Le 15 avril 2007 avait lieu la commémoration de la Shoah en Israël. Parce que Pie XII figure dans le musée de Yad Vashem à Jérusalem parmi « ceux dont on devrait avoir honte » pour avoir ignoré le sort qu'ont subi les Juifs et ne rien avoir tenté pour les aider, le nonce d'Israël, c'est-à-dire l'ambassadeur du Vatican délégué en Israël, refusa d'y participer. Il ne revint sur sa décision que lorsqu'il reçut la garantie que la légende sous la photo serait retirée.
Si la polémique concernant le rôle qu'ont joué Pie XII et le Vatican pendant la Seconde Guerre mondiale a plus de quarante ans et continue de faire couler de l'encre, tant du côté de ses défenseurs que de celui de ses détracteurs, il n'en a cependant pas toujours été le cas : ce n'est qu'en 1963 que cette question commença à être férocement débattue. En effet, lorsque le pape Pacelli mourut en 1958, il reçut les hommages les plus prestigieux, et jamais ni son honneur ni son intégrité ne furent remis en doute. Mais en 1963 sortit la pièce très controversée de l'auteur allemand Rolf Hochhuth, Le Vicaire, attaquant directement Pie XII et dénonçant son inaction et son aveuglement conscient face aux crimes nazis. Si cette pièce fut fortement critiquée et fut même interdite de représentations notamment à Rome et en Israël, puisqu'à cette époque ce pays ne remettait pas en cause l'aide apportée par Pie XII à la communauté juive pendant la Seconde Guerre mondiale, il n'en reste pas moins qu'à partir de cette date naquit la polémique. Pour mettre fin à cette dénonciation déshonorante pour Pie XII et donc pour le Vatican, Paul VI, le successeur de Pie XII, décida en 1964 de publier les documents du Saint-Siège relatifs à la guerre. C'était un acte exceptionnel puisque comme de nombreux pays le Vatican n'autorise l'ouverture de ses archives que cinquante ans après les évènements concernés. En 1965 était donc publié par les éditions du Vatican le premier volume des Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale. De 1965 à 1982 suivront onze autres volumes, rassemblant les onze tomes des Actes et Documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale. Cependant cette source documentaire n'étant ni facilement maniable pour une première approche ni facile d'accès puisque ces documents sont conservés à la Bibliothèque du Vatican, Pierre Blet a voulu écrire un ouvrage plus synthétique et donc plus abordable, Pie XII et la Seconde Guerre mondiale, d'après les archives inédites du Vatican, publié en 1997 et réédité en 2005, tiré de ces Actes et Documents.
Ce livre, grâce à une chronologie détaillée parfois d'heure en heure, permet au lecteur d'approcher toute la tension vécue non seulement par le Vatican et son plus haut représentant, mais encore de comprendre la tension intenable de ce début de guerre, jusqu'à l'horreur peu à peu soupçonnée des camps d'extermination. Il retrace, à travers les différentes actions très diverses du Vatican, les différentes étapes de la conquête nazie, les tentatives pour éviter une guerre, puis celles pour tenter de sauver juifs mais également chrétiens non aryens, tout au moins de soulager leurs souffrances.
Pourtant, si cet ouvrage semble apporter la preuve de l'action concrète du Vatican et du pape Pacelli, ce que nous étudierons dans une première partie, nous pourrons nous rendre compte à travers la seconde partie de ce travail que les critiques envers le pape de la Seconde Guerre mondiale restent virulentes.
[...] II / Les critiques faites à Pie XII Encore une fois nous ne pourrons pas retranscrire toutes les critiques faites contre Pie XII ni citer tous ses détracteurs. Nous en avons donc choisi trois : John Cornwell, journaliste, Annie Lacroix-Riz, historienne, et enfin la critique faite par la commission de recherches formée de six juifs et catholiques, devant réétudier les archives vaticanes. Au milieu de l'année 1997, alors que j'approchais de la fin de ma recherche, j'étais dans un état de choc. Moralement choqué. Je ne puis dire les choses autrement. [...]
[...] A la lecture du livre de Pierre Blet, il est difficile de continuer à dénoncer l'action de Pie XII. Et l'on comprend son attitude discrète, décision de se taire qu'il n'a pas prise par crainte pour sa personne, mais à la demande même des victimes, chacune de ses interventions recevant comme réponse une recrudescence des violences nazies. Cependant, le fait que ce livre s'appuie sur les archives d'une organisation religieuse mène au soupçon et conduit à regarder les critiques faites contre Pie XII. [...]
[...] Pie XII lui-même déclarait le 13 mai 1940 à l'ambassadeur d'Italie : Les Italiens savent très bien les choses horribles qui se passent en Pologne. Nous devrions dire des paroles de feu contre des choses pareilles, et la seule chose qui Nous retient est le fait de savoir que, si Nous parlions, Nous rendrions encore plus dure la condition de ces malheureux Plusieurs fois des évêques polonais réclamèrent ces paroles de feu notamment ceux réfugiés en Angleterre. Mais les représentants de l'Eglise catholique restés sur le terrain étaient d'un autre avis, et le pape et ses conseillers choisirent la discrétion pour ne pas aggraver la persécution et pour espérer pouvoir procurer encore quelques secours aux Polonais. [...]
[...] Par ailleurs, l'ouverture des archives Stasi vient confirmer non seulement que Pie XII n'était pas pour le gouvernement nazi, mais encore, qu'il n'était en rien antisémite. Ainsi, le livre de Pierre Blet nous paraît un apport sérieux et primordial pour innocenter Pie XII, conforté par d'autres sources, notamment celles des deux grands acteurs de la Seconde Guerre mondiale, juives et nationale-socialistes, victimes et bourreaux. Bibliographie - Pierre Blet s.j, Pie XII et la Seconde Guerre mondiale, éditions Perrin, collection tempus, édition 2005. [...]
[...] Après une longue conversation avec le cardinal secrétaire d'Etat Maglione, il communiquait à Roosevelt que Maglione estimait la situation critique et que Roosevelt devait écrire immédiatement à Mussolini pour le dissuader d'entrer en guerre. Myron Taylor demandant si le pape était disposé à en faire autant, Maglione interrogea le pape, et, le 20 avril, Taylor télégraphiait à son gouvernement la réponse du pape aux deux questions : Faut-il envoyer maintenant un message du président à Mussolini ? La réponse fut qu'un tel message devait être envoyé immédiatement. [...]
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