« Plus que jamais, en ce seuil du nouveau millénaire, le Proche-Orient est une construction introuvable, un terrain privilégié d'affrontements géopolitiques, mais aussi un champ de souffrances et de cruautés » , « le Proche-Orient apparaît fragmenté et éclaté, dangereusement explosif du fait de l'accumulation de situations conflictuelles grave que les protagonistes en cause ne maitrisent pas » , ainsi voilà comment Georges Corm dépeint le constat du Proche-Orient. Il s'agit donc d'une région rongée par l'instabilité, le chaos, la dégénérescence du fait de frontières précaires, d'un manque de souveraineté, d'unité et d'identité politique et culturelle et qui peine à sortir la tête de ce gouffre extrêmement profond, lié aussi bien à des éléments internes qu'externes.
Né en 1940 au Liban, Georges Corm est un économiste de renommé mondiale, et est plus particulièrement spécialisé dans la consultation économique et financière internationale. Professeur à l'Université Saint Joseph de Beyrouth, il est également l'auteur remarquable de nombreux écrits autour de l'histoire et de l'économie du Proche-Orient comme, entre autre, Le nouveau désordre économique mondial en 1993, L'Europe et l'Orient : de la Balkanisation à la Libanisation – histoire d'une modernité inaccomplie- en 1989, et Le Proche-Orient éclaté en 1983. C'est ce dernier ouvrage qui fait l'objet d'une attention toute particulière, ici. La première édition, 1983, est écrite puis publiée dans un contexte local chaotique et sanglant : la guerre civile libanaise, et il n'en est pas moins, pour la dernière édition, 2007, caractérisée elle aussi par un contexte régionale tendu et belliqueux : l'agression Israélienne du Liban durant l'été 2006.
Le Proche-Orient éclaté, est un livre fondamental dans l'étude, l'analyse et la compréhension de la région, origine des trois grandes civilisations et des trois grandes religions monothéistes. En effet, selon Georges Corm, et ceci étant la thèse qu'il soutient dans son œuvre, les politiques occidentales et proche-orientales sont inspirées et régies par de multiples perceptions réductrices, provoquant dés lors une tragédie touchant de plein fouet cette région du monde : le Proche-Orient éclaté. Et le but de ce livre est très bien souligné par les propos de l'auteur : « Cet ouvrage qui depuis vingt-deux ans ne cesse de mûrir et de se développer grâce aux nombreux lecteurs qu'il a eux jusqu'ici, se veut justement une pierre dans la construction d'un Proche-Orient qui devra bien réussir un jour, vraisemblablement plus lointain que proche, à devenir enfin une région stable et respectée du système international ; une région qui aura rétabli l'acceptation du pluralisme religieux et ethnique qui a caractérisé son existence depuis la plus haute antiquité et que le dernier demi-siècle a plongé dans un tourbillon de violence qui n'en finit plus d'enfler » , « cet ouvrage se veut donc une réflexion pour participer à la construction d'un avenir meilleur et à la dédramatisation civilisationnelles ».
Ainsi, ce livre ce veut déclencheur d'une prise de conscience collective, en formulant des pistes réfléchies et cohérentes vers lesquelles il serait sûrement bon de se diriger, de s'orienter afin de ramener la stabilité et la paix dans cet espace, par la voie de la raison.
Bref, l'ouvrage est divisé en quatre parties, mais elles peuvent être ramenées à deux. Le premier volet est réservé à une entrée en matière épistémologique afin de faire toute la lumière sur les concepts clés et les perceptions liées au Proche-Orient. Le second est consacré à la partie historique de 1956 à 2007, mais notre travail se concentrera sur l'étude de la première partie.
La problématique est la suivant : Pourquoi l'auteur a eu cette volonté d'introduire une partie consacré entièrement à l'épistémologie ? Quel est son objectif ?
[...] Ainsi, l'auteur distingue le Levant français, le Proche et Moyen-Orient britannique, le monde musulman, le Maghreb, le Machrek, et la région vide de puissance lié au contexte de guerre froide. De ce fait, il y a différents concepts car différents intérêts géopolitiques lié entre autre au colonialisme français et britannique, puis à l'impérialisme américain au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Or, les problèmes que soulèvent ces concepts ne sont pas minimes, en effet, ils dissimulent une histoire abondante et non musulmane en se focalisant sur l'Islam comme identifiant principal de la région, et permettent une manipulation stratégique de ce territoire rendant cette dernière prisonnière des intérêts occidentaux. [...]
[...] Et ainsi, cet élément c'est-à-dire l'arabité doit faire l'objet d'une réflexion et c'est ce que le chapitre quatre propose de souligner. Mais, le critère de l'arabité face à toute les secousses qu'a connu, que connait et que connaitra cette région ne permettra pas à lui seule d'apporter un équilibre et une stabilité. Le Proche-Orient est trop tourmenté et agité. Certes, les éléments externes sont coupables et ont produit en interne des défaillances considérables, mais le monde arabe doit savoir réagir. [...]
[...] En Orient, on assiste à l'éclipse de l'histoire préislamique afin de se focaliser sur la Nahda, c'est-à-dire l'âge d'or de l'Islam. Le seul moment de prise de conscience, vis-à-vis de cette histoire antérieure à l'Islam, s'est fait avec la colonisation européenne. Ainsi, le constat est le suivant : on assiste à une immobilité historique du fait d'une mémoire religieuse pétrifié et d'une hétérogénéité régionale. En effet, le manque de système politique et la recherche d'une entente historique ne permet pas de combler ce vide de puissance politique et culturel. [...]
[...] Dans ce troisième chapitre, l'accent est mis sur le sujet de l'étude historique, c'est-à-dire sur quoi doit-on se focaliser ? Ici est donc mis en avant, l'Islam, les Etats, les sociétés bédouines rurales ou urbaines, les minorités ou les majorités, comme possible sujets. De ce fait l'objectif est d'examiner les catégories conceptuelles (anthropologie, ethnologie ) qui analysent le sujet, car ces premières engendrent des problèmes méthodologiques et donc épistémologique en considérant la variable islam comme fait social total, c'est-à-dire comme un élément identifiant et structurant la société. [...]
[...] Et de ce fait, le sujet de l'histoire du Proche-Orient n'est basé que sur cette seconde moitié. On ne cherche pas à reconnaitre que l'histoire du Proche-Orient est composé des deux parties de ce fractionnement, voulu bien entendu. Mais comment est-il possible de construire son identité, sur une histoire occulté ? Il est vrai que l'on associe le christianisme à l'occident et donc au colonisateur, et l'islam à l'Orient, or le christianisme à émergé en Orient et on ne peut pas en faire abstraction. [...]
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