Peter Peterson, Secrétaire au Commerce de l'Administration Nixon (1972-73), banquier d'affaires (il est président de Blackstone Group) est le Président du Council of Foreign Relations et un auteur régulier de la revue Foreign Affairs, où il avait notamment été l'un des premiers à attirer l'attention sur les conséquences économiques du vieillissement démographique. Il est aussi, depuis une décennie, un critique inlassable de la propension des administrations successives à gouverner avec des déficits structurels et le recours à l'emprunt. Paru pendant l'été, son dernier ouvrage figure parmi les best-sellers aux Etats-Unis.
Dans cet essai, M. Peterson s'interroge - et interroge des experts - sur la capacité des Etats-Unis à poursuivre durablement le rythme actuel de croissance des dépenses publiques sans perturber gravement les équilibres financiers mondiaux. Il renvoie dos à dos les deux grands partis américains, les Démocrates pour leur inclination à la dépense, les Républicains pour leur propension à toujours baisser les impôts.
Mais en combinant trois baisses de l'impôt et des dépenses non couvertes, l'Administration Bush occupe, dans ce tableau, une place à part : ignorant les préventions traditionnelles des Républicains vis-à-vis du big government, dédaignant le couple « impôt-dépense » cher aux Démocrates, elle a choisi son modèle, le couple « emprunt-dépense ». Moyennant quoi, écrit Peterson, « cette Administration et le Congrès Républicain ont présidé à la détérioration la plus importante et la plus inconséquente des finances dans l'histoire de l'Amérique ». Encore ne s'agit-il que de flux courants, mais qu'on y ajoute les charges futures non comptabilisées- ce que les entreprises sont tenues, depuis la loi Sarbanes-Oxley, de mentionner intégralement à leur passif - et on obtient des montants démesurés : il faudrait inscrire au budget des provisions de l'ordre de 1500 milliards de dollars par an (15 % du PIB).
C'est dans ce contexte qu'est menée la « guerre au terrorisme » - pendant des décennies, comme s'y est engagé le Président Bush. Si les Américains souscrivent à cet objectif et sont prêts à en payer le prix, la question reste ouverte, avertit l'auteur, de savoir quel est ce prix et si l'Amérique est capable de le supporter. La question ne concerne du reste pas la seule Amérique, mais aussi le reste du monde, plutôt, tant la relation de dépendance est étroite.
Ce fil directeur conduit M. Peterson à identifier trois termes de l'équation :
- le coût de la « guerre au terrorisme » dans toutes ses dimensions ;
- la dépendance financière croissante des Etats-Unis vis-à-vis du reste du monde ;
- les conséquences du vieillissement démographique du monde développé.
[...] Koizumi et ancine vice-minsitre des finances. [...]
[...] Peterson recense, en les chiffrant lorsque c'est possible, les différentes actions : mise à niveau des services de protection civile et des services médicaux (respectivement 62 et 36 milliards de dollars sur 5 ans), mesures de sécurité vis-à-vis des conteneurs arrivant dans les ports américains (20 milliards de dollars d'investissement initial), refonte du système d'immigration (coût non estimé). Sans doute la nécessité de ces dépenses sera-t-elle perçue avec plus ou moins d'acuité selon que la menace terroriste se matérialisera, mais quand bien même ce ne serait pas le cas, les dépenses de sécurité intérieure sont appelées à croître- en suivant, regrette l'auteur, la règle habituelle de partage du gâteau en fonction du poids des Etats fédérés bien plus que des besoins réels. [...]
[...] Ce fil directeur conduit M. Peterson à identifier trois termes de l'équation : - le coût de la guerre au terrorisme dans toutes ses dimensions ; - la dépendance financière croissante des Etats-Unis vis-à-vis du reste du monde ; - les conséquences du vieillissement démographique du monde développé War on terrorism : un gouffre financier La rallonge budgétaire de 87 milliards de dollars sollicitée en septembre 2003 par l'Administration Bush pour financer les opérations en Irak a donné la mesure du coût d'une entreprise qui mobilise abondamment les technologies les plus avancées : ainsi le simple entretien des hélicoptères d'attaque Apache déployés en Irak atteint-il 1,3 milliards de dollars par an. [...]
[...] L'auteur prend les devants en formulant un ensemble de propositions de réforme à même d'assainir la situation en relevant le taux d'épargne nationale et en réduisant les déficits publics : abandon de l'indexation sur les salaires des prestations de Sécurité Sociale - au profit d'une indexation sur le taux d'inflation-, abrogation des baisses d'impôt promulguées par l'administration Bush, instauration de formules d'épargne obligatoire, rationalisation des dépenses médicales, relèvement du paiement à l'acte par le patient . Bibliographie Peter Peterson, Running on Empty : How the Democratic and Republican parties are Bankrupting our Future and what Americans can do about it, Farrar Strauss, Giroux, New York Parmi lesquels Paul Volcker, ancien Président de la Réserve Fédérale, Robert Rubin, secrétaire au Trésor du Président Clinton, et Haruhiko Kuroda, conseiller de M. [...]
[...] La pression portera sur la réduction des dépenses de défense - entraînant une réticence accrue à toute participation aux entreprises militaires des Etats-Unis dans le monde - et sur l'accroissement des déficits. Par ailleurs, le taux d'épargne des ménages est appelé à fondre avec le changement du rapport entre retraités et actifs, notamment dans un pays comme le Japon, qui comble le quart du déficit courant américain. Au total, conclut Peterson, si l'équilibre économique mondial parvient à échapper, à court terme, aux corrections et ajustements, l'effet de ciseau démographique opérera, lentement, mais inexorablement. [...]
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