Le professeur de littérature comparée Edward Saïd s'est livré, dans son œuvre principale, L'Orientalisme, à une déconstruction de la perception de l'Orient par l'Occident. Pour lui, les études orientales s'appuient sur un système de valeurs qui constitue l'"orientalisme", un courant de pensée qui a légitimé d'un point de vue culturel l'impérialisme colonial européen. L'enfermement de l'Orient dans une série de stéréotypes montre que les identités sont des constructions sociales forgées par l'intelligentsia des puissances dominantes et fait surgir l'urgence d'une émancipation par rapport à cette idéologie ambiante.
[...] L'Orientalisme, d'Edward W. Saïd "Moi, j'ai déjà perdu, royaume à royaume, et province à province, la plus belle moitié de l'univers, et bientôt je ne vais plus savoir où réfugier mes rêves; mais c'est l'Égypte que je regrette le plus d'avoir chassée de mon imagination, pour la loger tristement dans mes souvenirs!" : Gérard de Nerval Introduction : Le professeur de littérature comparée Edward Saïd s'est livré, dans son œuvre principale, L'Orientalisme, à une déconstruction de la perception de l'Orient par l'Occident. [...]
[...] L'Oriental est réduit à une essence platonicienne, c'est-à-dire générale et valable partout et toujours : l'Arabe est ainsi pour l'aristocrate anglais Lord Cromer crédule, dénué d'énergie, servile et ne peut marcher sur le trottoir car il a l'esprit désordonné Le crime de l'Oriental est donc d'être oriental, à savoir différent de l'Occidental rationnel. Plus tard, H. Kissinger a dit qu'il est plus facile pour les Américains de traiter avec les pays industrialisés qu'avec le Tiers-monde car ce dernier n'a pas connu la révolution newtonienne donc on y considère encore le monde réel comme intérieur à l'observateur. Toutefois, l'Orientalisme connaît une grave crise durant la seconde moitié du 20ème siècle. Tout à coup, en 1955, à la conférence de Bandoung, l'Orient croit avoir gagné son indépendance par rapport à l'URSS et aux Etats-Unis. [...]
[...] Orientaliser l'Orient : un projet de représentation néfaste Le savoir ne peut qu'être influencé par le contexte historique et les circonstances de la vie. Par exemple, un auteur anglais étudiant l'Egypte au début du vingtième siècle est plus ou moins conscient d'être membre d'une société dominante, ce qui laisse des traces dans ses écrits. E. Saïd procède à une violente attaque contre les savants orientalistes "bardés d'inébranlables maximes abstraites", dont ils ne pensaient qu'à prouver la validité par des formules générales et pompeuses mais vides de sens. [...]
[...] Cet exemple commenté par E. Saïd est caractéristique de l'orientalisme, qui consiste à la fois en une discipline universitaire, une distinction ontologique entre Orient et Occident que les philosophes, romanciers, politologues et administrateurs d'Empires coloniaux ont propagée, et une institution globale qui traite de l'Orient avec un style particulier de domination. Dans ce chef -d'œuvre, L'Orientalisme publié d'abord aux Etats-Unis en 1978 puis traduit en 26 langues, il démolit méthodiquement les fondements des sciences orientales modernes, déformées selon lui par le prisme du colonialisme. [...]
[...] Comme l'écrit Tzvetan Todorov en préface, on peint le portrait de l'autre en projetant sur lui nos propres faiblesses ; il nous est à la fois semblable et inférieur. Ce qu'on lui a refusé, c'est d'être différent L'Orientalisme repose sur l'extériorité, c'est-à-dire que c'est l'occidental qui traite d'un sujet oriental. Eschyle représentait déjà dans sa pièce Les Perses les Orientaux en des figures familières. Or, la modernité n'a fait que renforcer les stéréotypes concernant l'Orient car la technologie a diffusé les mythes relatifs à cette région à grande échelle. [...]
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