Pierre Cahuc et André Zylberberg nous présente un livre audacieux et efficace sur le sujet délicat du chômage. Dans un langage simple, ils essayent de nous faire oublier les a priori idéologiques qui entourent ce thème, ils ne font ni l'apogée du libéralisme ni celle du keynésianisme, mais ceux place dans une droite lignée hétérodoxe et rationnelle inspiré par Schumpeter. Ainsi le but du livre est de dégager, à partir d'études récentes, des enseignements capables d'améliorer le fonctionnement du marché du travail. Le chômage dans leur optique est vu comme ayant un caractère incontournable, massif et « utile ».
[...] Cette procédure est totalement réfutée par les auteurs qui dénoncent un système inégalitaire (protection de certains salariés) et inefficace (frein à une meilleure réallocation des forces productives). Ainsi l'idéal du système de protection de l'emploi est de favoriser les créations d'emplois tout en limitant leurs destructions. Mais le système français se montre trop rigide (exemple des procédures de licenciements) et réduit l'efficacité des mesures puisque la législation joue sur le comportement des entreprises qui gèrent alors leur masse salariale grâce aux contrats précaires et aux retraites, ce qui favorise les inégalités sur le marché du travail. [...]
[...] En effet l'appariement (la rencontre d'un employeur et d'un employé se concluant par une embauche) prend du temps et il donc nécessaire de changer la vision que l'on a du chômage. C'est une étape banale dans la vie économique et qui est même socialement utile puisque le système économique se verra encore plus efficace. Il est donc naturel d'aider (fortement) et d'indemniser (généreusement) les chômeurs mais dans le cadre d'un engagement mutuel où le chômeur essaye de rendre son activité de recherche d'emploi la plus rationnel possible avec l'aide des services publics. [...]
[...] En effet le niveau de l'emploi est déterminé par la capacité d'une économie à fournir les ressources capitalistiques nécessaires à ces variations. Ainsi une réduction du temps de travail n'entraîne pas automatiquement une baisse du chômage car l'impact de la réduction du temps de travail sur l'emploi dépend de la manière dont elle affecte la compétitivité des entreprises. La conception du marché du travail est donc à revoir puisqu'en réalité les destructions et créations d'emplois sont déterminés par de nombreux facteurs sur lesquels peuvent jouer les pouvoirs publics (salaires, charges, etc.). [...]
[...] Par exemple une mesure en faveur de l'emploi des personnes de plus de 50 ans peut limiter l'embauche des jeunes. Pour finir leur démonstration, les auteurs nous présentent les quatre mesures les plus urgentes et les plus efficaces qui peuvent être mis en place aujourd'hui en France. Premièrement, il faut accepter le processus de destruction créatrice comme un rouage de l'activité économique et de la croissance, mais en le couplant en parallèle à une législation du travail où la prévention prime sur la répression. [...]
[...] Les auteurs soulignent également que ce turn over permanent résulte aussi de la liberté des salariés. La recherche d'emploi est essentielle car elle permet aux emplois détruits de donner naissance à des emplois nouveaux, plus productifs. Les auteurs détruisent les idées fausses selon lesquelles la mondialisation aggrave le chômage puisque des études montrent que son effet est plutôt neutre sur l'emploi ; ensuite que les licenciements boursiers sont bénéfiques aux entreprises alors que dans les faits le cours de leurs actions chute. [...]
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