L'actualité politique des années 2000 a montré que de nombreux chefs d'État et politiciens développent encore aujourd'hui un culte de la personnalité. Vladimir Poutine en Russie est un exemple de personnalisation du pouvoir extrême, Silvio Berlusconi en Italie a montré comment la personnalisation peut remplacer le manque de projet politique, tandis que Nicolas Sarkozy s'est présenté en France en 2007 comme le nouvel homme providentiel. La personnalisation du pouvoir, et son extrême, le culte du chef, sont généralement regardés comme un danger pour la démocratie, après l'expérience des régimes totalitaires du XXe siècle. Au regard de l'histoire, le culte de la personnalité est effectivement lié aux régimes autoritaires, voire totalitaires.
[...] En effet, le culte du chef est lié à la notion d'homme providentiel. Les hommes providentiels sont appelés en cas de crise, ils en représentent l'alternative et la population est prête à se fier complètement à aux, avec une confiance considérable. C'est cet appel à l'homme providentiel qui a provoqué les principaux régimes dictatoriaux et totalitaires. L'homme providentiel ayant accédé au pouvoir, il met en place un culte de la personnalité. Ce culte du chef s'est montré un élément nécessaire de la domination des régimes autoritaires. [...]
[...] La représentation de la personne des chefs d'État est alors nécessaire. En effet, le moyen de représenter le plus facilement le pouvoir est de représenter ceux qui l'exercent. C'est par exemple en montrant le Président entouré de ses attributs (drapeau, palais ) qu'on peut comprendre le plus facilement son rôle. Les portraits du Président de la République dans les mairies françaises montrent ainsi qu'il existe bien une personne qui exerce réellement le pouvoir, ce qui rassure les citoyens, qui voient un effet concret de leur vote. [...]
[...] Ce statut lui permettait de lutter contre la résistance à la fois du peuple et de l'Église. Par ailleurs, la figure du Roi nécessitait d'être représentée, prouvant l'existence d'une autorité réelle. Par exemple, les pièces de monnaie comportaient les portraits des rois. Après la Révolution, et jusqu'à aujourd'hui, les pièces ont montré la désincarnation du pouvoir par des symboles républicains. Les révolutionnaires voulurent ainsi transformer le culte du roi en culte de la loi. Kantorowicz était admiré par Goebbels, et ainsi, dans sa théorie du nouveau Christ, on peut voir une annonce du nazisme. [...]
[...] Or, les médias sont un instrument très important pour la personnalisation du pouvoir aujourd'hui. La cérémonie d'intronisation de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP, retransmise à la télévision, se révéla être un véritable show à l'américaine glorifiant un nouveau chef. Les médias semblent retrouver une certaine fonction de propagande aujourd'hui, en pouvant faire basculer la personnalisation du pouvoir vers le culte de la personnalité. Or, ce culte de la personnalité paraît plus dangereux pour la démocratie, risquant d'aveugler la population, consacrant leur intérêt sur une personnalité forte et glorieuse plutôt que sur ses actions réelles. [...]
[...] Cependant, ne peut-on pas voir dans la personnalisation du pouvoir un intérêt pour la démocratie ? Quelles en sont ses limites ? Le culte de la personnalité est principalement associé aux régimes autoritaires et totalitaires. Dans l'Ancien Régime en France, la situation du pouvoir était complexe, puisque les lois fondamentales du Royaume de France de 1420 ont entrepris une dépersonnalisation du pouvoir à travers l'établissement des deux corps du Roi inspirée par la distinction eucharistique. Ainsi le corps mortel est distingué du corps immortel, la dignitas. [...]
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