Denis Sieffert est le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire Politis, qui se déclare « altermondialiste, citoyen et de Gauche ».
Il est particulièrement connu pour ses travaux sur le conflit israélo-palestinien : La guerre israélienne de l'information, Désinformation et fausses symétries dans le conflit israélo-palestinien ou plus récemment Israël-Palestine, une passion française (2004).
Denis Stieffert est en outre très marqué politiquement. « Républicain trotskiste », il est proche du courant Lambertiste ( Parti des Travailleurs, Attac). Cet engagement transparaît de manière assez claire dans cet ouvrage.
[...] Mais la question aujourd'hui n'est pas Pour ou contre la république ? Car nous sommes de toute façon les héritiers des tendances qui ont traversé l'histoire depuis la Révolution : Robespierre et la République de l'an II, Jules Ferry et le radicalisme, la Sociale de 1848 Des conceptions contradictoires se sont affirmées et ne sont pas encore résolues, la république constituant ce qu'il nomme un signifiant flottant La question que se pose donc l'auteur tout au long de l'ouvrage serait en fait : comment mettre au goût du jour les principes républicains pour que ceux-ci puissent répondre aux maux de notre société, que sont le communautarisme, l'atteinte à la laïcité et la persistance des inégalités sociales ? [...]
[...] Voilà bien encore une aporie du républicanisme. L'universalisme abstrait qui s'incarne dans un état de droit miraculeusement neutre n'est rien d'autre qu'une religion qui s'oppose à d'autres religions. Il exerce la même fonction de leurre que toute religion. [ ] La république est usée d'avoir servi à de mauvaises causes, et de justifier l'abandon des combats les plus justes et les plus nécessaires. Elle masque trop souvent le vide idéologique de ceux qui ne croient en rien pas même à l'athéisme, pour reprendre la formule de Péguy. [...]
[...] Mais l'analyse de Denis Sieffert est surtout critique : l'idée républicaine telle que définie aujourd'hui est bien incapable de lutter contre les inégalités. Pire encore : au cours de l'Histoire, elle a toujours été et est toujours mise en avant pour occulter les aspirations sociales réelles, les véritables enjeux sociaux. La république est l'alibi et le fossoyeur de la question sociale. Or, cette dernière demeure pour lui, homme de Gauche, l'exigence principale, la préoccupation majeure à laquelle la république doit répondre. [...]
[...] D'autant qu'il n'expose pas de réelle recette pour mettre en adéquation l'idée républicaine aux enjeux contemporains de notre société. Au fond, l'intérêt de cet ouvrage est au moins le suivant : même s'il est difficile d'adhérer pleinement aux analyses et à leur point de vue très orienté, au moins soulève-t-il des interrogations intéressantes, polémiques et très actuelles. Un pavé, même jeté maladroitement dans la mare, a déjà le mérite de faire des vagues. [...]
[...] Sous l'effet de la situation internationale (particulièrement depuis les attentats du 11 septembre), la société française se serait raidie, arc-boutée sur ce principe, par crainte d'une islamisation de la république Il aurait au contraire mieux fallu privilégier une approche plus tolérante à l'égard du religieux, sachant que ce concept de laïcité est considérée, dans le monde arabe par exemple, comme le cheval de Troie de l'occidentalisation, niant la part de tradition, de culturel du fait religieux. Les républicains laïcs seraient donc avant tout des ethnocentristes. Au-delà, l'invocation républicaine est le cri de ralliement d'une société en perte d'identité, en crise, cherchant désespérément dans son passé anticlérical à se forger une unité nationale tout artificielle Et au final, le néolibéralisme est le grand responsable de tous ces maux : ce libéralisme économique a en effet insidieusement infiltré le libéralisme politique et la république en général. [...]
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