Philippe Aldrin, Si près, si loin du politique. L'univers professionnel des permanents socialistes à l'épreuve de la managérialisation, Parti Socialiste Français, enquête, permanents du siège national du Parti Socialiste Français
Le Parti Socialiste est historiquement un parti politique ayant privilégié le travail militant et la proximité entre le siège et les permanents. Or le fonctionnement de ce parti a été bouleversé et son esprit historique a cédé à une logique d'entreprise afin de gagner en efficacité et en rentabilité.
[...] Seul un tiers occupe réellement un emploi politique et ils correspondent à des personnes disposant d'un haut niveau de qualification. Les personnes ayant critiqué la dérive managériale en 2005 sont issues majoritairement d'un recrutement après 1997. Le travail des militants, notamment de la filière Æ, a dérivé vers des tâches techniques et administratives ce qui enlève l'essence de leur mission initiale. Le parti se place dans une logique de service-usagers dès 1992- 1993 ce qui est un prétexte pour imposer des conditions plus dures aux salariés. [...]
[...] Ainsi il n'y pas de réelle professionnalisation, mais davantage une disparition des traits les plus significatifs du militantisme. La répartition des postes tient compte des caractéristiques des militants telles que les qualifications, l'expérience et l'ancienneté. Une commission mixte paritaire exceptionnelle permet de hisser des permanents à des postes de cadres aussi bien dans la filière politique qu'administrative. La dimension politique n'est cependant pas prise en compte en terme d'activités ou d'employeur. Il n'y a donc pas de réelle professionnalisation, car les fonctions ne sont pas exclusives et spécifiques. [...]
[...] L'univers professionnel des permanents socialistes à l'épreuve de la managérialisation Politix2007/3 pp 25-52. Auteur L'auteur est docteur en science politique et maître de conférences en sociologie à l'Université Strasbourg III. Il est membre du Groupe de sociologie politique européenne au CNRS à l'IEP de Strasbourg. Ses travaux portent sur la production sociale du politique via l'étude du travail, de l'information et des institutions politiques. Moyen utilisé par l'auteur L'auteur a procédé à une enquête sur les permanents du siège national du Parti Socialiste Français (PS). [...]
[...] Les appuis politiques restent tout de même importants, mais les recrutements ne répondent plus à des logiques politiques. Cette critique de 2005 vient donc du fait que les personnels ne sont plus des militants, mais des gens de l'extérieur n'ayant souvent pas même la carte d'adhérent du parti. Ces personnes de l'extérieur constituent des rivaux pour les militants. Le poste de permanent est devenu un emploi à part entière puisque la durée de l'emploi du siège est en effet en moyenne de 15 années. [...]
[...] Ils ont le sentiment d'avoir été privés des taches nobles et les plus en rapport avec la politique et les campagnes électorales. Cela explique que la Fronde de 2005 fut menée par des jeunes permanents plus diplômés. En 2005, ils endossent une posture de militants d'entreprise. Leur victoire en 2005 avec un nouveau SGA nommé parmi les cadres permanents et non plus de l'extérieur montre qu'il est difficile pour un parti politique de s'organiser comme une entreprise de par la pression des militants. [...]
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