Kokoreff s'intéresse aux émeutes urbaines qui ont eu lieu en 2005 puis en 2007, à leurs sources et à la manière dont elles ont été traitées. Pour lui, la crise des banlieues a été révélatrice de problèmes profonds de la jeunesse des banlieues, dus à son sentiment de n'être pas reconnus par la société. Il constate ainsi que les mairies comme celle de Saint-Denis qui aidaient les jeunes notamment dans leur recherche d'emploi et qui leur montraient des preuves de respect ont connu des « situations d'embrayage » c'est-à-dire ont empêché la crise de dégénérer.
Kokoreff s'intéresse donc aux différents moyens utilisés par trois cités pour tenter de résoudre la crise et à leur efficacité sur le court terme. Il constate que les municipalités comme celle de Saint-Denis qui se sont tenues au courant et qui ont mené des actions de dialogue avec les jeunes sont parvenues à prévenir en partie les dégénérations des violences. Elles ont donc mieux géré les émeutes en comprenant l'importance de faire participer sa population dans ses affaires ; puisque ces groupes ont ouvert des « espaces de dialogue » qui étaient inexistants jusqu'alors.
[...] Il semble alors que les problèmes soient dus à la situation française et ses particularités. Le système d'Etat-Providence français semble avoir du mal à assurer son rôle universaliste, la structure des villes discrimine, et le modèle d'intégration n'est plus adapté. Cela dit, l'Angleterre qui a un modèle d'intégration très différent dans lequel une grande place est laissée aux particularismes culturels a connu des émeutes du même type en 2001 avec des émeutes très importantes raciales à Burnley, Bradford et Oldham. [...]
[...] Pour Kokoreff, la clé du problème réside dans le manque de représentation politique des minorités. On peut ajouter à ce problème le fait que la jeunesse des banlieues est peu impliquée dans la vie politique : ne se sentant pas écoutée par les politiques, elle ne leur fait pas confiance. Ainsi, la question semble être verrouillée puisque la politique ne s'intéresse pas assez à la question des banlieues et les jeunes des banlieues ne s'intéressent pas à la politique. De plus, même si la jeunesse n'est pas totalement désintéressée de la politique comme on l'a vu avec un certain nombre d'initiatives visant à intégrer les problématiques des banlieues dans la vie politique nationale, les problèmes résident encore dans la difficulté par la jeunesse des banlieues de construire un discours qui serait écouté. [...]
[...] Il semble alors qu'il faille refonder totalement le modèle politique des villes touchées, en instaurant notamment plus de démocratie participative. Cela dit, on voit deux difficultés majeures : d'une part, les dirigeants en place ne sont pas prêts à un bouleversement d'un système qui les favorise ; d'autre part, il est difficile pour les jeunes de banlieues de construire un discours puisqu'ils ne s'expriment pas eux-mêmes lors des grands débats : leur parole est reprise et adaptée à la politique par des personnes ayant des intérêts très différents des leurs. [...]
[...] Mais Kokoreff reproche à cette action politique d'être invisibilisée par l'Etat qui la maintient au stade d' infrapolitique puisque les jeunes au lieu d'être écoutés sont criminalisés et la répression policière est envoyée dans les quartiers plus facilement que les dialogues politiques. Le politique dans les banlieues est alors méprisé et ne parvient pas à se faire entendre dans la politique. Cela dit, il est également difficile d'affirmer que la question des banlieues est totalement absente de la vie politique nationale. [...]
[...] D'autre part, cette population est victime de discriminations ethno-raciales qui rendent difficile son accès au logement et au marché du travail. Ainsi, on a un engrenage de handicaps qui entrainent chez les enfants d'immigrés un sentiment d'être déconsidérés, et la difficulté de construire un discours. On pourrait reprocher à Kokoreff sa méthode qui semble manquer de rigueur : il s'intéresse particulièrement à trois villes pour établir trois modèles différents d'intégration des jeunes dans la vie politique de leurs quartiers, ces trois villes étant situées dans la région Ile-de-France. [...]
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