Dans son ouvrage intitulé « Principes du gouvernement représentatif » publié en 1995, Bernard Manin, normalien agrégé de philosophie et docteur en sciences politiques, directeur de recherche au CNRS et professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et à l'Ecole Normale Supérieure (philosophie et sciences sociales), étudie la naissance des démocraties représentatives. Son étude s'effectue à une période charnière de l'histoire politique des pays développés, période de transition vers un nouveau type de gouvernement représentatif qui passe par une crise de la représentation.
Les démocraties représentatives trouvent leurs origines dans les institutions qui ont été établies en Occident après les révolutions anglaise, américaine et française. La démocratie représentative est caractérisée par le fait que les citoyens confient le pouvoir exécutif à des représentants élus. L'élection constitue en effet l'institution centrale de ce type de régime, en opposition aux démocraties directes, telles qu'Athènes, dans lesquelles les citoyens s'assemblent pour diriger en personne le gouvernement.
Comment et pourquoi s'est fait cette mutation de la démocratie directe à la démocratie indirecte que nous connaissons depuis 200 ans en Occident ? Quels sont les éléments qui sont restés inchangés dans les gouvernements représentatifs depuis leur création jusqu'à aujourd'hui ?
[...] Son étude s'effectue à une période charnière de l'histoire politique des pays développés, période de transition vers un nouveau type de gouvernement représentatif qui passe par une crise de la représentation. Les démocraties représentatives trouvent leurs origines dans les institutions qui ont été établies en Occident après les révolutions anglaise, américaine et française. La démocratie représentative est caractérisée par le fait que les citoyens confient le pouvoir exécutif à des représentants élus. L'élection constitue en effet l'institution centrale de ce type de régime, en opposition aux démocraties directes, telles qu'Athènes, dans lesquelles les citoyens s'assemblent pour diriger en personne le gouvernement. [...]
[...] Manin s'intéresse ensuite à la théorie politique de l'élection et du tirage au sort aux XVIIème et XVIIIème siècles, époque de la naissance du gouvernement représentatif. Son étude se fait à travers les idées de Harrington, Montesquieu et Rousseau. Ces derniers jugeaient nécessaire d'étudier les différents aspects de la désignation des gouvernants par le sort qui présentait selon eux des propriétés justifiant qu'on le prenne au sérieux bien que ce procédé nous paraisse aujourd'hui défectueux à cause du risque de sélectionner des individus incompétents; d'autre part, ces trois écrivains politiques s'accordent pour dire que l'élection a un caractère aristocratique alors que le tirage au sort est intrinsèquement démocratique. [...]
[...] La crainte ressentie par les Athéniens envers l'élection était de nature intuitive : celle-ci relevait du fait que, selon Aristote, lorsque le peuple élit, ses préférences se portent en général vers les membres des classes sociales supérieures, ce qui fait de l'élection un mode de sélection aristocratique et élitiste contraire aux valeurs démocratiques des Athéniens La démocratie représentative 21. Le triomphe de l'élection Le système politique romain allie le tirage au sort et un suffrage censitaire qui favorise les grandes familles patriciennes. Le tirage au sort avait toutefois un rôle bien plus réduit qu'à Athènes. Dans la cité grecque, il servait à choisir les magistrats. A Rome, il ne déterminait que la catégorie de citoyens qui allait la première exprimer son suffrage. Les électeurs étaient divisés en centuries. [...]
[...] Il n'y a donc pas de crise du gouvernement représentatif mais seulement un changement du type d'élites sélectionnées. La démocratie du public est en réalité le règne de l'expert en communication. En France, de 1954 à 1955, le président du Conseil Pierre Mendès-France est un des premiers à avoir utilisé ces nouveaux moyens de communication afin de se rapprocher du peuple lors de ses causeries hebdomadaires à la télévision au cours desquelles il rendait compte de la situation du pays. [...]
[...] L'élection est considérée comme intrinsèquement inégalitaire pour différentes raisons : d'une part à cause des préférences des personnes qui reposent sur l'opinion des citoyens, mais aussi en raison de la dynamique d'une situation de choix, c'est-à-dire que les préférences des électeurs se portent sur les candidats ayant une supériorité quelconque sur les électeurs car ils sont considérés comme étant plus à même de gouverner ; enfin, les contraintes cognitives et les coûts de diffusion de l'information, indispensables aux candidats pour se faire connaître, limitent les candidatures à un nombre restreint d'individus supérieurs par leur renommée ou par leur fortune aux autres individus. Les élus sont donc nécessairement différents des électeurs et ce par leur supériorité naturelle en talent, vertu ou richesse. Le gouvernement représentatif est donc paradoxal : il combine en effet des éléments aristocratiques et démocratiques. [...]
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