Patrick Hassenteufel, Les médecins face à l’Etat, une comparaison européenne

Résumé du document

Interrogation de départ : Les questions auxquelles l'auteur répond dans son ouvrage sont essentiellement les suivantes : Quel est le pouvoir des médecins ? quels sont les rapports entre la profession médicale et l'Etat ? Quelle représentation de la profession ? quelle politique de santé en Europe ? Quel impact sur la profession médicale ?

Terrain choisi : Les principaux pays comparés sont l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. Il y a également quelques références à d'autres pays d'Europe comme la Belgique ou l'Autriche, lorsqu'ils présentent des situations similaires aux trois autres pays choisis par l'auteur pour son étude comparative.

Méthode comparative : L'auteur propose une étude des caractéristiques communes du pouvoir des médecins et du système de santé en Europe occidentale et une comparaison les différences notamment en terme de mode de représentation, des rapports à l'Etat et des réactions qui en découlent.

Extraits

[...] La relation des médecins à l'Etat est donc composée de diverses phases de négociation et de compromis, tandis que la question de l'autonomie ne se résout pas et que la situation de crise économique du système de protection maladie persiste tant en Allemagne, en France qu'en Grande-Bretagne. Le pouvoir d'intervention et l'autonomie professionnelle des médecins ne cessent de diminuer et il en est de même du lobby médical, baisse qui trouve son explication dans la fragmentation de la profession et dans l'inévitable dépendance à l'Etat. [...]

[...] De plus, il étudie le caractère mobilisateur du pouvoir des médecins face à l'Etat qui démontre de façon convaincante les relations entre ces deux acteurs du système de santé. Cependant, il m'apparaît assez difficile de porter un jugement critique sur un domaine aussi spécialisé que celui du pouvoir politique des médecins. Néanmoins, j'espère rendre compte des observations que j'ai pu faire lors de la lecture de l'ouvrage, notamment en ce qui concerne l'aspect de l'autonomie, que j'ai choisi de suivre avec une attention particulière. [...]

[...] L'auteur consacre un quatrième chapitre au développement de la représentation des médecins et les obstacles qui la fragilisent. Il met l'accent notamment sur le rôle du domaine politique dans la crise que traverse le milieu médical en terme de pouvoir. Enfin, dans un dernier temps de l'ouvrage, la réflexion porte sur la crise du système de protection que connaît l'Europe et qui s'ajoute aux difficultés énoncées précédemment pour la profession médicale. Commentaire problématisé sur un aspect seulement du travail de l'auteur Dans quelle mesure le postulat de l'autonomie de la profession médicale dans l'exercice des soins pourra-t-il s'observer face au rôle de l'Etat dans le système de santé ? [...]

[...] Néanmoins, on peut également dire que la place des médecins dans ce système est une preuve de leur capacité d'intervention en tant que groupe de pression. L'autonomie est également un sujet présent dans les divisions qui naissent entre les différents groupes de représentation. Des clivages de type généralistes vs spécialistes se fondent sur la défense des intérêts matériels de chaque segment et de leur autonomie. A partir des années 1960, on assiste en Europe à une crise de la représentation qui est liée essentiellement au rejet des formes établies de l'organisation collective et au recours à l'action directe et à l'action symbolique. [...]

[...] En conséquence des nouvelles orientations politiques centrées sur la maîtrise des dépenses de santé, le contexte des médecins face à l'Etat va changer. L'opposition syndicale revendique, une fois de plus, l'autonomie touchée cette fois par les mesures de limitations des dépenses (par exemple, l'imposition de normes thérapeutiques considérées comme étant contraires à la priorité de qualité des soins). La question du contrôle de l'activité des médecins réapparaît donc à la fin des années 1980 et la mobilisation médicale empêche l'Etat d'imposer une politique de maîtrise des dépenses. [...]