L'auteur de ce livre, Guy Hermet, est chercheur à la Fondation nationale des sciences politiques. Spécialiste de la politique comparée, Guy Hermet a consacré de nombreux ouvrages à l'étude de l'Espagne et s'est intéressé plus récemment au populisme (Les populismes dans le monde paru en 2000). Il a également beaucoup écrit sur le développement de la démocratie et sur les transitions démocratiques, thème central de cet ouvrage. Le livre d'Hermet explique de manière concise les déterminants et la réalisation des régimes démocratiques. Présenté en six chapitres succincts, détaillés chacun en trois ou quatre points précis, le livre vise à clarifier l'idée commune de «démocratie». Après avoir défini explicitement quelques termes essentiels à la compréhension du sujet, l'auteur relate l'histoire des démocraties, de leurs origines aux démocratisations plus tardives de l'après-communisme, en s'appuyant sur de nombreux exemples. Il distingue trois phases successives, appelées «vagues de démocratisation» que nous détaillerons par la suite. Enfin, dans les trois derniers chapitres, Guy Hermet propose quelques réflexions, relatives à l'idée de démocratie. Il tente tout d'abord d'exposer concrètement le mécanisme complexe de mise en place d'une démocratie avant de réfléchir à l'enracinement et à l'exportation de celle-ci. En dernier lieu, l'auteur s'interroge sur le statut de citoyen et sur l'émergence de ce concept.
[...] Précision des concepts dont il est question : la définition d'une démocratie Dès le début, Guy Hermet fait état de la dilution du sens du terme «démocratisation» dans nos sociétés. Le terme désigne à présent ce qui est «bon et souhaitable» de façon simpliste. Théoriquement, la démocratisation s'applique à la construction ou l'établissement d'un régime de liberté. L'enracinement et l'authenticité de ce dernier sont les critères de jugement d'une démocratie. En outre, les droits de l'homme et la souveraineté populaire doivent être érigés en principes inconditionnels. [...]
[...] Toutefois, l'auteur précise que démocratie ne possède pas la faculté de déclencher le prodige de développement» (p.28). Elle ne constitue donc pas un moteur infaillible au procédé de développement, ce qui peut laisser place à de nombreux espoirs déçus. Le risque est alors de provoquer des frustrations qui se retourneraient contre l'idée même de démocratie Des démocraties fondatrices aux plus récentes : le moteur des démocratisations Au travers d'une deuxième partie historique, Guy Hermet distingue les démocraties fondatrices de celles qualifiées de «tardives». [...]
[...] Son livre constitue une base solide pour le début d'une réflexion autour de la démocratie mais il manque néanmoins d'unité. D'autre part, sa critique de la démocratie est quasi-inexistante. Il aurait été intéressant, en tant que spécialiste, que Guy Hermet se livre à une analyse sur les limites de la démocratie après en avoir exposé tous les aspects techniques et théoriques. Si beaucoup de régimes se disent aujourd'hui démocratiques, il semble pertinent de signaler l'existence importante de corruption dans certains pays dits «démocratiques» (Cf. Italie), en contradiction avec les fondements du régime. [...]
[...] Ainsi, toutes les démocraties connaissent des limites. Amartya Sen dans son livre, La démocratie des autres, se montre beaucoup plus critique vis-à-vis de l'idée de démocratie et de ses origines pré-établies. On peut opposer sa réflexion à celle d'Hermet qui attribue clairement l'origine de la démocratie à l'Occident. Sen, quant à lui, affirme que la démocratie n'est pas plus européenne qu'asiatique ou africaine, sociétés dans lesquelles il voit des prémisses de démocratie bien avant celles que nous connaissons. Cette brève comparaison permet de constater que les discours ne sont pas univoques concernant la démocratie. [...]
[...] En outre, il établit deux modalités absolues à la démocratie pour épargner, ce que Hermet nomme la «fatalité anti-démocratique» (p.93). La démocratie ne reconnaît pas de pouvoir divin puisqu'elle consacre la souveraineté du peuple et elle accorde tout son crédit à l'individualisme (libertés individuelles en matière de langue, de religion, d'origines La référence à la loi est par ailleurs primordiale. Rendre universel la démocratisation prend du temps et dépend de la volonté de hommes. Platon, en affirmant que tyrannie se cache derrière la démocratie», fustige le principe démocratique de règne de la majorité. [...]
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