Ce document est une fiche de lecture critique de l'ouvrage de Guy Hermet, "Les populismes dans le monde-Une histoire sociologique XIX°-XX° siècle", 2001. Cet essai tente de saisir la spécificité et de tracer les frontières de la notion de populisme. A travers une comparaison historique et géographique d'une part, et un réexamen des interprétations du phénomène populiste depuis ses origines d'autre part, l'auteur analyse la complexité de la relation entre le pouvoir et le peuple, entre la volonté populiste de gouvernants et la réceptivité des populations.
[...] Ainsi, l'impatience populiste, sa religion du tout, tout de suite sont une négation du code normal de la politique démocratique, qui parie plutôt sur la longue durée. Mais ce procédé se nourrit de la démocratie elle-même. - Le peuple a une part de responsabilité dans le populisme. Le populisme ne prend pas seulement sa source chez les responsables politiques, mais aussi dans les mutations de la clientèle sociale des populistes. Guy Hermet rappelle que cette perspective d'analyse a souvent été négligée. [...]
[...] - L'autodestruction du populisme. Les mouvements et partis populistes se sont en effet longtemps caractérisés par leur tendance à l'autodestruction. Cette tendance se retrouve dans la majorité des exemples historiques développés dans l'ouvrage. Ainsi par exemple, Hermet montre comment le général Boulanger, en France à la fin du XIXème siècle se trouva dépassé par le culte dont il était l'objet, et ne s'est pas résolu ou n'est pas parvenu à satisfaire les espoirs de ceux chez qui il avait éveillé l'espoir. [...]
[...] Les frontières du populisme recoupent, nous l'avons vu, celles d'autres expressions politiques relevant aussi bien de l'orthodoxie démocratique que de sa négation. Une clarification de la notion a certes été faite au long de la démonstration et des exemples des formes et des interprétations du populisme, notamment vis-à-vis d'autres formes de discours politiques (démagogique, fasciste, communiste), et des configurations diverses que revêt le populisme. Mais le populisme demeure une notion très large, au point d'envisager qu'il s'agit d'un phénomène omniprésent. [...]
[...] En atteste les exemples historiques développés par l'auteur, tout particulièrement l'Iran de 1979, lorsque les boutiquiers et les membres des petites classes moyennes ont préféré la démagogie redistributive de l'imam Khomeyni à la prévoyance sévère du shah détrôné. Ainsi donc, l'origine sociale de la clientèle populiste en Occident a changé du XIXème siècle à nos jours : il s'agit moins désormais de la plèbe en révolte contre les puissants que de classes moyennes entendant se protéger contre les pauvres et les étrangers chauvinisme du bien-être, ou de l'Etat-Providence Cette évolution montre la responsabilité que le peuple peut avoir dans le procédé populiste. [...]
[...] Le populisme des anciens se nourrit du combat des petits contre les gros. Jusqu'au début du XXème siècle, ce populisme des anciens a trouvé sa légitimité dans la protestation des masses déshéritées contre les couches privilégiées rendues responsables de leur misère et qu'elles accusaient de tirer profit de son aggravation. Hermet montre parallèlement les survivances de ce type de mobilisation populiste, à travers l'exemple du président mexicain Salinas qui, à la fin des années 1980, a jugé opportun de compenser la gestion économique néolibérale des plus douloureuses pour la population habituée à la protection d'un Etat tutélaire par des subventions pour le lait, le maïs et la farine, ainsi que par des distributions gratuites de tortillas effectuées en son nom à plus de trois millions de familles considérées comme les plus exclues. [...]
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