Dès son introduction au Plaidoyer en faveur de l'intolérance, Slavoj Zizek pose un constat général : la gauche et la droite ne sont plus ce qu'elles étaient. Il s'est en effet opéré un renversement majeur entre les deux pôles, la droite refusant toute forme d'intervention étatique alors que la gauche soutient un Etat fort contre la puissance du Capital. Par là-même la gauche a accepté progressivement la dépolitisation de l'économie. Pour Zizek, cette dépolitisation de la sphère économique est lié à la domination d'une posture idéologique, le libéralisme multiculturel et tolérant. Il plaide alors pour la résurgence de l'intolérance et la formulation réelle d'une critique de la civilisation capitaliste, seule voie pour rénover la gauche.
[...] En effet, pour l'auteur, ce que la post-politique tend à prévenir, c'est précisément cette universalisation métaphorique de demandes particulières : la post-politique mobilise un gigantesque appareil d'experts, de travailleurs sociaux, etc., pour réduire la demande d'un groupe particulier à une simple demande à teneur particulière peu importe que cette fermeture étouffante donne lieu à d'irrationnelles explosions de violence comme seul moyen de donner à s'exprimer la dimension excédant le particularisme Le principe de l'idéologie multiculturelle, l'unité dans la différence implique un seul moyen de différenciation pour l'individu. La différenciation se fait par le rejet d'un Autre comme menace de sa propre identité. D'où l'apparition de violences contingentes à l'universalisme multiculturel. Car pour Zizek, cette hégémonie du multiculturalisme libéral entraîne deux formes de violence, théorisées par Balibar. D'une part une violence ultra-objective qui est la conséquence d'un capitalisme global excluant des individus (chômeurs, SDF D'autre part une violence ultra-subjective celle du racisme ethnique ou religieux. [...]
[...] Comment en effet penser la politique sans contradictions et sans une certaine violence ? La lutte politique devenue lutte pour le respect des différences est alors vidée de sa substance, et la dépolitisation de l'économie nourrit la domination capitaliste. Le constat de la passivité du citoyen contemporain, nourri d'arguments tirés de la psychanalyse lacanienne apparaît néanmoins moins convaincant et rejoint (certes avec des références aux théories lacaniennes) le constat finalement bien banal de citoyens passifs face à des dirigeants servis par une armée d'experts. [...]
[...] C'est le cas avec le clonage, qui nie la fonction procréatrice de la sexualité, et touche à la liberté et à la dignité humaine. Paradoxalement, ce qui est lié au hasard, à savoir les chromosomes, devient l'outil de la réduction de ma liberté aux mains d'un individu libre. L'auteur en vient à se demander si l'ignorance n'est pas la condition de la liberté, et si la connaissance approfondie du génome et sa manipulation ne va pas dans le sens d'une privation de liberté. L'intervention de la science dans la sexualité est aussi illustrée par le Viagra. [...]
[...] En effet, l'hégémonie idéologique est le plus souvent le reflet de la lutte entre d'une part le populaire c'est-à-dire l'expression de la volonté de la majorité dominée, et d'autre part le spécifique qui détourne cette volonté et exprime les intérêts des dominants. Zizek reprend alors l'analyse de Freud sur le rêve pour l'appliquer à l'idéologie fasciste. Celle-ci serait fondée sur un désir latent, le désir de communauté authentique et de solidarité sociale qui est avouable. Le caractère proprement fasciste de l'idéologie intervient dans un second temps, celui de la légitimation de ce désir par la domination et l'exploitation. [...]
[...] Par conséquent, pour que le combat politique renaisse, la gauche doit prendre parti. En acceptant l'idée que la société est antagonique, c'est-à-dire que la neutralité n'existe pas et donc que la lutte est inévitable, paradoxalement, la gauche atteint l'universel. Ainsi, l'universalisme de gauche n'est pas retour à un universel neutre, mais il existe par le particulier. Comme l'auteur l'affirme au début de son ouvrage, l'hégémonie passe par un élément particulier. Ainsi, dans la théorie marxiste, le prolétariat fonctionne comme élément particulier, comme l'illustration du déséquilibre du capitalisme global. [...]
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