Gérald Bronner (GB) s'interroge sur le développement d'un type de croyances particulier, les croyances extrêmes, dans nos sociétés modernes disposant d'une technologie avancée et caractérisée par une représentation scientifique du monde. GB propose une première définition de la pensée extrême comme une "adhésion inconditionnelle à un système mental au point de lui subordonner le reste". Trêve de suspense, GB affirme dès l'introduction que ces croyances se maintiennent en raison des limites de la conscience individuelle. Celles-ci sont de trois ordres :
- dimensionnelle (conscience limitée dans le temps et l'espace)
- culturelle (il existe des représentations préalables du monde)
- cognitive (l'individu possède une capacité limitée de traitement de l'information).
Les deux rapports au monde que sont la croyance et la connaissance sont en concurrence selon ces dimensions. GB articule alors sa réflexion autour de trois questions.
[...] Pas besoin donc d'opérer une rupture épistémologique face aux prénotions. B. La compréhension est-elle une forme de complicité ? Non. La question est résolue C. Rationalité et extrémisme GB revient ici sur certaines idées reçues. a. La crédulité Elle n'est pas nécessairement l'expression de la bêtise ou du manque d'éducation. Les extrémistes sont des gens éduqués, et satisfaire aux critères de rationalité : l'énoncé de doctrines cohérentes et la proposition de moyens en adéquation aux fins. b. L'extrémisme et la rationalité cognitive cohérence logique des énoncés) C'est l'extrême cohérence de la pensée extrême qui frappe. [...]
[...] La pensée extrême est caractérisée par des énoncés faiblement transsubjectifs. b. Idées sociopathiques Sociopathiques : charge agonistique de la valeur ou de la croyance. D'où un petit tableau des différentes figures de l'extrémisme : Croyances relativement transsubjectives Croyances peu transsubjectives Croyances peu sociopathiques Pensée ordinaire Collectionneurs extrêmes, fondamentalisme, sectes défendant l'existence des extraterrestres Croyances très sociopathiques Égalitarisme, deep ecology, luttes pour l'indépendance Terrorisme islamique, sionisme messianique II. Comment devient-on extrémiste? 4 types d'adhésion, complémentaires A. Un escalier dont les premières marches sont toutes petites Métaphore aussi employée par Moghaddam1 : "l'escalier du terrorisme" GB développe ici l'idée d'une adhésion par un mécanisme incrémentiel, invisible pour l'observateur extérieur. [...]
[...] "Pourquoi l'esprit des êtres humains est-il ainsi constitué qu'à un certain niveau d'adhésion axiologique il y ait des effets de corruption possible et à d'autres non GB adopte dans une certaine mesure une hypothèse biologique, darwinienne : si la commensurabilité est la condition indispensable à toute vie sociale, une certaine dose d'incommensurabilité est parfois nécessaire. Le problème majeur de la pensée extrême est alors surtout que cette incommensurabilité soit liée à des croyances "qui ne peuvent construire le ciment de la vie sociale". Conclusion : Peut-on faire changer d'avis un extrémiste ? GB rétorque : à quel prix ? La fin justifie-t-elle les moyens ? [...]
[...] (MOGGHADAM Fathali (2002) The individual and society : A cultural reintegration ) C. L'adhésion par frustration GB se réfère à Tocqueville, qui souligne l'importance de la frustration dans les phénomènes de revendication collective. La frustration est une mesure de l'écart entre niveau d'aspiration et niveau de satisfaction réelle. D. L'adhésion par révélation / dévoilement GB développe ici la notion de catalyseur cognitif. Exemple : Festinger, Riecken & Schachter L'échec d'une prophétie 1993 III. Résoudre l'énigme de la pensée extrême : le paradoxe de l'incommensurabilité mentale A. [...]
[...] L'extrémisme n'est pas une éclipse des convictions morales L'hypothèse de l'amoralité des acteurs sociaux ne tient pas. B. La concurrence intraindividuelle C'est ici la notion boudonnienne de systèmes de raisons concurrents qui est développée [cf : le sens des valeurs]. L'individu normal est capable de rétrojugement. C. Présentation du paradoxe de l'incommensurabilité Le paradoxe est celui de l'incommensurabilité entre valeur et intérêt à un certain niveau d'adhésion. (aucun prix, sauf démesurément élevé, ne permet de modifier l'opinion de l'individu) D. [...]
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