Alors que les débats autour de l'intervention américaine en Irak ne fléchissent pas, que le fondamentalisme musulman attise les craintes les plus diverses et que le Moyen Orient est le terrain d'affrontements quotidiens, Olivier Roy entend décrypter les logiques propres aux conflits qui animent cette partie du monde trop souvent mal connue. Ce directeur de recherche au CNRS, chercheur associé au CERI et spécialiste de l'islam politique a totalement investit la scène médiatique (...)
[...] Roy revient notamment sur l'opportunisme politique dont ont fait preuve les mouvements de libération en s'emparant d'idéologies comme le marxisme, et plus tard l'islamisme, ( ) dans une perspective nationaliste, étatique et territoriale (p88). L'éclairage est fort intéressant. Une critique de la vision du Moyen-Orient ne serait pas complète sans l'analyse du lien qui uni Washington à Israël. Ainsi Roy réaffirme que la sécurité d'Israël est l'une des priorités de la politique étrangère américaine, [priorité qui entre parfois en conflit, avec d'autres éléments de la politique moyen-orientale de Washington, telle que l'alliance privilégiée avec plusieurs pays arabes (l'Arabie Saoudite notamment)]. [...]
[...] Accusé d'avoir un peu précocement annoncé le déclin de l'islamisme, Olivier Roy n'a cessé de rebondir sur les évènements, avec une méthode, toujours la même : prendre à contre-pied les idées reçues sur le monde musulman et remettre les faits en perspectives. Dans Le Croissant et le Chaos, il propose ainsi de restituer les conflits du Moyen-Orient dans leur logiques propres (p14). A contre-pied des tenants du clash des civilisations, d'une 4ème guerre mondiale et autres illusions d'optiques Roy signe ici un essai des plus enflammé contre la politique étrangère américaine et ses implications dans la lecture des conflits du Moyen-Orient. [...]
[...] The Brooking Review, été 2002). D'une manière générale, l'unilatéralisme, la nouvelle doctrine préemptive et l'obsession irakienne ont nourris la guerre globale contre le terrorisme Selon Roy, cette vision globale que se sont forgée les néoconservateurs américains est la première cause de l'échec de l'administration Bush. A l'encontre des tenants d'une analyse anti- impérialiste qui voit la politique américaine déterminée essentiellement à Téhéran, ou bien déterminée par des intérêts pétroliers Roy soutient que la stratégie américaine est la cause de sa propre perte. [...]
[...] Enfin à propos de la stratégie à adopter, Roy explique qu'il est nécessaire de favoriser le dialogue. Intégrer plutôt qu'éradiquer, car le discours de l'intransigeance morale aboutit à l'impuissance (p71). On ne sait quoi penser de cette remarque, tant le contexte semble avoir été tronqué : pas un mot sur la situation économique catastrophique en Iran, ni sur la question énergétique, rien à propos de la stratégie russe dans la région. L'Iran est désigné comme la clé de l'évolution du Moyen-Orient aujourd'hui, problème : il semble difficile de trouver une interprétation convaincante de cette montée en puissance sur la scène internationale (notamment en ce qui concerne les possibles jeux d'alliances). [...]
[...] Selon Roy, c'est cette idéologie du développement qui est centrale. La philosophie libérale, constitutive de la pensée politique américaine et sur laquelle repose les programmes de démocratisation, s'est diffusée à grande échelle, notamment par le biais des Organisations internationales. L'idée est bien que l'on peut construire une démocratie en kit à partir de zéro : une fois débarrassé de toute idéologie, l' autre est une pâte que l'on peut remodeler (p47). La formule est provocatrice, mais l'idée est là : dénoncer l'ingénierie sociale promue par les USA qui est perçue comme une menace aux valeurs et à l'identité des populations. [...]
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