Les partis politiques est un livre de Michel Offerlé qui entend donner une définition à la fois globale et précise de ce qu'est sociologiquement parlant un parti politique. Mais tout d'abord, avant d'aller plus avant dans la présentation de l'ouvrage, présentons brièvement son auteur. Michel Offerlé est tout bonnement un des plus éminents spécialistes en sciences politiques actuels. Docteur d'État en Sciences politiques, il a enseigné à l'Institut d'Études Politiques de Paris et est maintenant professeur à l'Université de Paris I. Il est également, entre autres, vice-président de l'Association Française de Sciences Politiques, membre du Centre de Recherches Politiques de la Sorbonne, et du laboratoire de sciences sociales de l'ENS. Michel Offerlé a publié de nombreux ouvrages et publications de sociologie politique, dont Les partis politiques, dont la première édition remonte à 1987, Un homme, une voix ? Histoire du suffrage universel (1993), La profession politique XIX-XXe siècles (1999), et Sociologie de la vie politique française (2004).
Dans ce livre Michel Offerlé explique au lecteur qu'il n'existe pas une seule et unique définition de l'organisation partisane, dans la mesure où différents enjeux, qu'ils soient d'ordres historique, conceptuel, méthodologique, ou encore propres au champ politique et aux querelles partisanes, exigent une approche des plus globalisantes. C'est pourquoi, en tenant compte des réflexions les plus récentes, cet ouvrage s'attache à repenser le parti politique au sein de l'espace social, afin de démontrer qu'il est un construit, à la fois matrice et résultante de nombreuses interactions sociales.
[...] Si les hommes politiques qui appartiennent à un parti participent à sa vie, la relation est à double sens. Les dirigeants d'un parti, ses élus, tout comme le sympathisant lambda, sont obligés de définir leurs comportements et leur discours en fonction de la structure partisane. C'est ce que démontre avec succès ce livre, en affirmant que les partis politiques sont des microsociétés à part entière, où les interactions multiples, les luttes d'influence, les jeux de communication sont autant d'instances de socialisation. [...]
[...] Dans Exit, voice, loyalty, Hirschmann parle pour le militant d'un état de loyauté loyalty qui lui fait accepter même les changements de ligne directrice du parti (p. 77-78). Mais en augmentant les ressources cognitives des personnes sur la politique en général, les discours des partis peuvent être à leur tour critiqués, disséqués, questionnés, remis en question par l'opinion publique. Le fait est que les acteurs sociaux sont beaucoup plus critiques qu'auparavant (p. 123). Un des facteurs est certainement une meilleure éducation politique. [...]
[...] pour constituer en fin de compte ce qu'il appelle des interrelations sociales (p. 108). Une telle sociologie des partis nous amène obligatoirement à nous demander si une organisation partisane représente bien tel groupe ou incarne bien telle famille politique. Or, pour Michel Offerlé, la représentativité sociale d'un parti ou la figuration d'une famille (gaulliste ou autre) n'est que le résultat toujours précaire d'un travail de construction qui a permis aux entrepreneurs de faire croire tout à la fois en l'existence d'un parti comme un tout et du groupe auquel il se réfère et donne donc à les faire exister. [...]
[...] Ils ont en cela une fonction d'éducation politique de la population. Malgré une volatilité électorale croissante, il n'est pas rare qu'un lien privilégié unisse un parti à ses sympathisants. Si ce lien est assurément en partie d'ordre affectif, il ne faut également pas oublier ces biens discursifs, marques, sigles, emblèmes, rituels (p. qui forment ce que Michel Offerlé appelle les ressources collectives, distinctes selon le type de parti. En fait, les partis politiques éduquent le citoyen en ce qu'ils l'obligent à choisir entre différentes grilles d'analyse et de traitement de la situation politique. [...]
[...] E n bref, le problème que pose dans ce livre Michel Offerlé est bel et bien celui de la fonction de chaque parti politique. Car, en quelque sorte, tenter de définir un parti politique, c'est également essayer de caractériser sa fonction en tant qu'acteur à part entière dans le champ sociopolitique. Comme la rappelle fort justement l'auteur, la plupart des analyses actuelles pronostiquent un relâchement du lien unissant les partis politiques à la société civile. Peter Mair et Richard Katz parlent ainsi de la tendance des partis politiques à devenir des sortes d'agences d'État semi-publiques, constat qui a pour cause, entre autres, le financement des partis politiques par l'État. [...]
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