« Le jeu politique ressemble à ces salades qui finissent mal le marché, en été. Elles sont fanées, rejetées… » a déclaré Michel Jobert, homme politique français sous la Vème République. Il semble faire appel à un renouvellement du jeu politique. Il regrette que celui-ci n'ait pas évolué. Cependant, on est amené à se demander ce que recouvre ce « jeu politique ».
L'œuvre de Murray Edelman, professeur américain de sciences politiques (1919-2002), peut nous permettre d'éclairer cette notion. Une de ses œuvres majeures reste, Constructing the Political Spectacle, publié en 1988 et traduit en français par, Pièces et règles du jeu politique (1991). Ce politiste se rapproche du courant structuraliste (Foucault, Derrida par exemple) (voire même post-structuraliste), pour qui la structure possède une organisation logique mais implicite, un fondement objectif en deçà de la conscience et de la pensée. Par conséquent, le structuralisme vise à mettre en évidence ces structures inconscientes. Dans la logique de ce courant de pensée, il va traiter avec une grande attention la linguistique. Pour Edelman, les médias contribuent à la construction du spectacle politique à travers l'agrégation de symboles et de signifiants, qui construisent et modifient la perception de la réalité qu'a l'opinion publique. Il nous propose de nous révéler les réelles composantes de l'exercice du pouvoir et nous montrer comment il se structure. Son œuvre est divisée en sept chapitres que l'on tentera de présenter synthétiquement autour de deux axes majeurs. Nous nous attacherons tout d'abord à présenter les éléments construits de toute pièce dans le jeu politique (I), pour ensuite évoquer les mécanismes mobilisés dans cette construction (II).
[...] Ainsi, dans le politique, la fonction du langage reprend celle développée par Burke : la rhétorique politique vise à souligner l'insignifiant et à estomper les traits trop affirmés Les conséquences sur le jeu politique Les informations politiques se focalisent sur les dirigeants, les ennemis, les problèmes ce qui est à la source des espoirs ou des craintes que le politique cherche à provoquer. C'est la construction du mon social qui justifie le rôle des politiques, de leur autorité. L'interprétation du message joue un rôle crucial. Comprendre la politique est donc prendre conscience de la gamme de significations et les changements potentiels qui peuvent être induits. Le politiste va enfin nous révéler son antidote face à cette situation et permettant d'appréhender la réalité sous toutes ses formes : le recours à l'art. [...]
[...] En effet, les opposants jouent avec les mêmes règles du jeu que les autres, permettant ainsi de ne pas remettre en cause cet ordre social existant. Ils sont souvent amenés à collaborer même si cela est involontaire. La logique va parfois à l'extrême lorsque les uns copient sur les autres, ce qui traduit le passage d' ennemis à double Il existe aussi parfois une forte distension entre les mesures prises à l'égard d'un ennemi et sa réelle dangerosité. Cette situation permet surtout la légitimité à des recours exceptionnels qui n'auraient pas été acceptés en temps normal. [...]
[...] Il reprend ici le rôle d' autre signifiant que nous jouons les uns par rapport aux autres, développé par Mead. Toutefois, le public joue un rôle relativement mineur dans ce processus et paraît passif. De plus la diffusion de messages contradictoires par les politiques lui procure une certaine angoisse permanente qui le conduit à la docilité. Les médias se trouvent donc au service du politique et semble renforcer leurs moyens de domination. Le langage Le langage est aussi un acteur essentiel du jeu politique. Il est créateur de mondes sociaux. Le langage déforme la réalité. [...]
[...] Dans le jeu politique, les gouvernants sont appelés à ne pas innover tout en donnant l'impression de le faire, s'ils ne souhaitent pas perdre leur position. En effet, les idées novatrices sont souvent porteuses d'un nouvel ordre social, et, un trop grand décalage par rapport aux idées admises ne trouverait pas d'écho. Une certaine personnification de la classe politique va être mise en place, toujours dans le même souci de préserver sa domination sur les autres, éviter toute remise en cause de l'ordre existant. [...]
[...] Le jeu politique est donc constitué d'éléments construits et utilisés dans un but de maintien de l'ordre pré-établi par la classe politique. On retrouve une certaine logique marxiste où la classe dominante légitime son pouvoir et met tout en œuvre pour conserver l'ordre social existant et lui étant bénéfique. Chaque pièce qui constitue le jeu se trouve porteuse d'un message, d'une signification. Cependant, celle-ci dépend pour beaucoup du contexte et de l'observateur. Nous tenterons de le démontrer plus explicitement à la lumière des flux de communication en présence. [...]
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