La préoccupation principale de ce grand lecteur de Rousseau est le lien entre les individus et la société, le bien commun. L'activité humaine aurait comme objectif supérieur le bien-être. Jouvenel s'insurge devant la croissance du pouvoir, devant les couches supérieures qui détiennent les richesses, la fonction militaire et la fonction politique. Il décrit l'institutionnalisation du rapport de domination, "la guerre livrée à l'étranger [étant] toujours l'occasion d'une conquête du pouvoir sur ses ressortissants". L'autorité, quant à elle, est "bienfaisante", car elle vient de l'assentiment volontaire, donc de la Liberté. Il veut mettre un terme à la personnalisation du pouvoir, il souhaite la négociation et la délibération, non la tyrannie du bien commun
[...] Commentaire Du pouvoir est une étude quasi exhaustive de la transformation et l'extension du pouvoir que la "société" dans son ensemble exerce sur chacun de ses membres. Déjouant préjudices et vérités préconçues, Jouvenel retrace l'historique de la domination de certains hommes sur les autres et la façon dont ces seconds finissent par devoir céder jusqu'au contrôle de leurs vies, de leurs héritages, de leurs familles. La relation entre le Droit et le Pouvoir, son évolution et ses conséquences, notamment dans les sociétés démocratiques, éveillent particulièrement l'intérêt du lecteur. [...]
[...] Le roi est contraint à une consultation permanente avec les pairs qui peuvent seuls lui prêter les forces dont il a besoin. Briser le cadre gentilice est la grande affaire des rois. La structure féodale fait de chaque dominateur local un législateur, un juge, un administrateur. Le pouvoir va alors prendre à la cellule seigneuriale ses ressources. L'Etat apprécie la montée des riches qui ne semblent pas nuire à son autorité. La démolition des autres dominations sociales a laissé les dominations financières puissantes. Le patronat industriel pénètre dans l'atelier, introduit sa loi, sa police, son règlement d'atelier. [...]
[...] Le Pouvoir devient nécessairement l'allié de ceux qui subissent la domination capitaliste. Une telle évolution mène à la destruction de tout commandement, de tous les liens entre particuliers au profit du seul commandement étatique. Les privilégiés sont ceux qui occupent les positions clés de la grande machine étatique, ils veulent transmettre leurs nouveaux avantages à leurs descendants. L'Etat sera démembré de nouveau par les groupes en son sein, le gonflement de l'Etat recommencera alors. Une révolution s'était donc accomplie lors de la Fronde. [...]
[...] On prétend que la souveraineté divine a justifié une monarchie arbitraire, or le pouvoir médiéval était partagé (Cura Regis) et limité par les seigneurs. Le pouvoir venant de Dieu, cela signifiait que les princes devaient lui obéir ; l'Eglise pouvait sanctionner le souverain exerçant mal sa fonction. Les princes, rompant avec l'Eglise de Rome, s'attribuèrent le droit souverain qui jusqu'alors ne leur avait été concédé que comme mandat sous contrôle. Les jésuites, pourchassés par les princes, affirment que le pouvoir appartient au peuple. [...]
[...] Le roi disparaît, le pouvoir exécutif se réunit au législatif dans les mains de la Convention. En l'an VIII, le pouvoir s'attribut la nomination des juges et leur avancement ; les trois pouvoirs sont réunis. Désormais, l'aristocratie parlementaire constitue le prince, plus puissant que le roi qui n'était pas maître des lois. Ou ce prince parvient à s'affranchir de ses mandants, il est absolu, ou bien les membres de l'assemblée deviennent les instruments de partis ou les jouets de mouvements extérieurs à l'assemblée. [...]
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