premier plan pendant une quinzaine d'années sous le IInd Empire. Les républicains étaient alors très divisés : à l'extrême gauche se trouvaient les néo-jacobins admirateurs de Robespierre et de la Terreur essayant continuellement de transformer un quelconque mécontentement en véritable révolution parisienne ; plus proches du centre les républicains de gouvernement un peu plus modérés que les précédents très anticléricaux et hostiles à toute forme de monarchie. Ces républicains de gouvernement étaient eux aussi soumis à des tensions internes : les « moins modérés », connus à partir de 1869 sous le nom de radicaux refusaient toute alliance avec le régime, et d'autres plus conciliants : les modérés disposés à se rallier au régime si celui-ci faisait un pas vers le parlementarisme. C'est à cette mouvance la plus modérée des républicains de gouvernement qu'Emile Ollivier appartenait. Il fut remarqué en 1857 lorsque récemment élu député de la Seine il accepta de prêter serment à l'Empire afin de pouvoir effectivement siéger au Corps législatif. Emile Ollivier s'affirma très vite comme l'orateur principal de la petite opposition des « Cinq » (du nombre de républicains siégeant en 1857). Le décret du 24 novembre 1860 rétablissant le droit d'adresse au profit des députés et des sénateurs fit naître en lui l'espoir d'une évolution du régime vers un Empire parlementaire à la construction duquel il se voua désormais. Réclamant vigoureusement des réformes Ollivier fut réélu en 1863 et se rapprocha du régime en acceptant d'être le rapporteur de la loi de 1864 octroyant le droit de grève, puis en rencontrant l'Empereur l'année suivante. Plusieurs portefeuilles ministériels lui furent proposés en 1865 d'abord puis en 1867, il refusa toujours, ne voulant pas entrer seul au ministère, entouré de bonapartistes. Il voulait au contraire que son arrivée au pouvoir signifiât clairement le triomphe de ses idées et le ralliement de l'Empereur à ses convictions. Aux élections législatives de juin 1869 le tiers parti (mouvance née en 1863 de l'association des orléanistes libéraux avec les républicains les plus modérés) d'Emile Ollivier obtint une franche majorité des suffrages. Napoléon III se vit alors dans l'obligation de réaliser le programme du tiers parti qui demandait que le gouvernement fût « responsable devant l'Empereur et devant les chambres ». Un gouvernement de transition fut formé, chargé d'organiser la réforme par sénatus-consulte, ce qui fut fait le 8 septembre 1869. Ollivier voyant ses exigences de parlementarisme comblées put alors envisager et faire savoir son ralliement au régime. C'est ce qu'il fait à travers le texte qu'il nous est donné d'étudier : Ollivier annonce le 2 octobre les grandes orientations du programme de son futur gouvernement sachant que l'Empereur ne pourra plus hésiter longtemps avant de l'appeler à en former un.
Pour l'étude de ce texte, nous adopterons la position suivante : mettre en évidence ces grandes orientations en matière de politique extérieure et de politique intérieure puis montrer qu'Ollivier fait preuve ici d'un sens hors norme du compromis, du consensus, voire même de la concession.
[...] Si l'Empereur croit devoir m'employer, qu'il le fasse en tirant de moi le plus de profit possible ; qu'il me charge par une note au Moniteur de former un ministère. Voilà qui frappera les esprits et sera très efficace. Dans ce ministère, je proposerai quelques-uns des ministres actuels, Magne surtout mais aussi Chasseloup, les ministres de la Marine et de la Guerre ; si cela se peut, ce qui est incertain, Forcade, mais pas à l'Intérieur. Les autres ministres seront pris dans les Cent Seize. [...]
[...] Ollivier et conscient de cette réalité c'est pourquoi il ne hasarde pas à évoquer de telles réformes. Pour autant cela ne signifie pas qu'il les désirât moins que Gambetta. Cet aspect du programme fait donc apparaître Ollivier comme un fin politique, conscient de ce que le régime peut, ou non, lui accorder et tout disposé à faire des compromis, des concessions pour arriver à ses fins. Et si, selon Mendès-France, gouverner c'est choisir alors Ollivier a clairement fait le choix du consensus. [...]
[...] L'utilisation de la liberté comme arme continue dans le paragraphe suivant (à partir de la ligne 36). Celui-ci explique que la liberté permet également de lutter contre les prétentions révolutionnaires ; lorsque la liberté est offerte les arguments d'oppression et de tyrannie tombent d'eux- mêmes. Il s'agit de vaincre le premier [le courant de la révolution] par le second [le courant de la liberté] Donc en matière de politique intérieure, le projet d'Emile Ollivier est clair : une franche libéralisation du régime qui se justifie, si besoin est, par un respect des principes de 1789 et un renforcement du régime. [...]
[...] S'ils s'unissent définitivement le péril commencera. La sagesse est de les opposer l'un à l'autre, et de vaincre le premier par le second, les conservateurs devenant la réserve qui décidera de la journée. Si l'Empereur n'est pas de mon avis sur ces divers points, je ne puis lui être d'aucune utilité ; s'il pense ainsi, il reste à déterminer comment je pourrai lui être le plus utile. Je ne crois pas que cela soit en m'unissant à M. Rouher dans un même ministère. [...]
[...] Il voulait au contraire que son arrivée au pouvoir signifiât clairement le triomphe de ses idées et le ralliement de l'Empereur à ses convictions. Aux élections législatives de juin 1869 le tiers parti (mouvance née en 1863 de l'association des orléanistes libéraux avec les républicains les plus modérés) d'Emile Ollivier obtint une franche majorité des suffrages. Napoléon III se vit alors dans l'obligation de réaliser le programme du tiers parti qui demandait que le gouvernement fût responsable devant l'Empereur et devant les chambres Un gouvernement de transition fut formé, chargé d'organiser la réforme par sénatus- consulte, ce qui fut fait le 8 septembre 1869. [...]
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