Patrice Canivez : Éduquer le citoyen ?

Résumé du document

L'auteur cherche à donner un sens à l'action d'éducation à la citoyenneté et non pas un programme d'action. La citoyenneté définit l'appartenance à un État et donne à l'individu un statut juridique auquel sont attachés des droits et des devoirs. Elle pose la question du mode d'insertion de l'individu dans la communauté et de son rapport avec le pouvoir politique. L'opposition de l'État et de la société est utilisée pour valoriser la spontanéité et la liberté de la vie sociale par rapport aux pouvoirs administratifs et bureaucratique de l'État. L'État peut organiser la société selon 2 conceptions : il est soit un appareil au service des classes dominantes (marxisme) soit un instrument de régulation du social garantissant la propriété et la concurrence (libéralisme). Dans les 2 cas, la société n'est considérée comme libre que lorsqu'il n'y a pas d'État : ce dernier est alors un mal provisoire nécessaire à une future liberté. Lorsque l'on définit l'État par opposition à la société, la notion de citoyenneté s'appauvrit et les droits et devoirs du citoyen sont remplacés par ceux du travailleur.

Extraits

[...] L'institution scolaire et l'action Le rôle de l'école n'est pas d'initier à la vie politique ni d'orienter les préférences des citoyens mais de leur donner le goût de la culture et de la discussion qui leur permettra de comprendre les problèmes, les politiques envisagées et d'en débattre. Elle doit aussi leur permettre de refuser, sur la base de critères raisonnable, toute politique arbitraire et violente. [...]

[...] Dans les démocraties, la participation des citoyens aux affaires publiques est un leurre. Le peuple n'agit pas, il est représenté. Arendt, préfère la république où chaque citoyen peut participer à la "chose publique", faire l'expérience d'une existence pour les citoyens et les partis. Le citoyen ordinaire n'a presque aucune marge d'initiative et de décision. Une fois qu'il a donné sa voix, il peut retourner à ses affaires privées. Les partis ne sont justifiés que parce qu'il faut sélectionner les plus aptes à gouverner. [...]

[...] Patrice Canivez : Éduquer le citoyen ? L'auteur cherche à donner un sens à l'action d'éducation à la citoyenneté et non pas un programme d'action. La citoyenneté Elle définit l'appartenance à un État et donne à l'individu un statut juridique auquel sont attachés des droits et des devoirs. Elle pose la question du mode d'insertion de l'individu dans la communauté et de son rapport avec le pouvoir politique. L'opposition de l'État et de la société Cette opposition est utilisée pour valoriser la spontanéité et la liberté de la vie sociale par rapport aux pouvoirs administratifs et bureaucratiques de l'État. [...]

[...] Cette loi est supérieure à toutes les autres. Un État constitutionnel est un État de droit, chacun étant égal à tous les autres devant la loi. Le 1er principe d'éducation à la citoyenneté est d'éduquer au respect de la loi, à son obéissance librement consentie. Il y a 2 manières de fonder sa légitimité : soit de manière consumériste (l'obéissance a pour contrepartie les services rendus, il s'agit alors d'un contrat social tel que le définissait Rousseau, passé avec un État prestataire de service), soit on considère que l'État garantit les droits individuels, l'individu fait alors ses devoirs afin de garantir à tout individu les mêmes droits qui deviennent alors universels et la liberté est alors vue comme une solidarité. [...]

[...] Toutefois ces valeurs et principes inculqués aux enfants par les adultes sont-ils universels et légitimes ? La théorie de Protagoras et la notion aristotélicienne d'habitus Cette théorie part du principe que c'est par la pratique et sous l'influence de sa famille, de l'école et de l'État, que l'on apprend la justice et l'aidôs (terme qui désigne toutes les formes d'égard que l'on peut avoir pour autrui en tenant compte de ce qui lui est dû). L'État est donc fondamentalement éducateur, car il cherche à ce que ces lois soient des habitus pour les citoyens. [...]