Sciences politiques, Politiques publiques 1, chapitre 2, les politiques économiques et sociales, Jonah . Levy, 2008, Olivier Borraz, modèle économique française, néolibéralisme, après-guerre
Le texte que nous vous proposons d'analyser ici est le second chapitre d'un ouvrage collectif sur les politiques publiques dirigé par Olivier Borraz. Il est intitulé "Les politiques économiques et sociales" et a été écrit par Jonah D. Levy, docteur en sciences politiques issu du Massachussetts Institute of Technology, et dont l'objet d'étude est principalement la politique comparée en Europe occidentale. Ce chapitre porte, comme son nom l'indique, sur le modèle économique et social français. Il commence par faire un état des lieux du débat autour de la définition de ce modèle économique et social, depuis le démantèlement du dirigisme étatique d'après-guerre et le tournant néolibéral de 1983.
[...] comment est-ce vérifiable ? Il ajoute qu'après la défaite de la droite aux régionales 2004, un virage social a été annoncé par Chirac mais qu'il a été essentiellement illusoire car porteur de trop peu d'effets concrets : En effet, tout un outillage symbolique a été mis en oeuvre, notamment avec la proclamation d'un patriotisme économique, la création du Ministère de l'Emploi, du travail et de la cohésion sociale et le retour des stages dans le domaine public De plus, l'auteur relève qu'il y a eu une hausse des investissements de l'Etat dans les secteurs de l'éducation, de la formation et de la recherche & développement Malgré cela, l'auteur y voit une persistance de la stratégie de libéralisme tempéré, en illustrant son idée par la mise en place du CPE en 2006 (période d'essai de deux ans pour les jeunes de -26 ans avec possibilité de licenciement sans motif) qui a été un échec Dès lors, il examine les potentielles orientations futures : il est selon lui possible de poursuivre dans le réformisme néolibéral en en assumant bien plus les thèses ; ou alors d'opter pour un réformisme social- démocrate, en prenant diverses initiatives allant dans le sens du marché tout en améliorant véritablement les mesures de protection sociale, ce qu'il désigne par le terme de “flexisécurité” L'ensemble du sous-texte de l'article semble aller dans le sens de cette dernière option - Utilisation d'un vocabulaire normatif adressé tant aux gouvernements qu'aux patrons et travailleurs (gouvernants autoritaires, régressifs, qui font le strict minimum pour aliéner une large part d'électorat en n'offrant que des allocations de misère, des stages sans débouchés et des emplois médiocres / patrons qui imposent des postes aliénants, pénibles et malodorants à leurs employés / travailleurs sensibles aux indemnisations qui offrent une alternative raisonnablement séduisante à l'emploi → trappes d'inactivité) - Valorisation à peine cachée du modèle socio-démocrate suédois, qui a réussi ce que la France a été incapable de faire, à savoir créer des emplois peu productifs et faiblement rémunérateurs, en mettant en place un système non pas passif mais actif qui envisage une contrepartie économique à l'aide sociale, et qui est donc plus rationnel et efficace Pour conclure, il est possible d'affirmer que le concept d'Etat anesthésiste avancé par l'auteur reflète efficacement les effets produits par la double tendance qui caractérise les politiques économiques et sociales en France depuis les années 1980 : la libéralisation par le haut s'est de fait accompagnée d'une hausse des politiques sociales. [...]
[...] Levy, docteur en science politique issu du Massachussetts Institute of Technology, et dont l'objet d'étude est principalement la politique comparée en Europe Occidentale. Ce chapitre porte, comme son nom l'indique, sur le modèle économique et social français. [...]
[...] Sarkozy qui se rallie aux idées néolibérales de manière soigneusement calculée pour plaire au patronat et à l'électorat de droite) Certes, l'exercice d'une domination maîtrisée et continue est au coeur de la pratique des Etats mais est-il pour autant possible d'affirmer qu'il a été avant tout question, sous Mitterrand et Rocard ou Chirac et Jospin, de démobiliser la classe ouvrière et d'empêcher les syndicats de bâtir une résistance ? Etait- ce le seul objectif de l”humanisation des restructurations” que l'auteur évoque ? [...]
[...] Une analyse efficace mais incomplète de la remise en question de l'Etat dirigiste A. De par la description historique de la transition entre État dirigiste et anesthésiste Un inventaire révélateur des réformes des vingt dernières années : démantèlement du dirigisme étatique caractéristique de l'État des années d'après-guerre ● Rappel de ce qu'était le modèle dirigiste : économie contrôlée par l'Etat → planification, protectionnisme commercial, dérogations sur les prix contrôlés, crédits bon marchés, champions nationaux et secteurs gagnants (charbon, acier puis nucléaire et télécom) dans le but d'accélérer la modernisation économique du pays ● 1983, date présentée comme un tournant néolibéral dans l'élaboration des politiques publiques : abandon des planifications, grands projets et stratégies industrielles sectorielles ; perte du contrôle étatique sur les crédits, prix et mouvements de capitaux ; privatisation des entreprises auparavant nationalisées ; allègement des restrictions pour les entreprises (CDD, intérim, licenciements) → grande tendance : AVANT croissance inflationniste avec dévaluation régulière de la monnaie nationale dans le cadre d'un compromis keynésien qui a donné naissance à un Etat-providence qui, selon Bruno Palier, alliait objectifs universels de protection sociale et moyens Bismarckiens / APRÈS contrôle permanent du taux d'inflation et monnaie forte, selon les règles en vigueur dans l'Union Européenne : l'auteur ne parle que de l'Union Monétaire Européenne mais des institutions telles que le FMI, la Banque Mondiale, l'OCDE et la Commission Européenne contraignent les Etats qui doivent se débarrasser de leurs habitudes étatistes de liberté budgétaire, notamment du fait que ces institutions revalorisent le principe de concurrence pour favoriser la création d'un libre marché moins contraignant → on passe d'une lutte contre le chômage à une lutte contre l'inflation et du keynésianisme au monétarisme Le recalage au second plan du facteur idéologique et cognitif de la remise en cause du dirigisme étatique : Bruno Palier analysait les deux interprétations qui avaient été faites des problèmes économiques décrits par l'auteur (inflation à deux chiffres, creusement des déficits commerciaux et budgétaires, stagnation de l'investissement et crise monétaire) → d'une part les gouvernements, experts et économistes pour qui il fallait une hausse des recettes et une baisse des dépenses ; d'autre part les syndicats selon qui l'État devait participer encore plus Il s'agissait sans aucun doute d'un choix libéral, qui n'était pas le seul possible Peter Hall souligne un changement de paradigme dominant, que l'on peut qualifier de néolibéral car il s'agit d'un retour au paradigme libéral du XIXe siècle qui concevait les solutions à apporter à la question sociale comme nécessairement individuelles (il revenait aux patrons et ouvriers de s'en charger), qui s'est concrétisé par le prix nobel d'économie de 1976 attribué à l'économiste Friedman, puis par l'élection de Margaret Thatcher au Royaume-Uni en 1979, suivie par Ronald Reagan aux EUA en 1980 : on parle de révolution conservatrice” B. [...]
[...] En revanche, il explique seulement de manière incomplète la remise en cause du dirigisme étatique, en mettant essentiellement l'accent sur l'aspect rationnel et calculé de ce changement, au détriment des facteurs idéologiques et cognitifs. La description que l'auteur livre des caractéristiques de l'État anesthésiste le rapproche du nouveau type d'Etat providence, plus adapté aux exigences du marché et des règlements en vigueur dans l'Union Européenne, que décrivait Bruno Palier dans Un long adieu à Bismarck ? [...]
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